Texte posté de base pour le CC2017 : http://25worter.skyrock.com/3302535818-TEXTE-N-15-nuit-numerique.html
---
Ça risque d'être réellement le bordel, si vous voulez mon avis. Ce soir, il n'y a plus de limites. Elles sont toutes tombées au profit du chaos et de l'anarchie. Pour une nuit dans l'année, nous avons le droit de nous proclamer rois du monde et de faire tout ce qui nous plait. Nos crimes resteront impunis. C'est du moins ce que crache les haut-parleurs de l'internat. Je ne doute pas une seule seconde que tuer quelqu'un ne sera pas sans conséquence. Il n'y a peut-être plus de barrière physique, il reste votre conscience, et il est certain que personne n'a vraiment envie de se sentir hanté toute sa vie pour une connerie d'ado.
La nuit finit par tomber et j'enfile alors la tenue obligatoire : la cagoule. Personne ne doit pouvoir reconnaître notre visage, mais j'ai les yeux si clairs que l'on saura forcément que c'est moi. De toute façon, je dois rejoindre mes potes. Je n'agis pas vraiment seul, sinon c'est sans intérêt. L'adrénaline, elle n'arrive que lorsqu'il y a des spectateurs.
« Newt tu fous quoi bordel, on va pas t'attendre toute la nuit. »
Je sors alors de la chambre en tapant dans la porte avec mon pied. Un flingue à la main, je les mets au défi de me parler une nouvelle fois sur ce ton. Personne ne bouge le temps de quelques longues secondes, puis je me mets à rire de cette voix faussement grave, qui n'a pas totalement mué.
« Aller, on s'arrache. »
Quelqu'un me tape sur l'épaule et je reconnais sur cette main les cicatrices profondes de Eden. Un vrai nerveux si vous voulez tout savoir, il cogne dans la moindre chose qui se présente à lui, ce qui lui a valu de nombreuses heures de retenue au pensionnat, des avertissements, des exclusions, mais surtout, beaucoup, beaucoup, de points de suture.
On avance dans les couloirs d'une démarche assurée sans pour autant avoir un plan en tête. Il suffit simplement de faire le maximum de choses défendues, de les filmer, et de les envoyer au jury pour qu'il comptabilise nos points. L'équipe gagnante reçoit un lot encore inconnu cette année. Le grand vainqueur, quant à lui, se voit attribuer de tels privilèges qu'il reste une personne crainte toute l'année qui suit.
Nous commençons finalement par entrer dans le laboratoire de sciences naturelles. Eden croise mon regard tandis que j'ai balancé mon téléphone dans les mains d'un de nos complices. Nous nous sommes associés mais nous sommes rivaux.
« T'es qui, toi ? » je demande à celui qui tient mon cellulaire.
« C'est Dave, connard. »
« Ok, parfait mon pote. Ça va. Tu filmes ? »
Il hoche la tête et j'allume alors la lampe de poche que je tiens à la main. Nous n'utilisons pas l'éclairage central, il faut garder un petit côté creepy. Je remonte ma manche pour montrer le code inscrit sur mon avant-bras, en signe de reconnaissance, Dave me dit que tout est bien visible, puis je m'avance vers le bureau. J'ouvre le tiroir où sont conservés les manuels scolaires, défais ma braguette et laisse ma vessie se vider avec plaisir.
Les gars rigolent et je termine mon affaire pile au moment où Eden attrape le mannequin en plastique dont on se sert pour placer les organes et les os. Dave arrête de me filmer et c'est Finn qui prend le relai avec le téléphone de Eden. Je l'ai reconnu lorsqu'il a parlé.
« Petit joueur » me lance Eden avant d'ouvrir sa braguette à son tour.
Finn s'avance pour filmer son code puis observe la scène. De mon côté, je reste interdit en voyant mon acolyte s'installer sur le mannequin et commencer à faire quelques va-et-vient avec sa queue dans la gorge en plastique.
« T'es sérieux mec. Je sais même pas comment tu peux bander là. »
« Si tu sautais autre chose que les putes de Makela t'aurais pas ce problème. »
Makela, c'est la partie des filles au pensionnat. Elle est à environ trente minutes de marche en coupant par les bois, et encore, il ne faut pas se perdre. Tout est fait pour nous séparer ici, pour nous apprendre la discipline. Au final, ça nous rend simplement fébrile, parce qu'on ne contrôle pas toujours ses envies, et l'on finit par enfreindre le règlement, ou devenir gay.
Certains disent que c'est seulement le temps d'être ici. Qu'ils tirent juste un coup pour tenir jusqu'aux vacances. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde. Eden, par exemple. Il n'a pas honte d'afficher qu'il aime ça et qu'il ne veut pas du corps d'une femme sous lui. Il aime les hommes, vraiment.
Et puis ... il y a moi. Enchanté. Incapable d'assumer ce que je ressens vraiment, et qui va donc se taper trente minutes de marche pour des filles dont je me fiche totalement. C'est pathétique, mais je suis bien trop trouillard pour accepter autre chose. Du moins, pas tant que ce sera aussi simple ainsi.
Je regarde Eden prendre son pied sur un foutu mannequin en plastique. On entend tous les trois ses gémissements à peine simulés. Puis il se délivre enfin, toujours dans la gorge du corps inerte, et s'essuie avec le rouleau de Sopalin qu'il a attrapé sur le bureau. Il en fait une petite boule qu'il laisse dans la bouche du mannequin, et revient vers nous d'un air de vainqueur.
« Je mets la barre haut, n'est-ce pas Newt. »
Finn a arrêté de filmer, et Eden me regarde avec ses pupilles insondables tout en passant devant moi.
« Bon, direction la bibliothèque. »
En chemin, on croise différents groupes. Certains taguent les murs, d'autres courent pour ne pas perdre de temps. Nous arrivons rapidement dans cette immense salle silencieuse, et on allume cette fois-ci la lumière. Ensemble, Eden et moi montrons nos codes.
« Un, deux, trois. »
Dave nous donne le départ. Je renverse chaises et tables, attrape les magasines et les déchire, dessine des phallus entre les pages de certains livres. Eden semble faire à peu près la même chose, avant de me prendre la main et de courir vers les escaliers.
« Arrêtez de filmer, gardez de la batterie » j'ordonne aux gars en cherchant mon souffle.
Lorsqu'on arrive en haut du bâtiment, Eden sort sur le toit. J'allais lui demander ce qu'il comptait faire avant qu'il ne commence à se déshabiller. Une fois en boxer, il attrape son téléphone des mains de Finn et se filme lui-même en train d'enlever le dernier vêtement qu'il lui reste. Il est totalement nu, face à la seule route qui passe là. Fréquentée la journée, elle est généralement déserte la nuit, à l'exception de quelques fêtards qui partent rejoindre la station de métro.
Là, il n'y a personne, mais quelqu'un pourrait le voir. Eden attrape mon téléphone, se prend en photo et la poste sur mes réseaux sociaux. Il filme le tout, pour que l'on voit bien ce qu'il a fait, qu'il est nu sur la photo, et qu'il l'a posté avec mes comptes. Je ne pense pas que ce soit vraiment une action qui valle beaucoup de points. Après tout, il aurait pu poster une telle photo n'importe quand.
« Tu sais que ça compte pas ? Genre ils vont juste calculer que t'es à poil sur le toit » lui fait d'ailleurs remarquer Finn.
« C'est pas grave, c'est pour garder un souvenir. Tu supprimes pas » dit Eden en me tapotant la joue.
C'est à moi de trouver quoi faire pour gagner des points. Je lève mon pouce en direction de Dave pour qu'il cadre, puis commence à descendre du toit ... par la façade. C'est hyper dangereux, surtout si je rate une prise. Je n'ai que la lumière de la lampe torche que j'ai à la main. Je commence par m'accrocher à la gouttière, la casse avec mon poids, mais me rattrape avec la fenêtre en dessous. Je suis sur un petit balcon, l'enjambe, et descends ainsi jusqu'au sol. J'embrasse l'herbe d'ailleurs, encore tremblant.
« Mec, t'es fort ! » hurle Dave depuis le toit.
Je lève les bras au ciel, m'allonge sur l'herbe, et me reçois dessus les vêtements de Eden. Je soupire et grogne, puis attends que mes trois compères me rejoignent en passant par les escaliers intérieurs. Eden se rhabille une fois à nos côtés, on se tape tous dans la main, puis l'on reprend notre course contre la montre. On n'a pas le temps de glander, pour le moment. Il faut impérativement que l'on marque le plus de points.
Le souci, c'est que l'on n'a pas de point de comparaison. Les premières années sont les plus sages, nous n'avons rien à craindre d'eux. D'année en année, on apprend les actions qui font gagner le plus, même si le jury aime les actions innovantes. C'est surtout celles-ci qui vont faire la différence et faire gagner l'un ou l'autre. Eden a véritablement envie d'être sacré champion. C'est sa dernière année au pensionnat, après il partira faire ses études loin d'ici. Comme nous tous. Notre groupe explosera en juin, lorsque l'on sera tous diplômé.
En vérité, ce n'est pas négociable. Ici, on ressort avec un diplôme. On ne redouble pas, et on a de sacrées sanctions si l'on n'a pas de bonnes notes ou un bon comportement. C'est pour ça qu'ils nous laissent une nuit dans l'année pour faire tout et n'importe quoi. Ils nous lâchent la bride pour mieux nous tenir le reste du temps.
« Bon, des idées ? » je marmonne en trainant des pieds.
« Déjà, on va aller choper l'alcool qui est dans ma chambre » lance Eden avec entrain.
Alors on remonte péniblement les deux étages. Ici, pas d'ascenseur, et si quelqu'un a la jambe dans le plâtre, on doit le porter. « Ça fait les muscles » comme dit notre coach sportif. Eden s'allonge sous son lit pour en ressortir deux bouteilles en verre. Du rhum et de la vodka. Je crois qu'on va vite grimper, avec ça.
On s'installe sur son lit et sur celui du garçon qui partage sa chambre, un certain Andrew. C'est un deuxième année alors il ne fait pas équipe avec nous. Eden dit qu'il est vraiment sérieux, donc je ne serai pas étonné d'apprendre qu'il ne participe pas vraiment à la soirée.
Chacun prend une gorgée de chaque bouteille, puis il fait passer au suivant. Finalement, en moins de dix tours, nous avons terminé les deux liquides forts. La tête me tourne un peu mais je me sens euphorique. C'est le moment de s'amuser d'avantage.
Je sors une cigarette de ma poche, l'allume, et la fume juste sous le détecteur de fumée. Ce dernier se met en route, l'alarme sonne, et je me dégage à temps pour ne pas recevoir la mousse que Eden asperge partout avec l'extincteur. On rigole avant de partir en courant, laissant le couloir trempé et extrêmement glissant.
« Tu sais ce qu'on devrait faire ? » me dit Eden en passant un bras sur mes épaules. « Un cap ou pas cap. Y a que avec ça qu'on va vraiment avancer. »
« Ah ouais. Je suis chaud ! »
Nous sommes de retour dans une salle de classe. Apparemment, d'autres sont déjà passés avant nous, car le tableau est plein d'insultes. Avant de m'installer avec mes amis sur les tables, je détache les punaises qui retiennent des papiers sur les murs, et les cache dans la chaise confortable du bureau du professeur. Le prochain qui va s'asseoir va le sentir passer.
Ce n'est même pas de la méchanceté pour se venger. C'est simplement parce que c'est la tradition. Le plus de défi, le plus d'action, et le plus de folie. Le temps s'arrête pour que l'on crache tout ce que l'on retient, puis on revient à notre petit bout de vie. Bien sûr, les professeurs savent qui est le gagnant. Tout le monde le sait. Mais ils ne savent jamais qui a fait quoi. Seul le jury le sait et conserve les archives.
Je crois que ce sont d'anciens étudiants qui le constituent. Depuis leurs universités, ou depuis chez eux, ils comptent les points, relient tout ensemble. Ils ont inventé la tradition et l'ont imposé dans le pensionnat avec le temps.
« Bon, cap ou pas cap de dévisser toutes les chaises de la classe ? » je lance à Eden. « Par contre faut aller chercher un tournevis dans l'atelier. »
Dave se dévoue et part en courant. Pendant ce temps, Eden réfléchit au défi qu'il va me lancer. A l'air sur son visage, je sais que c'est quelque chose qui ne va pas me plaire. Mais avant de me dire ce qu'il a en tête, il entreprend de dévisser chaque chaise.
« Ceux qui vont s'asseoir vont se casser le cul en tombant » lâche t-il en riant.
Il met près d'une heure à s'occuper de toutes les chaises, et l'alcool a le temps de nous monter au cerveau. Dave a ramené une autre bouteille qu'il a trouvée à l'atelier et même si je n'ai pas trop confiance sur le contenu, je bois avec eux. Et c'est fort, ça me monte à la tête, et je ne suis plus trop certain de suivre le rythme.
Eden envoie le tournevis dans une vitrine qui se fissure sous l'impact. Il rigole et vient s'asseoir à côté de nous. Son regard se pose sur moi, et je sais qu'il est temps de recevoir mon défi.
« Cap ou pas cap de m'embrasser ? On filme ça avec ton téléphone, parce que c'est pas un scoop si c'est moi qui embrasse quelqu'un. »
Je m'étouffe avec ma propre salive et me met à rire bêtement. Je m'attendais à pire, sans doute, à quelque chose de physique, pas un simple baiser. Si je n'avais pas bu, sans doute que j'aurais tiré la tronche, parce que c'était quelque chose que je me refusais depuis le début. Je ne voulais pas embrasser d'autres garçons, parce que, bon sang, je ne veux pas qu'on vienne me voir par la suite en sachant que je suis gay. Je ne compte pas me taper tous ceux qui sont en manque sous prétexte que j'aime le corps masculin. Si ça ne dérange pas Eden, moi si.
« Ok » je réponds simplement.
Dave commence à filmer. Je montre mon code comme d'habitude, et relève ma cagoule au dessus de mon nez. Eden fait de même et se pencher vers moi. Il me murmure que c'est à moi de m'approcher de lui, et je ferme les yeux au moment où nos lèvres entrent en contact. Aussitôt, il pose une main sur ma cuisse, l'autre sur mon menton, et il accentue le baiser. Je ne comptais pas mettre la langue mais il force le passage et je ne résiste pas bien longtemps. Quelque part, je dois mine de rien en avoir envie.
Notre échange dure de longues secondes, ce qui est suffisant pour que l'action valle plusieurs points. Lorsqu'on se sépare, nous remettons immédiatement nos cagoules en place, mais j'ai vu que Eden souriait.
« Et bah putain, si j'avais su que t'embrassais aussi bien j'aurais insisté plus souvent ! » me complimente t-il.
Je sens que je rougis et suis bien content d'être dans le noir et sous un masque pour cacher ça. Finn veut savoir si j'ai éprouvé quelque chose, et je réponds que non. Un pur mensonge, et Eden a l'air de l'avoir compris. Je le sens dans son regard.
Le jeu continue. Nous sortons de la salle de classe pour partir à la cantine. Certains sont passés avant nous et on ne trouve donc rien de mieux que de déverser tout le lait sur le sol et mettre au réfrigérateur les crânes de la salle de sciences naturelles. Pas de grosses actions, mais assez pour nous faire rire. On est tous bien bourré, maintenant.
Il est près de quatre heures du matin quand on s'installe finalement dans la chambre de Eden. Ce dernier bout de ne pas avoir trouvé la véritable action qui le fera gagner le titre. Je le laisse pester et faire les cent pas pendant que je regarde les posters qu'il a accrochés dans sa partie. Son voisin n'est toujours pas rentré, mais c'est bien vide dans sa partie. Eden suit finalement mon regard et tombe sur les deux hommes en noir et blanc qui s'embrassent passionnément.
« J'ai un truc qui nous fera gagner tous les deux » s'exclame t-il alors avec une voix qui ne me dit rien qui vaille. « Peu importe avec quel téléphone on filme, on précise qu'on fait l'action ensemble. »
« Et c'est quoi, ton idée brillante ? » je beugle avec une légère trouille.
« T'as jamais couché avec un mec ici. Et personne n'a jamais envoyé de sextape. Si on fait ça, on gagne mec, c'est sûr. »
« Je ferai pas ça pour un jeu stupide, Eden » je riposte aussitôt.
« Fais pas ton coincé. J'ai bien vu tout à l'heure, à quel point t'as envie de te laisser aller. C'est le moment pour ça. Personne n'aura besoin de le savoir, et ce ne sera diffusé qu'au jury. Personne d'autre que nous le saura. »
« Mais même ! Même si j'acceptais, ce qui est non, je ne veux pas qu'on me filme ! »
« On peut mettre le téléphone en position et vous laissez, si c'est ça le problème » ajoute Finn en souriant lubriquement.
« Je te promets que ça ira ! » ajoute Eden sur le ton de la confidence.
Dave et Finn, cette bande de lâches, nous quitte d'ailleurs avant même que je donne ma réponse. Il est hors de question que j'accepte quelque chose comme ça. Mais Eden a posé les téléphones sur sa table de nuit et s'est approché de moi pour me prendre la main. Il retire sa cagoule, puis fait de même avec la mienne.
« Arrête de refouler ce que t'es » me murmure t-il doucement.
Je ne sais pas si c'est l'alcool, mais je me laisse finalement aller dans ses bras. Nos bouches se scellent à nouveau, mes paupières se ferment, et Eden prend les commandes. Il m'embrasse tout simplement, avant de glisser ses lèvres dans mon cou et sur mon lobe d'oreille. Ses mains chaudes caressent mon ventre et mon dos, s'attardent sur mes hanches trop minces, puis elles remontent dans mes cheveux pour les tirer sensuellement.
« Dis oui pour moi, Newt. Je fais pas ça uniquement pour le jeu. Et je sais que c'est quelque chose qui te hante depuis toujours. Je sais y faire. Fais-le pour toi, juste pour toi. Pour qu'enfin tu prennes vraiment plaisir. Je sais que tu baises toutes ces meufs uniquement pour te vider les couilles, mais qu'en vrai, tu kiffes pas. »
Eden a raison sur toute la ligne. Seulement, ma première fois, filmée en plus, il y a de quoi me faire freiner des quatre pieds. Il me lâche pour plonger sous le lit et ressortir une autre petite bouteille d'alcool.
« Si ça peut t'aider ... J'veux pas te bourrer la gueule, c'est pas le but. C'est juste que tu sentiras moins la douleur. »
Et je ne sais comment, mais je me retrouve à me faire des cul-secs avec lui. On finit tout en quelques minutes, et l'alcool remonte en flèche. Heureusement que, au moins, j'ai l'habitude de boire. Eden place mon téléphone, montre nos codes, puis se réinstalle sur le lit. Ça tourne, mais il arrive rapidement à me faire oublier en capturant mes lèvres.
Les siennes sont douces et sucrées, exactement comme je les imaginais. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais rêvé une fois d'une scène similaire, avec Eden. Je m'étais réveillé en sueur avec une trique pas possible. Et plusieurs fois, depuis, j'avais imaginé que ma première fois pouvait se passer avec lui. Mais il se vantait tant de ses performances que je n'avais jamais osé franchir le cap.
« T'en parleras pas ? » je demande malgré tout, timidement.
« C'est promis. »
Sur ces derniers mots, Eden retire son t-shirt, puis le mien, caresse ma peau de ses baisers et m'allonge sur le dos. Il défait ma ceinture, ouvre ma braguette et fait glisser mon pantalon avant de le jeter au sol avec le sien. Il est en boxer au dessus de moi, son érection déjà bien puissante. Il suffit qu'il plonge sa main sous l'élastique du mien pour que ma verge se réveille et me remplisse de chaleur. Eden sourit, je le vois, même avec la faible luminosité.
Je n'arrive pas à croire que ça va se passer. Je ne sais pas trop quoi faire de mes mains, et caresse simplement son dos et ses cheveux alors qu'il bouge au dessus de moi. Il frotte sa virilité à la mienne, me chauffe, m'excite. Il m'embrasse sauvagement, mordille mes tétons, et fait finalement glisser nos caleçons.
La première fois que son membre touche le mien, c'est comme une décharge. Je me sens électrisé et griffe légèrement sa peau tout en mordant sa lèvre inférieure. Visiblement ça lui plait, parce qu'il recommence pour que je continue. Il glisse ses doigts sur ma verge, la caresse, l'astique, et prend ma main pour la poser entre ses cuisses.
Le rouge me monte aux joues mais il sourit et m'embrasse à nouveau. Il me rassure de sa voix sensuelle, pendant qu'il farfouille de sa main libre dans le tiroir de sa table de chevet. Il en ressort un lubrifiant et un préservatif, qu'il pose à côté de nous.
« Je te jure que tu vas aimer. Tu vas enfin avoir l'orgasme que tu mérites. »
De nouveau il m'embrasse, et écarte d'avantage mes cuisses. Mes jambes s'enroulent autour de lui. Sa bouche s'écrase sur la mienne, sa langue danse avec sa jumelle, et l'une de ses mains caressent mes fesses. Il applique finalement du lubrifiant sur ses doigts, et entre doucement son pouce dans mon anatomie, guettant ma réaction.
C'est bizarre, je dois dire, mais ce n'est pas désagréable. Loin de là, d'ailleurs. Il commence à bouger en moi, ressors son doigt, avant d'en ajouter un deuxième, puis un troisième. Durant tout ce temps, il n'a cessé de m'embrasser ou de me rassurer, et je sais que je finis par oublier la petite lumière du téléphone qui indique qu'il filme encore.
Je l'entends déchirer l'emballage de la capote, le vois gigoter et ancre simplement mes yeux dans le sien. Je lui fais confiance, je n'ai pas d'autre choix, de toute façon, il sait ce qu'il fait.
« T'es prêt ? » susurre t-il sur mes lèvres.
Je hoche la tête, parce que si je ne suis pas prêt maintenant, je ne le serai jamais. J'ai envie de lui, et je n'ai pas envie de penser à ce qui se passera après. Si on l'apprend, s'il me fiche de moi. Je veux simplement profiter de cet instant.
Alors il m'embrasse le front et joue avec mes tétons pendant qu'il utilise un peu plus de lubrifiant et qu'il entre finalement en moi. Je me mords les lèvres, parce que même s'il fait attention, cela reste un minimum douloureux. C'est la première fois pour moi, et Eden ne l'a pas oublié, mais quand même.
Il ne bouge plus pendant quelques secondes, le temps que mon corps s'habitue à sa présence, continue de m'embrasser et de me caresser les joues en me demandant si ça va. Ce à quoi je réponds que oui, évidemment, parce qu'une fois la plus grosse étape passée, ça va. Et alors il commence à aller et revenir, d'abord doucement, puis plus vite. J'ai osé lui demander ça, parce que je commence à me sentir vraiment bien, j'ai envie de ça.
Je ferme les yeux, laisse ma tête retomber sur le coussin, couine lorsqu'il touche le bon endroit. Mon membre sécrète déjà du liquide pré-séminal, et Eden l'a vu, car il s'en occupe en même temps que les nombreux à-coups qu'il me met. Mes mains griffent ses épaules, son torse, ses fesses, tout ce qu'elles trouvent en vérité.
Le temps passe mais j'ai perdu le rythme. Je ne sais pas depuis combien de temps on est là. Toujours est-il qu'il finit par rendre les armes, se retire doucement et enlève le préservatif. Je le regarde, un peu perdu, parce que je bande encore.
« C'est normal que tu ne sois pas encore arrivé à l'orgasme » me rassure t-il.
Il lâche un petit rire et s'allonge entre mes jambes. Son regard ne quitte pas le mien, même lorsqu'il me prend en bouche. Je gémis en mordant ma langue, parce que je ne veux pas qu'on m'entende. Mais c'est raté. Et plus je couine, puis Eden me prend profondément dans sa gorge.
Je ne tarde alors pas à me délivrer, et il l'a senti car il a terminé par me branler de ces deux mains. Je finis en sueur, complètement lessivé, et retombe mollement sur le coussin en me mettant de côté. Eden m'embrasse le front, coupe le téléphone et revient vers moi.
« Alors, c'était comment ? »
« C'était ... ouf. »
« Tu devrais arrêter de t'empêcher de vivre ça uniquement parce que tu veux pas assumer ce que tu aimes. »
Evidemment, je ne trouve rien à répondre, et me contente de laisser mes doigts courir sur sa peau. Il a raison, bien sûr, mais c'est si difficile à faire. Il n'a pas ce problème, lui.
« Tu sais, Newt, je t'ai pas proposé ça uniquement parce qu'on va gagner. Je m'en fous de ce jeu. Je ... j'en avais vraiment envie. Avec toi. Tu peux pas savoir comment t'es bandant et comment c'est frustrant de ne rien pouvoir te faire parce que tu te mettais des limites. »
Il est rare qu'Eden soit sérieux dans ses propos, qu'il se mette à discuter sérieusement. Mais là, c'est ce qu'il fait, et je l'écoute avec attention. Il me dit qu'il a des vues sur moi depuis longtemps, depuis le début. Parce que mes pantalons me moulent comme il faut, parce que j'ai cette lueur dans le regard qui l'enivre.
« T'es tellement beau quand tu jouis, putain » achève t-il. « Promets moi de l'assumer. Jure moi qu'il pourra encore se passer des trucs entre nous. »
« Tu me demandes quoi, concrètement, Eden ? »
« Je veux que tu sois à moi. Mon partenaire. Je veux pas te partager, et t'auras pas à me partager non plus. On sera exclusif. »
« Pourquoi ? » dis-je bêtement.
« Putain Newt t'as toujours des questions aussi connes ? Tu te doutes pas de la réponse ? »
Mais il ne répond d'ailleurs pas avec les mots. Il m'embrasse seulement, tendrement, sa main contre ma joue. Bien sûr, j'avais compris qu'il s'agissait de cela, mais je n'ai pas suffisamment confiance pour le laisser faire. Sa réputation le précède, la mienne aussi. Même si l'on part à la fin de l'année, et qu'il faut en profiter pour les mois qu'il nous reste, j'ai peur.
« Newt, arrête de te mettre des barrières. Profites-en. Je sais que t'en as autant envie que moi. »
« J'ai pas envie de faire la une de toutes les rumeurs, ni qu'on chuchote sur mon passage ! » m'écrié-je alors.
« Bordel c'est juste ça ?! Mais ... mais si c'est que ça, je peux te jurer qu'on sera discret. Tu me connais, non ? Est-ce que j'ai déjà balancé un de tous les secrets que tu m'as confié ? Je t'ai jamais trahi et je compte pas commencer maintenant. »
Un léger silence s'installe, alors qu'on se fixe comme sur un air de défi. Et c'est finalement moi qui, d'un coup, me lève pour l'embrasser. Il me prend dans ses bras, par la taille, et me fais asseoir sur lui. Et on continue cet échange pendant un long moment. Jusqu'à ce que nous décidions d'aller à la douche. Alors on se rhabille, et on se dépêche.
Finn et Dave ont dû aller se coucher, et je propose à Eden de dormir dans ma chambre. Une fois que nous sommes calés en cuillère dans mon lit tout aussi une place que le sien, on envoie toutes les vidéos au jury et on s'endort finalement au petit matin, alors que le jour se lève.
Il est prêt de quatorze heures quand j'émerge. Eden dort toujours, son bras autour de moi. Je souris, m'assurant ainsi que je n'ai pas rêvé ma nuit précédente. Je bouge pour me tourner face à lui et il ouvre alors doucement les yeux, et m'embrasse sur le nez.
« C'est l'heure des résultats. »
Il hoche la tête et j'attrape mon téléphone. J'ouvre le site, qui met un petit moment à charger, puis je lui tape violemment sur l'épaule en voyant qu'il a gagné.
« Putain mec, t'es le king ! » je m'exclame en même temps.
Eden me vole le téléphone des mains, regarde le classement, puis le jette dans les draps et me grimpe dessus pour m'embrasser. Mes mains s'enroulent autour de son cou, et je sens déjà naitre nos érections.
Je n'ai pas la gueule de bois, et je me sens en parfaite forme. Parce que j'ai enfin fait ce dont je rêvais depuis des années. Et parce que, là, je vais recommencer, encore et encore, avec ce garçon qui m'envoyait des signes depuis le début, et que je n'ai pas su voir ! J'attrape son menton pour planter son visage face au mien, et l'embrasse langoureusement, mon plaisir se décuplant à son contact.
VOUS LISEZ
Recueil d'One-Shot
Short StoryRecueil de tous les OS que j'ai pu écrire, pour des concours ou autre.