Céleste hoqueta.
Ce réveil, trop semblable au premier, lui donna des sueurs froides.
-Elle ouvre les yeux !
-Céleste ! Céleste ! Tu nous entends ?
Des mains écartaient les cheveux, lui effleuraient les bras. Elle battit des paupières et observa les visages penchés sur elle, inquiets. Sa tête lui semblait remplie de coton, tout lui parvenait assourdi. Elle ne pouvait pas bouger. Un voile floutait sa vision. Elle plissa les yeux, mais rien n'y faisait. Elle planait.
La jeune femme décida de se rendormir. Tout ça la fatiguait.
-Céleste...
Une jolie voix, grave, séduisante. Tout était parfait, elle se sentait bien. Peut être que c'était le paradis.
-Céleste.
Un peu plus autoritaire. Il fait frais.
-Céleste !
Que ce passe t'il ? Il fait froid, c'est vraiment désagréable.
-Céleste !!!
Ce froid, mordant, pourquoi ? Elle voulait rester dans son paradis. Pourquoi ? C'est horrible, elle ne pouvait plus supporter ce froid, ellenepouvaitpluselleneppouvaitplusellenepouvaitplusellenepouvait
-CELESTE !!!
Le voile se déchira et elle sursauta violemment.
Eden lâcha un sourire en la voyant enfin se réveiller. Affolée, la jeune fille les dévisagea un à un. Elle se détendit en voyant Aurélius, bien vivant. Elle tendit son bras et lui effleura la joue.
-Tu vas bien, je suis rassurée...
Il rougit et se détourna. Les autres, gênés, baissèrent les yeux. En se rendant compte de ce qu'elle venait de faire, Céleste baissa son bras et rougit à son tour. Pour changer de sujet, elle demanda :
"Qu'est ce qu'il s'est passé ?""Tu es arrivé avec Aurélius, et en atterrissant, tu ne t'es pas réveillé." lui répondit Callisto.
-Mais... mais, j'ai fais un rêve, balbutia Céleste. Io, tu pleurais et c'était Aurélius qui était évanoui. Il s'est mit à vomir et des... ronces lui sont sortis du corps. Il était mort, après ça, les plantes nous ont attaqués puis tués.
Aurélius, encore rouge, échangea un regard avec Callisto, qui en disait long sur ce qu'il pensait.
-Je ne suis pas folle ! s'écria la jeune fille.
-C'était un rêve, la rassura Io d'une voix douce. Tu t'es évanouis, voilà tout.
- Je crois... je crois... qu'on devrait refaire le p-point, balbutia Aurélius.
-Remets toi vieux, elle t'as pas embrassé non plus, ricana Titane.
Le regard noir que lui lança le jeune homme le fit taire, mais il continua à rire.
-Donc ! dit il en se reprenant, nous avons perdu un membre en route... Sisyphe.
Un froid s'installa et, mal à l'aise, il continua :
"Nous avons découvert qu'il existe une lune rouge et cette brèche, ainsi qu'une vallée. Que les "esprits" cherchent à nous attaquer et que nous pouvons rêver.
-Et les flammes ? l'interrompit Céleste, j'ai sentit leur chaleur et pourtant... il n'y a rien.
-Rajoutons des hallucination.
Io demanda, d'une petite voix tremblante :
-Je me pose la question depuis un moment, ça me semblait bizarre. Mais je n'ai ni faim, ni soif. Par contre, j'ai sommeil.
Callisto hocha la tête. Orion resta impénétrable.
-Reposons nous, proposa Titane, ça me semble sûr... pour le moment.
Ils s'allongèrent sur la pierre froide, en se pelotonnant les uns contre les autres, sauf Aurélius qui s'assit à l'écart. Il enfouit son visage dans ses mains et s'immobilisa. C'est à peine si on voyait sa poitrine se soulever.
Céleste s'endormit, blottie contre l'épaule d'Eden. La caverne devint mortellement silencieuse.
Pourtant, elle refit surface peu de temps après.
Personne n'avait bougé.
Elle détacha ses cheveux roux, en se levant doucement. La jeune femme contempla le visage, si inhabituellement tranquilles, de ses camarades. Elle manqua de sursauter en voyant que Orion ne dormait pas et avait fixé sur elle ses yeux noirs.
Céleste lui sourit, crispée, puis s'assit à côté d'Aurélius.
-Tu... tu devrais te reposer, murmura t-elle.
-Et toi alors ?
-Je viens de le faire. Où est ce que cette caverne même ?
-Aucune idée, soupira le garçon, on l'explorera quand tout le monde aura dormi.
Ils étaient juste en face de la brèche par laquelle ils étaient arrivée.
-On ne pourrait pas l'escalader ?
-Non, dit Aurélius, tu as vu comme c'était raide, pas vrai ? Faire le chemin en sens inverse me paraît impossible.
Il la regarda en biais, et se rendit compte que son visage était mal proportionné ; une grande bouche peu attirante contrastait avec deux tout petits yeux enfoncés dans leurs orbites. De profil, Céleste n'était pas du tout jolie, mais ses cheveux en bataille lui conférait un charme certain.
-Bon, je vais dormir, décida t-il abruptement.
Il s'allongea le plus loin possible d'elle.
La jeune fille resta seule et maussade. Elle se rendormit auprès d'Eden. Une chape de plomb s'abattit sur le groupe qui sommeilla très, très longtemps, des siècles, leur sembla t'il. Mais finalement, peut être n'avaient ils dormis que quelques minutes. Qui sait, dans un lieu où la notion de temps n'existe plus ?
Io se réveilla la première. Elle bailla tout en s'étirant, complètement amorphe. Elle regarda ses amis, encore plongés au plus profond de leurs rêves.
Laissant son regard parcourir la caverne, elle reçu comme une décharge électrique. Les paupières écarquillées, elle ne pouvait détacher son regard de ce qui se tenait un peu plus loin. L'adolescente voulait hurler, mais son cri restait bloqué dans sa gorge.
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Avant les Asphodèles
HorrorCéleste se réveille sous une nuit noire et vide. Elle n'a d'autre choix que de marcher pour comprendre où elle est, et pourquoi.