Chapitre 34 : Si seulement

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Mercredi 10 mars 1996 -

Village Ecosse 
Si Seulement. Ah ! les regrets. Un sentiment de la vie des plus communs même chez l'être le plus fort au monde. Ces deux petits mots « si seulement » tellement de fois prononcés. Tellement de fois dits dans un large soupir mêlé à un chagrin. Tellement de fois cette phrase aurait pu être évitée par des gestes réfléchis et non par de l'impulsivité. Une expression que connaissaient Edward Dawson et sa femme depuis de longues années, mais qui prendrait encore plus de sens en ce dimanche 10 mars 1996.


En ce jour, le printemps allait bientôt arriver, signe d'un renouveau, voir d'une renaissance pour certains. À chaque nouvelle saison, il y avait toujours ce petit quelque chose en plus. L'été, bien entendu, c'était le soleil et sa chaleur en compagnie des éclairs mais aussi la brillance dans la mer et l'herbe chaude sur le corps de jeunes s'amusant. La saison des vacances. L'automne, un nouveau cycle de feuilles tombant car trop faibles pour résister au froid permettant au plus fort de résister. Egalement accompagné de ces couleurs si belles et pures, la saison d'Halloween. L'hiver, l'antonyme de l'été, avec un froid glacial et par moments de la neige et de la grêle. La saison des réveillons.


Mais le printemps dans tout cela qu'apporte t-il hormis l'éclosion des fleurs ? N'était-ce pas une saison neutre ou le beau temps et le mauvais climat venaient s'entremêler chaque jour durant ? N'était-il pas juste la raison d'une trêve entre le mal et le bien qui se rassemblent une dernière fois pour ne former qu'un, comme le soleil et la pluie, pour finir en harmonie comme avec un arc-en-ciel ?


Malheureusement pour nos protagonistes cette trêve n'avait pas eu pas lieu, seul un premier sacrifice dans cette histoire où personne n'était à l'abri de la Faucheuse. Malgré l'arrivée imminente du printemp,s il n'y avait pas de renaissance ou de nouveautés. Seul un meurtre d'où le sang coulait encore sur une des premières apparitions de fleurs voulant montrer au monde sa beauté. Mais si cette fleur avait su, elle serait restée bien au chaud sous la terre. Alors que dehors elle venait d'assister à quelque chose d'affreux. Etait-ce donc ça le monde d'aujourd'hui ? Chagrin et mort ?


D'autres fleurs viendraient s'ouvrir à ce monde avec plus d'entrain et de joie, montrant de l'espoir en suivant le rythme du vent. Toutefois cette petite fleur quant à elle mourrait petit à petit tout en étant encore vivante à l'extérieur. Le sang chaud en elle à jamais qui continuait de couler près d'elle ou des yeux désormais vides de vie se trouvant à sa droite. Une brise d'air lui permit néanmoins de voir qu'en effet d'autres fleurs écloraient dans toutes leurs splendeurs. De ce fait cette petite fleur voulait y croire, croire que le monde n'était pas aussi noir que cela. Croire que le bien triompherait et que d'autres êtres vivants pourraient alors être heureux, même s'il a fallu qu'elle se sacrifie.


Edward Dawson était devant la petite maison de l'amour de sa vie. C'était un fait, il devait l'appeler comme ça. Il l'avait toujours aimée. Ce grand-père se souvenait toujours de l'été 1953 où il lui avait fait cette promesse. Cette promesse de ne jamais la quitter. Promesse rompue. La promesse qu'ils seraient toujours ensemble quoi qu'il arrive. Promesse rompue. La seule promesse qu'il avait tenue était que son amour perdurerait jusqu'à la mort. Malheureusement aujourd'hui était arrivée l'heure de la mort de cette femme. Femme qui avait été si brave et qui avait juste fait l'erreur de l'aimer lors de leur scolarité à Poudlard. Elle avait fait l'erreur d'être amoureuse d'un monstre ayant soif de pouvoir. Amoureuse d'un lâche préférant l'ambition à sa famille, et en ce jour elle devait payer autant pour la bêtise de l'avoir aimé que pour la stupidité qu'avait faite Edward. Cette femme si brave, se battant pour les personnes qu'elle aimait, et qui devait à présent faire son dernier combat : celui contre la mort.


La mort, une chose bien funeste. Parfois la vie est comme ça. Elle est joueuse. Elle emporte des êtres qu'on aime, par un coup du sort, par un accident ridicule ou par vieillesse. Ou bien encore par un monstre à la tête d'un serpent voulant diriger le monde. Mais la vie aime nous prendre ceux qu'on aime pour qu'on montre notre force ou notre faiblesse. Ce n'est pas anodin si nombre d'histoires en parlent, c'est quelque chose de fascinant la mort. Chacun se demandant pourquoi le destin fait cela, ou bien s'il y a quelque chose après cette fameuse mort. Chacun ayant ses opinions.


Mais aujourd'hui Edward ne pensait qu'à une chose : la mort qui attendait celle qu'il aimait. La mort est quelque chose d'affreux, mais la provoquer détruit une partie de votre âme. Quant aux survivant, aux proches, ils commenceront leur premier deuil, puis bien des mois après leur deuxième, celui d'une sœur. Toutefois, le temps est là, là pour faire oublier petit à petit cette souffrance de la perte d'un être cher.


Du moins, c'était ce qu'espérait Edward. Il savait que Lucy ne lui pardonnerait jamais. Cependant, les souvenirs qui s'effaçaient petit à petit et la tristesse qui diminuait un peu plus chaque jour lui permettrait peut-être de lui pardonner. Du moins c'était ce qu'il espérait. Cependant, plus il réfléchissait à cela et plus il se demandait comment lui réussirait à se pardonner d'avoir tué Luinil Dawson ?


Vient alors un autre mot, le sacrifice. Terme que comprendra Luinil ce jour, et une des sœurs Beckett bien des mois après. Le sacrifice. Un geste qui se veut pur. Les raisons peuvent être tellement diverses. Cependant la majorité des sacrifices sont toujours ou presque là pour sauver quelqu'un qu'on aime. Un dernier sacrifice pour un dernier espoir de bonheur, pour sauver quelqu'un de son sang. Mais le plus important pour contrer une malédiction, une prophétie. Toutefois, tout cela sera-t-il suffisant ?


***

Si seulement Edward était resté avec sa famille, rien de tout cela ne se serait passé. Oui, il aurait vécu heureux avec sa femme. Ou bien alors il aurait été mort depuis des années par la main d'un mangemort pour avoir refusé de les rejoindre. Dans tous les cas, il ne serait pas là devant la porte en ayant reçu l'ordre de la tuer. Non, il n'aurait pas été non plus le manipulateur vil qu'il était devenu envers sa petite-fille. Il n'aurait pas été l'instrument pour attirer Lucy vers le mal.
Toutefois, Edward ne regrettait pas une chose : la magie noire. Cette puissance de pouvoir faire ce qu'il voulait. Il en payait le prix bien entendu, mais il se sentait invincible et fort. Mais voilà, le prix était des morceaux de son âme perdus à jamais et la souffrance au fond de lui lorsqu'il voyait sa famille de loin. Luinil si près mais si haineuse à son égard. Sa fille qui avait refusé de le voir le mois dernier. Lucy qui était de plus en plus distante envers lui.

Néanmoins, tout cela ne serait rien comparé à la tristesse qu'il allait l'envahir lorsqu'il devrait prononcer ces mots interdits pour tuer sa femme. Certaines personnes pensaient qu'on avait toujours le choix. Cependant, là Edward ne voyait pas quel autre choix se présentait à lui. S'il ne la tuait pas, sa fille mourrait. S'il ne la tuait pas, ses petites-filles mourraient également. S'il ne la tuait pas, il mourrait tout autant dans d'affreuses souffrances. Alors qu'était une mort pour en épargner bien d'autres ? De plus, il devait prouver sa loyauté. Bellatrix Lestrange le suivait à la trace. Ainsi, s'il ne la tuait pas, Bellatrix ou un autre mangemort le ferait et pas de manière aussi rapide que lui.

La raison de ce meurtre ? C'était que l'un des mangemorts pensait fortement que Luinil avait la clé pour contrer la prophétie, et ainsi empêcher la jeune Beckett de rejoindre Voldemort. Ce qui attristait également Edward, c'était que son maître n'en avait rien à faire en soi de Lucy ou bien même de lui. La seule chose qu'il voulait était d'avoir des loups-garous dans ses sbires pour pouvoir en convaincre d'autres. Rien de plus. Lucy avait de plus un don qui lui permettait de se changer en loup dès que cela lui plaisait, une forme de mi-animagus mi loup-garou. Néanmoins, hormis un caractère bien trempé, elle n'avait pas plus de pouvoirs qu'un autre sorcier. Certes, la lune lui permettait d'avoir plus de force dans ses sorts et sa transformation, mais malheureusement la lune n'était présente que la nuit. La journée, elle restait une sorcière de talent tout à fait normal.

***

Si seulement la famille Dawson avait communiqué comme toute famille banale, rien de tout ceci ne se serait passé. Ils auraient pu trouver une solution à chacun de leurs problèmes, voire fuir ensemble dans un autre pays, essayer de trouver des accords. Quand bien même tout ceci n'aurait pas marché, ils auraient pu se soutenir dans chaque épreuve.

Mais ce n'était pas le cas, et Luinil cuisinait comme si de rien était dans sa cuisine, tout en réfléchissant à ce qu'elle allait répondre à la lettre de Severus Rogue. En effet, une petite réunion eut lieu pendant les vacances de Noël entre elle, Severus, Lupin ainsi que le mari de sa fille, Aaron Beckett. Mais aussi le plus grand sorcier de tous les temps Albus Dumbledore. Une réunion loin d'être anodine qui concernait la prophétie de cette famille, mais aussi la préparation de l'arrestation, ou dans le pire des cas du meurtre d'Edward qui était le principal outil de ce drame familial.

Luinil ne voulait pas le voir mourir, mais c'était la seule chose à faire pour protéger sa famille. Tuer celui qu'elle avait longtemps appelé son mari. Les membres de cette réunion étaient tous d'accord sur le fait qu'il fallait le stopper au plus vite. Severus car il tenait tout de même à Lucy et que, Luinil étant sa marraine, il devait le faire par devoir. Remus Lupin, car Lucy comptait pour lui, et qu'il s'était promis de tout faire pour la protéger d'elle-même ou bien les autres concernant son don. Aaron Beckett, tout simplement car c'était sa fille : même moldu il n'avait pas peur de s'en prendre à un mangemort. Albus Dumbledore, car hormis son affection pour la jeune Beckett, il ne voulait pas que Tom Jedusor rassemble les loups-garous auprès de lui.

Severus Rogue fut alors chargé d'essayer en premier lieu de l'arrêter dès que l'occasion se présentait. Pour protéger tout de même son double jeu il utilisa du polynectar, avec un cheveu d'un autre mangemort . Toutefois ce fut un échec, Edward se défendit avec rage, une bête enragée selon les termes de Rogue dans sa lettre, en compagnie de deux autres mangemorts qui apparurent peu de temps après, forçant Rogue à s'enfuir. Il informa également Luinil de la disparition d'Edward suite à cela depuis plus de deux semaines à présent. Mais aussi qu'entre deux sorts Edward lui avait chuchoté qu'il protégerait Lucy jusqu'à la fin même si elle devait rejoindre le mal. Si tel était le destin de Lucy, il fallait l'accepter.

" L'amour laisse quelquefois de si longs regrets que le monde, touché de pitié, le relève de ses fautes, et lui crée de ces remords mêmes une sorte de considération nouvelle. User mal sa vie, c'est un regret qui tourmente sans trêve, et ce regret gronde sourdement "

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The Hogwarts ' MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant