28. Faire son deuil...

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          Au poste de police, chacun se retrouve interrogé par des inspecteurs différents, traité comme des criminels devant prouver leur innocence. L'enfer des interrogatoires dure plus d'une semaine, chacun entrant dans un programme de protection de témoin et isolé du reste du monde, entendu et réentendu des dizaines de fois. La police ne tolérera aucune faille, aucun détail malencontreusement omis.

Danielle et Alexia sont rapidement mises hors de cause en raison du peu d'implication qu'elles ont dans cette histoire.

Lorsque Abygaëlle sort enfin, elle est complètement exténuée, elle revit les cinq étapes par lesquelles on passe lorsque l'on perd un proche. Les cinq étapes du deuil... Le déni et la colère ayant laisser place à l'expression de sa tristesse, elle a énormément pleuré lors des interrogatoires et une psychologue a dû assister l'inspecteur. Elle en est alors à l'étape la plus difficile à traverser, la dépression qui mène à l'acceptation.

Comment accepter ? Comment intégrer le fait que toute sa vie n'est été qu'un mensonge ? Le fait le plus bouleversant de sa vie, celui qui la régit ces dernières années ?

En sortant du poste, c'est sans surprise qu'elle trouve Alexia qui l'attend. Elle regarde la brune sans savoir quel sentiment elle éprouve, à part celui de culpabilité en voyant son visage bleuit pas le coup qu'elle lui a porté au visage.

Son esprit est engourdi par la douleur, elle voit Alexia se lever et la laisse la prendre dans ses bras rapidement avant de s'en écarter et s'éloigner sans même la regarder.

—      Abygaëlle ? Viens, je t'emmène à l'appartement...

—      Non, je rentre chez moi.

Alexia reste interdite, qu'est-ce que ça veut dire ? D'où parle-t-elle en disant « chez moi » ?

—      D'accord, mais tu dois récupérer tes affaires...

—      Non, je n'en ai plus besoin, je... Elles ne sont pas à moi... Ça n'a jamais été moi...

—      Laisse-moi te raccompagner chez toi alors... Tente la brune sentant l'angoisse monter en elle en constatant la blonde distante et désorientée.

—      Non ma mère est là.

Alexia se contente alors de la regarder sortir, la suivant quelques pas derrière elle. La voir monter dans la voiture de sa mère comme une adolescente ayant commis un délit lui serre le cœur. Sa blonde ne lui a même pas jeté un regard avant qu'elle ne la voit partir.

Abygaëlle ne parle pas durant le trajet qui l'amène chez sa mère. Elle file directement dans son ancienne chambre et y trouve un survêtement datant de l'époque du lycée, il lui va toujours... Elle file sous la douche et pleure à chaudes larmes.

Les jours défilent, Alexia essaie d'entrer en contact avec Abygaëlle sans succès, la blonde refuse de lui parler, elle n'accepte en fait que la présence de Timaël qui fait alors la liaison entre les jeunes femmes. Il est également tiraillé entre sa sœur et sa mère qui ne cesse de se disputer. Il entend sa sœur pleurer chaque soir sans pouvoir soulager sa peine, luttant lui-même contre son propre chagrin.

Une semaine, deux semaines, trois semaines... Avant qu'Abygaëlle ne sorte enfin de chez sa mère, déambulant au hasard des quartiers voisins. Puis sans trop savoir comment, elle arrive devant l'immeuble de Luis, elle sait qu'il est toujours retenu dans le programme de protection des témoins et que là-haut, Alexia doit être seule.

Elle monte les escaliers plutôt que de prendre l'ascenseur, souhaitant ressentir un peu plus la douleur de son corps fatigué d'avoir marché durant des heures.

Repos ! (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant