Chapitre 19

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Aurélius, hagard et exténué n'était plus capable de marcher droit. Il avançait en titubant, un pas mal assuré après l'autre. Il avait perdu ses lunettes, mais il serrait toujours l'anse de sa lampe. A chaque avancée, un gémissement lui échappait. Il n'arrivait pas à savoir s'il allait vomir, ou mourir instantanément. 

Et il la vit. 

Céleste. Comme à des kilomètres de lui. 

"Cé..."

Elle ne l'entendrait pas, il devait crier plus fort.

"Céles..."

Entends moi !

"CELEEEEEEESTE !" hurla t-il.

Elle tourna la tête. Alors qu'il s'effondrait au sol, elle se précipitait vers lui.

"AURELIUS !"

Se jetant au sol, la jeune femme l'enlaça, comme il l'avait tant de fois fait pour elle. 

"Enfin, je te retrouve, chuchota t-elle, mon dieu..."

Elle enfouit sa tête dans son cou. Elle n'osait pas lui demander ce qu'il était advenu des autres. Son terrible état suffisait à lui répondre. 

Elle dirigea de nouveau son regard vers la lune. Étrangement, une sensation particulière l'envahit. 

Son ventre se serra et elle se mit à trembler. Elle devait se concentrer. La réponse était tout près. La jeune femme contracta ses mâchoires pour s'empêcher d'hurler. A ses oreilles, résonnait à nouveau cette mélodie entendue mainte fois. Une voix irréelle, perçante et profonde à la fois...

M'épargneras tu, cette année encore, de ton coup meurtrier inéluctable ? 

Une ombre s'étendit, couvrant à moitié l'astre.

Une lune scindée.

Une part brillante.

L'autre plongée dans l'obscurité.

Comme cet endroit. 

Opposé à l'autre. 

M'épargneras tu, une nouvelle fois  ?

"Mais qu'est ce que je..." hoqueta Céleste en réalisant les esprits qui la cernaient. Des cadavres, des macchabées.

Échapperais-je à ton baiser mortel ? 

La décomposition. Sous terre. Ils s'étaient réveillés sous terre !

Toi, la toute puissante, la seule gagnante...

Céleste rouvrit tout doucement les yeux, tétanisée. 

Une vision magistrale. Elle contempla cette vision, des nuées de bleu, de rose, scintillaient de parts et d'autres. Étendues brillantes tout autour d'elle, douces et rassurantes. 

-Il est rare que des gens comme toi viennent me visiter. 

La voix provenait d'un coin reculé de la pièce. De là, la jeune fille put voir une immense ombre, démentielle et majestueuse. 

"Tu es cette voix, n'est ce pas ?"

-Oui. Je t'appelle depuis que tu es arrivée ici. 

-Céleste, où sommes nous ? 

Aurélius semblait avoir recouvert ses esprits. 

"Qui êtes vous ?" l'interrogea t-elle. 

Étrangement, elle ne sentait plus aucun inquiétude en elle, rien qu'un apaisement. Toutes ses peurs, ses préoccupations avaient disparues. Des traînées de couleurs pastel s'entremêlant au noir des murs, du sol et ciel créaient des dégradés apaisants. En tournant la tête, elle aperçu une tâche bleuté, lumineuse. Comme hypnotisée par les reflets sur l'espace, elle tendit la main, désireuse de s'approcher. 

Avant les AsphodèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant