En rebroussant chemin, Eden maugréait :"Pour une sois disant équipe, on est vraiment solidaire !"
Céleste était prise d'un fou rire nerveux et se tordait dans tous les sens :
-On est nuls... Mais nuls !
-Taisez vous ! les réprimanda Aurélius, il est peut être blessé.
-Alors pourquoi est ce que tu l'as oublié ? intervint Titane. Si il est si important, pourquoi est ce que tu ne t'es pas inquiété de sa santé quand l'esprit a disparu ? Hein monsieur Je-parle-cinq-langues ? Pourquoi ?
Aurélius se retourna brutalement pour lui faire face :"Maintenant, j'en ai assez !"
-Oh, t'énerves pas, dit le jeune homme en levant les mains.
-Depuis le début tu prends de grands airs, tu te crois supérieur aux autres ?
-Et toi ?! Juste parce que tu es intelligent, tu penses être le chef du groupe ?!
-C'est bien mieux que si c'était toi !
-Ta gueule ! Ferme là ! Je ne suis pas con !
Il empoigna Aurélius par son tee-shirt. Titane n'était pas un bodybuildeur mais à voir la carrure de cure dent de son adversaire, l'issue de leur conflit n'était pas difficile à déterminer. Pareils à une vague, les autres se jetèrent sur eux pour les séparer.
-J'ai merdé ! hurla Aurélius, voilà pourquoi je m'énerve, parce que j'ai merdé !
Ils se défièrent du regard, comme deux chats sur un même territoire. Eden, vraiment agacée s'interposa entre eux :
"Ça suffit, espèce de gamins ! Je vous rappelle que Sisyphe est perdu et qu'on doit aller le chercher !"Aurélius se raidit en écarquillant les yeux :
"Oh non..."-Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? le pressa Céleste en secouant son bras.
Pâle comme un linge, le garçon murmura :
"Comme on a bougé, je ne sais plus dans quelle direction se trouve la maison."Callisto poussa un cri étouffé, tandis qu'Eden se frappait le front du plat de la main.
"Comment ça, mais, mais..." s'affola Céleste en tournant sur elle même, mais rien, absolument rien, ne permettait de se repérer.
-Dire qu'on n'a même pas le soleil ou les étoiles pour s'orienter, gémit Io.
-Tu sais faire ça ?
-Non, mais ça aurait pu...
-Réfléchissons ! intervint Aurélius, qui s'était repris, je me suis tourné... comme ça, vers Titane, alors logiquement... ça devrait être... là !
Ses compagnons affichèrent un air dubitatif.
-On n'a pas d'autres choix de toutes manières ! Allez !
Tout début de bonne humeur à jamais envolé, la progression reprit. Mais la maison n'apparaissait pas.
"Aurélius, chuchota Céleste, on est perdu pour de bon, on ne le retrouvera pas."
Il serra les dents, fixant résolument droit devant lui. Sa main libre tressaillait un peu.
-Continuons. Qu'est est ce que tu veux faire d'autres ? On avance à l'aveuglette, on ne sait pas ce qui nous attend, ni même quel est cet environnement, comment veux tu que....
-Attends ! le coupa t-elle, alarmée, c'était de la comédie tout à l'heure ? Tu as choisis une destination au hasard ?
-Oui, admit-il.
-Alors il fallait nous le dire Aurélius ! Pourquoi est ce que tu mens ? Il faut le dire aux autres.
-Ça va être la panique si tu fais ça ! s'énerva le jeune homme, tu ne réfléchis vraiment à rien !
-Non mais ça va pas ? Calme toi , je veux seulement t'aider !
- F...Ferme-la ! Je vais m'énerver alors pars ! PARS !
Les yeux de Céleste se mirent à briller en se remplissant de larmes.
-Pauvre con ! cria t-elle avant de partir en courant en sens inverse.
Elle rejoignit Eden et, ravalant son chagrin, elle fixa furieusement le dos long, maigre et courbé d'Aurélius.
-Salut.
La jeune femme sursauta en entendant cette voix, grave et étrange. Elle tourna la tête et découvrit Orion, qui s'était matérialisé à sa droite. Comme un fantôme.
-Salut, répondit elle.
Comme il n'ajoutait rien, elle reprit la conversation :
-Ça va ? Tu tiens le coup ?
-Oui.
Un ange passa. Gênée, Céleste se creusa la tête pour trouver un sujet de conversation, mais aucun ne semblait suffisamment intéressant pour le jeune homme, alors elle ne dit rien, se contentant de regarder les autres membres du groupe.
Callisto et Io marchaient ensemble, discutant à voix basse. La femme paraissait avoir prit l'adolescente sous son aile et c'était tout aussi bien. Io semblait vraiment fragile et nécessitait d'être soutenue constamment. Aurélius, toujours devant et toujours seul, en meneur. Céleste songea qu'il devait avoir peur. Presque naturellement, ils lui avaient confié leurs vies. Leur survie reposait sur lui et qu'il ait les épaules ou non pour cette charge, il en était devenu le responsable.
Elle se détourna pour observer Titane qui jetait des regards inquiets autour de lui, en tordant ses mains. Oubliée l'apparence d'homme fort, à présent, c'était un petit garçon désemparé. Elle eut presque envie de le prendre dans ses bras.-T'as l'air triste.
Cette fois, la voix avait résonné tout proche de son oreille et Céleste en fut répugnée. Elle s'écarta discrètement.
"Comme tout le monde je crois. En même temps, c'est normal. Se retrouver ici, sans raison et de cette manière... on ne va pas en être heureux, non ?"
-Moi, je suis content d'être ici, répondit-il d'une voix monocorde.
Elle ne sut quoi dire de plus, choquée, et l'observa en coin. Son visage sans expression était pâle comme la mort à la lueur bleutée de la lampe. Il avait des cheveux de jais en épis, ébouriffés. Ses yeux vides trahissaient une certaine instabilité. Il était trop maigre, voûté. C'était un masque sans beauté posé sur un corps. La jeune fille se sentait extrêmement mal à l'aise à ses côtés.
-Aurélius ! Tout va bien ?
Callisto venait de crier en accourant vers lui. Le jeune homme était immobile, le visage levé vers le ciel. Le groupe le rejoignit en trottinant et ce fut un choc immense pour chacun.
Une lune énorme et rouge planait au dessus d'eux.
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Avant les Asphodèles
HorrorCéleste se réveille sous une nuit noire et vide. Elle n'a d'autre choix que de marcher pour comprendre où elle est, et pourquoi.