Chapitre 1

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Céleste reprit connaissance en suffoquant. Il faisait chaud, beaucoup trop chaud, et chaque inspiration brûlait ses poumons. Elle ne pouvait bouger, son corps était figé, prisonnier. Une force oppressait sa poitrine. Elle ouvrit la bouche, espérant aspirer une bouffée d'air, mais quelque chose de pâteux bloqua sa respiration... de la terre ! Elle était sous terre ! Elle commença à paniquer :

« Je vais mourir, je vais mourir ! » pensa t-elle, affolée. Elle remua les doigts et les pieds, tentant de gratter pour s'échapper, mais la terre qui l'avait ensevelie était sèche, dure, et dieu sait à combien de mètres en profondeur elle pouvait se trouver. Ses poumons et son cerveau, privés d'oxygène, menaçaient d'exploser. Le sang battait à ses tempes. L'agonie dura très longtemps, lui sembla t-il. Si elle s'endormit ou s'évanouit, elle-même ne le sût pas.

Pourtant, après un temps indéterminé, elle s'éveillait à nouveau. Cette fois-ci, elle ne réfléchit plus et se débattit, força son corps à se mouvoir et le sol bougea. « Enfin ! », pensa t-elle, la terre se fissura et en un craquement sourd, s'ouvrit en deux plaques. Sans perdre un instant, Céleste sortit de sa prison et s'écroula sur le sol, toussant, hoquetant.

Après quelques minutes, elle se releva et observa l'endroit où elle se trouvait.

Un épais ruban de brume couvrait le sol. Une nuit dense formait un globe posé sur le monde. Seule une lampe à pétrole, au bord de la fosse, produisait une lueur blafarde. Le soulagement que Céleste avait éprouvé se dissipa aussitôt pour céder place à une frayeur glaçante.

Où était-elle ?

Comment s'était-elle retrouvé ici ?

Elle se racla la gorge avant de crier :" Eh oh ! Il y a quelqu'un ?"

Mais sa voix était faible et son cri mourut dans l'immensité noire. Céleste saisit la lampe et commença à marcher.

La jeune femme avançait, apeurée, serrant son bras gauche autour d'elle. Son jean était maculé de terre et de poussière et sa veste noire avait une déchirure au coude. Elle jetait des coups d'œil inquiets autour d'elle. Céleste ne voyait absolument rien, ni maison, ni route, ni personne. Il n'y avait que la nuit et elle. "Serait-ce l'enfer ?" songea t-elle.

Elle marcha des heures et des heures, lui sembla t-il, son désespoir et sa peur augmentant de plus en plus.

Soudain, une forme humaine se dessina, un peu plus loin. Céleste courut, éprouvant une joie indescriptible. Elle arriva à hauteur de la forme et dit :
"Bonjour ! Hem, excusez moi, je suis si heureuse de rencontrer enfin quelqu'un ! J'avais tellement peur, où... où sommes nous s'il vous plait ? Est ce que vous le savez ? Vous aussi vous vous êtes réveillé sous terre ?"

Mais la personne ne répondait pas. Céleste se tut et voulu lever la lampe, quand une main s'abattit sur son bras. Elle tressaillit, mais ne se retira pas. Quatre petites notes sifflées retentirent, puis le silence à nouveau. La jeune fille sentit la panique l'envahir, d'autant plus que la main raide, ne la lâchait pas. Elle pris la lampe dans son autre main, qu'elle monta tout doucement à hauteur du visage de l'inconnu.
Céleste étouffa un cri devant son sourire malsain et ses yeux grand ouverts. Sa figure figée, était distordue en cette grimace, indescriptible et horrifiante.

La personne tourna la tête vers Céleste, en un mouvement si soudain que la jeune femme hurla. Le sourire s'agrandit et ses cris redoublèrent. Elle tenta de se dégager, et tira de toutes ses forces. L'autre restait totalement immobile, pareil à une statue de marbre. Céleste s'échappa enfin, et courut, comme elle ne l'avait jamais fait. Les quatre notes retentirent encore une fois, puis s'évanouirent. Elle se retourna et tenta de voir si l'autre la suivait, mais l'obscurité avait engloutit sa silhouette. La jeune femme détalait à toutes jambes en s'époumonant, tandis que des larmes de terreur mouillaient ses joues : "Aidez moi ! AIDEZ MOI ! Qu... Quelqu'un, je vous en prie !!!"

Tout à coup, une lueur vacillante apparut dans la nuit. Céleste hésita avant de s'y précipiter, mais la lumière n'était pas immobile et avançait vers elle. Elle se laissa aller vers cet espoir.

Avant les AsphodèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant