Chapitre 11 : Tybalt

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Tomy ouvre un œil. L'autre, boursoufflé reste clôt. Elle est attachée, les mains dans le dos, à l'arrière de ce qui lui semble être une vieille camionnette. Elle grimace à chaque nid de poule et bosse sur la route. Secouée et ballotée dans tous les sens, la douleur dans ses côtes empire. Elle se concentre pour arrêter le temps mais rien ne se passe. Elle est épuisée. Blessée. Elle a perdu trop de sang. Ce n'est pourtant pas le moment de perdre connaissance. Tomy redresse la tête. Elle essaie de se tourner vers le siège conducteur. Elle y parvient, au prix d'un effort surhumain. Elle reconnait immédiatement l'homme au volant.

« Tybalt. Bordel.
L'interpellé se retourne. Un sourire éblouissant sur le visage.
- Hé ! Bien dormi, princesse ?
- M'appelle pas comme ça, fils de chienne. Crache-t-elle amèrement.
- Toujours aussi farouche, ma belle. Tu ne te rends pas compte de tout ce que j'ai dû faire pour te retrouver. Et toi, tu tentes de te sauver sans même me dire bonjour. Je le savais en t'épousant que tu ne serais pas la femme idéale mais de là à m'ignorer... Je suis un peu déçu.
- Oh le lourd. Tybalt, on s'est marié à Las Vegas, pour déconner. Du sang coule des lèvres de Tomy mais elle continue. Et j'ai obtenu l'annulation de ce mariage.
- Des mots prononcés par un juge corrompu n'ont aucune valeur.
- Parce que des mots prononcés par un alcoolique déguisé en Marylin Monroe en ont ? Passe à autre chose, mon vieux !
- Jamais. »

Tomy soupire longuement. Exaspérée par le discours insensé de son Ex-dealer. Ex-amant. Et surtout, Ex-mari. Qu'est-ce qu'elle pouvait être conne quand elle était jeune. Tout était bon, du moment que ça faisait enrager Léon. Et puis... Tybalt était le premier humain qu'elle avait côtoyé. Il avait été son lien avec le monde réel. Jusqu'à ce qu'il perde les pédales.

« Ne t'inquiète pas, princesse. Je te ramène à la maison.
- Mais c'est pas vrai. J'ai d'autres chats à fouetter, Tybalt ! J'suis pas à toi, on a rompu !
- Je te promets de ne plus te frapper, mon ange. Je deviendrai le parfait gentleman que tu mérites !
- Le parfait gentleman n'attache pas sa gonzesse à l'arrière de sa camionnette. Libère-moi avant que je te fasse sauter la cervelle !
- Je prendrai soin de toi... »

Reparti dans un délire dément, Tybalt ne l'écoute plus. Trop d'acides. Trop de cocaïne. Il n'a jamais su se modérer. C'était principalement ce qui dérangeait Tomy dans leur relation. Tybalt usait et abusait de son argent pour se payer sa dose. Il n'avait pas toujours la drogue joyeuse. Cela les a détruits tous les deux. Et pour s'en sortir, elle n'a pas eu d'autres choix que de faire appel à Léon. Ce qu'elle détestait plus que tout. Cette fois, elle va se sortir de la merde toute seule... Quand elle aura retrouvé ses forces. Tomy tente de se détacher mais elle n'y parvient pas. La douleur augmente à chaque mouvement. Elle finit par se résigner. Elle doit attendre le bon moment.

*

Désiré observe les effets des rayons du soleil sur sa peau. Son avant-bras est rouge vif. Couvert de cloques. La douleur est infime comparée à celle qu'il a déjà pu connaître. Elle n'en reste pas moins désagréable. Une fois la nuit tombée, ses cellules pourront se régénérer à nouveau. Pour le moment, il ne peut qu'attendre. Il soupire en levant les yeux sur les menottes en argent autour de ses poignets. Son nouveau chauffeur prend les choses un petit peu trop au sérieux. Pourquoi Désiré chercherait-il à s'échapper ? Il n'en a ni la force, ni l'envie. Il veut voir Léon.

« Tout ceci était nécessaire ?
- Le patron m'a dit de ne pas prendre de risque.
- Je ne compte pas m'échapper.
- Je sais. Le patron m'a dit que tu dirais cela.
Désiré sourit.
- Si le patron te l'a dit, alors... Et pour Tomyris ?
- Mais qu'est-ce que tu as avec elle ? Je ne sais que les grandes lignes de tes histoires avec Léon mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu t'entiches de sa fille. Simple conseil de camarade, garde tes distances.
- Je ne suis pas amoureux de cette fille. Je m'inquiète juste à son sujet. Comme le ferait un ami. Je sais que le concept vous paraît abstrait, à vous les vampires de sang pur, mais dans le monde des humains, c'est très répandu.
- Ne me fais pas rire, Désiré. Tu étais l'humain le plus détestable que j'ai pu rencontrer. Lâche, narcissique, déloyal, menteur, tricheur, antipathique et j'en passe !
Désiré ouvre la bouche mais la referme aussitôt. Le suceur de sang marque un point. Désiré était un humain ignoble.
- Elle s'en sortira. Ajoute-t-il. Elle s'en sort toujours. C'est une dure à cuire. La preuve, elle a survécu toute sa vie au milieu des monstres qui ne pensaient qu'à la dévorer. Mais si jamais nous ne la voyons pas revenir, j'en toucherais un mot au boss.
- Merci.
- À ton service. Je n'oublie pas ce que tu as fait pour ma femme. J'ai défendu ta cause auprès du patron, pour qu'il n'envoie pas Ryan et Léonie à ta poursuite.
Désiré hausse un sourcil. Ryan et Léonie. Ce serait comme utiliser une bombe atomique pour tuer les taupes dans ton jardin. Efficace mais complètement débile.
- Bon sang. Je te dois une faveur, Armand.
- Il me semble aussi. Alors tiens-toi tranquille. Et promets-moi de ne rien faire de stupide lorsque tu te retrouveras en face de Léon.
- Je te le promets. »

Join the Murder - En cours de réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant