Repos ! (Terminé)

3. Retrouvailles moroses...

Abygaëlle ne parle pas, trop occupée à écouter la véritable joute verbale qui se joue entre Luis et sa sœur. Leur complicité est évidente et ses pensées divaguent pour se concentrer sur son grand frère qu'elle aimerait tant taquiner comme Alexia le fait avec Luis...

- Alors ? Comment trouves-tu les lasagnes de ma sœur ? Demande Luis comme un appel à revenir parmi eux.

- Elles sont divines.

- Et oui, ma chère sœur a des dons insoupçonnés...

- C'est ce qu'elle m'a laissé entendre... Répond-elle.

Luis et sa sœur se regardèrent surpris, ne sachant pas si la blonde faisait de l'humour ou si elle insinuait quoi que ce soit.

- Bon je vais me préparer pour la chambre funéraire... Dit-elle en rangeant son assiette dans le lave-vaisselle.

Alexia qui ne connait pas la raison du retour de la blonde, regard son frère,  et celui-ci comprend en voyant l'étonnement qui habite ses yeux bruns, qu'il doit lui expliquer.

- Son père est décédé il y a quatre jours...

- Merde... Et moi qui l'ai taquinée toute la matinée...

- C'est pas une mauvaise chose, le pire, ce n'est pas la mort de son père pour elle, c'est d'affronter sa famille après huit ans d'absence.

- Elle n'est jamais revenue entre deux ?

- Non. Elle est simplement sortie de leurs vies, sans jamais appeler ou écrire...

- Donc aujourd'hui ça doit être terrible pour elle... Pourquoi elle a fait ça ?

- Je ne peux pas vraiment t'en parler, si elle le veut elle le fera...

- Elle n'a pas vraiment l'air d'être femme à se confier...

- Tu sais, derrière son côté froid et inaccessible, elle est fragile et surtout épuisée.

Luis se lève à son tour et débarrasse les deux couverts restant avant d'aller se changer dans sa chambre.

Abygaëlle porte un jean et un chemisier noir, seul vêtements « civil » qu'elle possède et qu'elle a d'ailleurs acheté pour cette funeste occasion. En sortant de la voiture garée devant le salon funéraire, elle sent un vent de panique engourdir son corps.

- Aby, ça va aller ! Lui dit Luis en serrant doucement ses épaules en geste d'encouragement.

- Je ne vais pas y arriver... Souffle-t-elle.

- Tu es forte ! Aller ! On y va.

Abygaëlle suit Luis en lisant les noms inscrit sur les fiches de chaque porte et finit par lire « Davis Abrahams ». Son cœur se serre et Luis entre avant elle pour lui donner du courage. Elle hésite, s'enfuir en courant serait tellement plus simple...

Plus simple mais impossible de faire marche arrière, son honneur est en jeu. Elle entre enfin après avoir respiré à plein poumon et soufflé pour se donner de la contenance.

La première personne se présentant devant elle est Emmanuelle, sa grande sœur. Elle la sert dans ses bras et fait un signe de tête en direction de leur mère en pleurs.

Abygaëlle avance avec précaution et vois cette femme diminué et qui semble avoir vingt ans de plus qu'il y a huit ans. La femme lève les yeux dans ceux de sa fille et la surprise est de taille.

- Abygaëlle ? Souffle-t-elle comme pour ne pas se réveiller et faire s'évaporer cette douce image de sa fille disparue.

La blonde lui sourit brièvement et madame Abrahams fond en larmes dans ses bras, s'accrochant à elle comme à une bouée de sauvetage. Le cœur de la jeune femme semble s'effriter en un millier de morceaux devant la détresse de sa mère.