Dix-huit.

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Charlie Bridges.
Jeudi 19 mars 2015 - Westerville, Ohio.

En descendant, ce matin, je vois Caleb et Isaac affalés dans le canapé tout en regardant la télévision. Ils sont irrécupérables. Quand je suis rentrée du cinéma hier soir, ils étaient déjà dans cette position. Si je ne les avais pas entendu monter pour se coucher, je pourrais croire qu'ils aient dormi ici.

- Quand les petits sont là, vous vous levez toujours le plus tard possible et là qu'ils ne sont pas là, vous êtes debout à huit heures.

- On fait exprès de se lever tard quand ils sont là pour que tu t'en occupes, me dit Isaac sans quitter l'écran des yeux.

- Vous abusez, soupirais-je.

- Tu nous fais le petit déjeuner ? supplie mon jumeau.

- Vous n'avez même pas mangé ?

- Non, on attendait que tu le fasses.

- D'accord, soupirais-je. Qu'est-ce que vous voulez ?

- Pancakes ! s'exclament-ils en chœur.

Je vais jusqu'à la cuisine pour préparer la pâte à pancakes. Ils ne demandent que ça, tout le temps. Ils disent que ceux que je fais sont légers et peu gras. J'en fais une trentaine, mais ils trouvent le moyen de les manger en une dizaine de minutes. Je mets la pâte à reposer dans le réfrigérateur puis je vais rejoindre les garçons sur le canapé.

- Vous savez à quelle heure Drew est partit pour accompagner Abby ?

- Je crois les avoir entendus partir vers six heures, me répond Isaac. Il devrait rentrer vers dix heures. Ça dépend du temps qu'ils mettent à se dire au revoir, ricane-t-il.

- S'il te plait, je ne veux pas avoir cette vision de Drew dès le matin, grimaçais-je.

Il rit légèrement avant de se re concentrer sur la télévision. J'y pose alors mon regard pour découvrir qu'ils sont en train de regarder une émission de télé-réalité avec des filles se baladant en maillots de bains à longueur de journée. Connaissant Isaac, il ne regarde que pour pouvoir mater les fesses et les poitrines en silicone de ces filles sans cervelles. Par contre, je ne sais pas pourquoi Caleb regarde. Lui qui déteste tout ce qui est faux chez une fille. Bon, un homme reste un homme. Il a des yeux pour regarder.

Je décroche mon regard de l'écran pour le poser dans le vide. Mes pensées divaguent sur la conversation que j'ai eu hier soir avec Shay, en sortant du cinéma. Je pensais qu'il voulait avoir une vraie conversation quand il s'est mît à me parler du film, mais j'ai vite compris qu'il reviendrait sur le même sujet qu'il a depuis plusieurs jours. A savoir, nous.

N'importe quelle fille aurait craqué s'il lui avait dit qu'elle était plus belle à regarder qu'un film sur écran géant, mais pas moi. Ce ne sont que des phrases bateau que les garçons utilisent pour nous faire craquer, nous les filles pleines de sentiments. Dans ces situations, il ne faut montrer aucun moment de faiblesse auquel cas ils pensent que c'est gagné.

J'ai failli craquer hier soir. J'ai failli être faible, mais je me suis reprise. Quand sa main s'est déposée sur ma joue, le contact a suffi à me bloquer sur place. Je n'ai pas réussi à le repousser. Je n'en avais peut-être pas envie. Après tout, c'était notre premier contact physique depuis cinq ans. Sa main était chaude sur ma joue. Mon cœur s'était mît à battre rapidement, mais pas avec la même force qu'à l'époque. Quand il a dit qu'il m'aimait plus fort que l'univers, j'ai vraiment cru que j'allais fondre. C'était notre phrase, celle qui nous ressemblait, qui désignait parfaitement notre relation. Ces mots auraient pu avoir plus d'importance si la dernière fois qu'il les avait utilisé n'avait pas seulement été pour me réconforter. J'ai failli craquer à ce moment-là, mais je me suis reprise en me souvenant la douleur que j'avais ressentie lorsqu'il m'a laissé.

First loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant