Chapitre 4

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"Vous êtes vraiment sûrs de ne pas vous connaitre ?"

Chacun hocha la tête, sauf Orion, qui fixait Céleste de ses yeux gris acier. Aurélius le remarqua et interrogea silencieusement la jeune fille du regard en arquant un sourcil. Cette dernière secoua la tête alors il se détourna, indifférent. Io était toujours secouée de sanglots et Titane semblait se lasser. Mal à l'aise, Callisto tripotait ses boucles blondes, fuyant du regard le monde.

Aurélius poussa un long soupir avant de marcher jusqu'au centre de la pièce :

"Bien ! Récapitulons : nous sommes actuellement huit, quatre filles : Céleste, Eden, Io et... heu..."

-Callisto.

-Callisto, merci. Quatre filles et quatre garçons : moi-même, Orion, Sisyphe et Titane. Nous nous trouvons dans un lieu inconnu, tous arrivés séparément par... le dessous de la terre ? Je ne vois pas comment l'expliquer autrement. L'heure est indéterminée, la date aussi. Nous sommes tous munis de lampes à pétrole, une par personne.

-Ça nous aide vachement dites donc, se moqua Eden, tu nous apprends pleins de choses.

-Silence, répliqua t-il, ça peut nous aider. Faire le point est parfois utile, mais tu as une meilleure idée peut être ?

-Oui. On retourne dehors et on cherche, dit-elle en désignant la fenêtre, une sortie, d'autres gens, n'importe quoi.

-C'est hors de question. On ne sait pas ce que ces "êtres" peuvent nous faire.

-Et tu crois qu'en se planquant ici on le saura ?

-Qu-qu'est ce qu'on fait alors ? bégaya Io.

-Attendons, lui répondit Aurélius, peut être que le jour finira par se lever.

Les huit perdus s'assirent dans le salon, quelques uns sur des chaises, les autres sur les canapés, et même directement sur le sol. Sans rien dire. Ils regardaient dans le vague, gênés.

Soudain, Sisyphe parla :
"On est tous coincés ici, autant faire connaissance non ? Je m'appelle Sisyphe, j'ai quarante trois ans. Je suis divorcé depuis dix ans et j'ai une fille, Sémélée qui vient à peine d'avoir onze ans. Je vends des téléphones."

Il désigna Titane :

-Et toi ? Tu veux bien nous dire qui tu es ?

-Euh, ok, répondit le jeune homme, un peu pris au dépourvu, j'ai vingt deux ans, je suis vendeur de vêtements, j'aime sortir en boite le vendredi soir et faire des shootings photo.

-Eden, trente huit ans. Mariée, un fils, Egisthe et deux chiens, Orthos et Cerbère. Fonctionnaire.

-Je m'appelle Io, j'ai seize ans, je-je suis au lycée. J'aime être avec mes amies et écouter de l'électro.

-Mon nom est Callisto. J'ai vingt six ans. Je fais du judo et j'adore lire. Je vis avec mon copain Thyeste.

-Orion. Vingt cinq ans.

-Moi c'est Aurélius et je suis étudiant en communication markéting en spécialisation LV3.

Titane laissa échapper un éclat de rire moqueur : "LV3 rien que ça ? Je ne sais pas si ça intéresse grand monde !"

-Eh bien les connaissances nous serons plus utiles que les vêtements. Je peux me débrouiller dans cinq langues différentes : français, anglais, japonais, polonais et italien. Adepte de musique classique...

-Écoutez le faire le beau, cracha le jeune homme.

-Ça suffit ! s'écria Callisto, finit Aurélius, je t'en prie.

-Merci, admit t-il en considérant Titane d'un air hautain. Célibataire...

-Ça m'aurait étonné aussi, marmonna t-il.

-Vingt quatre ans. Voilà, conclua t-il en souriant jaune.

Le silence se fit encore et tous, gênés, laissèrent court à des tics nerveux. Soudain, Céleste parla :
"Je m'appelle Céleste. J'ai vingt six ans. Je suis actuellement en formation pour devenir professeur. J'ai un appartement à Paris et un chat, Admète, pour m'attendre le soir. J'aime tous les genres de musique et me promener dans ce petit parc devant mon école, boire du thé en écoutant la radio et lire à la bibliothèque quand tout est calme..."

Personne ne répondit, attendant sans doute qu'elle finisse, mais elle se tût, les larmes aux yeux, en leur tournant le dos. Eden posa sa main sur son épaule. Aurélius, qui parut troublé, secoua la tête et déclama d'une voix forte : "Merci d'avoir été honnêtes. On n'a plus qu'à attendre l'aube."

Io poussa soudainement un hurlement en regardant derrière Aurélius avec terreur. Il se retourna et sursauta, découvrant l'homme qui venait d'apparaitre.

Céleste reconnu le sourire du psychopathe.

Les quatre petites notes retentirent, la lumière au plafond s'éteignit, les cris s'élevèrent.

Avant les AsphodèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant