Recueil d'One-Shot

Twitter a changé ma vie

Ils sont nombreux à le dire, nombreux à le penser. Ils sont pourtant peu à parler en connaissance de cause. Savez-vous donc ce que c'est, d'aimer quelqu'un ? Pas simplement de trouver son physique attirant, dans vos goûts. Etre enthousiasmé par sa personnalité, par ce qu'il dégage, ce qu'il montre de lui. Sourire à chacune de ses photos, rougir à chaque mot prononcé et jalouser maladivement tous ceux qui ont le bonheur de pouvoir l'approcher. C'est ceci que ressent Bill Kaulitz, cet adolescent chétif qui se maquille et qui porte des tenues beaucoup trop serrées pour convenir à la foule. Sauf que le garçon a un problème.

Ce qu'il ressent, cet amour qu'il porte en lui, n'est connu de personne et certainement pas du principal intéressé. Il n'a pas honte de l'aimer, bien au contraire. Il est très heureux de le voir à travers ses rêves, parce qu'il n'y a que là qu'il puisse l'approcher. Bill est tombé amoureux de Tom Brükner, célèbre acteur allemand que l'on croise dans les meilleurs films de sa génération.

Il sait qu'il ne pourra jamais le voir, jamais lui dire tout ce qu'il peut ressentir. Alors il l'écrit dans des textes qu'il publie anonymement sur un compte Twitter. Il poste chaque jour en associant à ses mots les plus belles photos de Tom. Bill tient à ce compte comme à la prunelle de ses yeux. Il y raconte sa vie de fan et d'amoureux transi qui vit dans l'ignorance totale de son idole. Et il n'est visiblement pas le seul dans cette situation, car il n'est pas rare que ses abonnés se confient en disant qu'ils ressentent la même chose. Il n'y a rien de pire qui puisse l'agacer.

Tom est sien. Personne d'autre ne peut lui porter autant d'amour que ce qu'il en porte. Il jalouse maladivement tous les autres fans qui sont toutefois principalement de sexe féminin. Et Bill fait bien transparaitre dans ses textes qu'il est un homme. Un gay qui s'assume. Cela semble d'ailleurs plaire au grand public puisque le garçon réunit désormais pas moins de trente mille abonnés sur son compte. Il se réjouie d'être aussi populaire, pensant que Tom pourrait peut-être remarquer son compte, un jour. Il republie tout ce qu'il poste, lui envoie des messages chaque jours, participe dès qu'il s'agit de lui faire gagner un prix par internet grâce à des votes. Et chaque jour il rêve que Tom s'abonne à son compte et vienne lui parler.

L'abonnement est possible, Bill le sait. Son idole effectue assez souvent des « follow spree » et s'abonne à une dizaine de comptes de ses fans. Le petit brun espère toujours être le prochain. Alors, quand ceci arrive au milieu de la nuit, le garçon se lève et danse dans toute la pièce, essayant de ne pas faire de bruit. Il ne voudrait pas réveiller son frère, qui viendrait alors lui crier dessus. C'est toujours comme ça, de toute façon, quand Bill se retrouve seul à l'appartement avec son frère : il se fait disputer pour un rien.

Sautant dans tous les recoins de sa chambre, il se dépêche de faire une capture d'écran de son téléphone portable afin de l'afficher sur son mur de publication et d'envoyer un message de remerciement à Tom. Il sait qu'il n'aura pas de réponse et pourtant ... Ses abonnés aiment et republient la capture ainsi que son message. Rapidement, le post atteint près de mille retweets, ce qui lui permet alors d'être vu par un nombre plus imposant de personne. Et l'impensable se produit alors : Tom lui répond. Simplement un smiley, celui qui fait un clin d'œil, ainsi qu'une simple ligne « Si ce simple geste te fais autant plaisir, alors je suis ravi aussi. »

Bill est aux anges. Il n'en croit pas ses yeux. Son nombre d'abonnés augmente en peu de temps. La plupart des personnes suivant Tom retweetent tout ce qu'il poste et s'abonnent aux comptes qu'il suit. Le petit brun est tout excité. Il lui est impossible de trouver le sommeil cette nuit là. Comme les cinq autres qui suivent. Il est si heureux qu'il dort peu et vérifie constamment qu'il n'a pas rêvé et que tout est réel. C'est si beau. Tom lui a accordé un peu d'attention, même s'il ne sait pas qui il est.