Repos ! (Terminé)

29. Le procès

          Tout le monde est déjà installé lorsque les trois juges entrent dans la salle d'audience, Abygaëlle les regarde attentivement, distingue le président des deux assesseurs et le fixe comme si elle pouvait y lire l'issue de ce procès.

L'accusé entre enfin, menotté et entouré par deux agents de police. La blonde le regarde passer du coin de l'œil, incapable de tourner la tête de peur croiser son regard et de ne pouvoir retenir ses pulsions meurtrières davantage.

Alexia vient poser sa main sur celle d'Abygaëlle qui tapote nerveusement sa cuisse et celle-ci s'accroche à elle sans la regarder, la brune sait à quel point cet instant doit être éprouvant pour elle.

Quelques mots lancent le début de l'audience, Sébastian Abrahams contre la société Abrahams industrie représenté par Abygaëlle Abrahams et son avocat Maître Luchon. Les chefs d'accusation tombent :

— « Tenue d'une maison de jeux de hasard », « Utilisation de bien d'autrui à des fins criminelles », « Trafique et détention de drogue », « Blanchiment d'argent avec circonstance aggravante ».

Abygaëlle sait qu'elle devra être patiente car l'inculpation pour meurtre devrait être le résultat de cette audience.

Sébastian passe à la barre et répond aux questions du président puis de Maître Luchon qui pose des questions pertinentes. Le procureur de la république entame à son tour son interrogatoire puis vient le tour de l'avocat de la défense.

Celui-ci l'interroge sur des faits tout à fait étrangers au procès, ce que ne tardent pas de faire remarquer Maître Luchon, mais tous comprennent où il veut en venir lorsque Sébastian montre la mère d'Abygaëlle du doigt. La blonde n'y croit pas et doit faire un effort de pour enfin percuter que Sébastian est en train de désigner sa maîtresse et complice.

Abygaëlle tourne alors la tête vers l'accusé et lorsque leurs regards se croisent, elle y lit un sentiment de fierté non dissimulé, un sourire vient même étirer brièvement le coin de ses lèvres. Il respire profondément, emplissant ses poumons d'un air galvanisant.

Madame Abrahams est le premier témoin à passer devant la barre et Abygaëlle comprend bien vite pourquoi elle a tant tenu à ce qu'elle signe les papiers de reprise de l'activité de son père avant le début du procès et à ce que ce soit elle qui représente l'entreprise.

Elle écoute les réponses de sa mère et son rythme cardiaque s'accélère, sa respiration se saccade, elle manque d'air, pourtant, elle parvient à rester calme, écoutant avec dégout que sa mère avait une relation avec Sébastian depuis vingt ans. Elle l'entend également répondre positivement à d'autres questions, « Connaissiez-vous la nature des activités criminelles de votre amant ? », « avez-vous personnellement participé à ces activités ? ». Elle est cependant rassurée, bien que peu étonné, d'avoir la confirmation que son père n'était au courant de rien.

Lorsque la séance est levée, il faut plusieurs secondes à Abygaëlle pour se remettre de ses émotions, tant de révélations, appuyées par des preuves photos, vidéo et audio qui confirme que sa mère est complice, jusqu'à quel point l'est-elle ? Se demande la blonde.

-  Allez ma puce... On doit y aller... Chuchote doucement Alexia dans son oreille.

Elle se laisse alors emmener jusque chez sa mère sans pouvoir se retirer de la tête tous ces mensonges qui ont rythmé sa vie. Bien sûr, madame Abrahams est placée en détention provisoire dans l'attente d'une audience, et Abygaëlle en est folle, elle aimerait tellement pouvoir lui parler et lui poser toutes les questions qui se bousculent dans sa tête et qui la font divaguer dans un endroit très loin de son enveloppe physique.