~PDV Bertrand~
Pourquoi il a fallu que ça m'arrive à moi ? Pourquoi il a fallu que je chope cette merde intraitable ? Pourquoi je vais mourir à 27 ans ? Et surtout, pourquoi est-ce que je passe mes journées à regarder ce mur gris ? Il a quoi de si spécial pour qu'il capte chaque jour mon attention ? Est-ce que c'est le cadre pas droit dessus qui me fait le regarder ? J'en sais strictement rien mais en tout cas je sais une chose : Ma vie c'est de la merde.
Parce que depuis que je suis petit, j'ai un grand rêve. Un rêve réalisable par seulement quelques personnes de ce monde, oui, je rêvais de faire de la télé. Je rêvais d'être comme Philippe Gildas ou Antoine de Caunes, un grand animateur reconnu. Mais j'ai raté mon casting pour bosser à Canal alors j'ai testé pleins d'autres chaînes mais toujours rien. Donc je suis resté journaliste. Je suis resté à écrire les fiches des résumés de livres. C'est déjà pas mal mais j'ai essayé de persister et j'ai passé un dernier casting, le dernier de ma vie je pense, pour travailler sur D8. Mais je l'ai une nouvelle fois raté parce que c'est la première fois où j'ai ressenti cette douleur lacérante dans mon crâne et je suis tombé dans les pommes à la fin.
Voilà trois mois que j'ai été diagnostiqué porteur d'un virus orphelin. Voilà trois mois que j'ai revu aucun de mes amis, espérant qu'ils m'oublient et que je meure sans faire trop de mal autour de moi. Et je crois que ça a marché. Puisque ça fait aussi trois mois que je ne reçois que des messages de ma famille ou de mes collègues qui me demandent mon travail. En fait, ça me rassure, j'ai pas envie d'être une bombe à grande portée, j'ai envie d'être une légère grenade, avec moins d'impact sur ce monde.
Sauf que ce soir, j'ai envie de sortir, juste pour revoir le soleil se coucher ou juste pour croiser des parisiens malpolis. Moi qui les détestait maintenant je les envie tous, je les envie de pouvoir vivre. De pouvoir faire ce qu'ils veulent. Mais ce soir, je vais faire ce que je veux, aller dans un bar et juste boire. Sans plus, juste envie de sentir à nouveau le goût de la liberté que je ressentais tellement avant.
Alors je me suis levé de mon canapé, j'ai éteint la télé qui diffusait une émission lambda et j'ai attrapé mon manteau avant de sortir de cet appartement à l'atmosphère sombre et pesante.
J'ai marché dans la rue en slalomant entre les gens qui rentrent du travail et ceux qui discutent avec leurs amis comme j'aurais pu le faire il y a trois mois. J'ai senti le vent printanier me frôler doucement le visage. J'ai senti la fine chaleur de ce début d'été. Et j'ai respiré l'air pollué de la capitale a pleins poumons. Je devais sûrement avoir l'air d'être un touriste à regarder de partout. À regarder les anciennes devantures de magasins fermés depuis que je suis pas sorti de chez moi. À regarder les nuages et le soleil en train de se coucher derrière une nuée d'immeubles. Mais je m'en fichais et je marchais vers le bar où il y a trois mois j'allais tout les jeudis avec mes amis.
Je me suis assis en terrasse et j'ai dit bonjour au serveur que je connaissais bien depuis le temps. Il paraissait étonné de me voir et on a un peu discuté ensemble, je me sentais bien ce soir. J'ai commandé un verre et j'ai regardé le petit parc de l'autre côté de la rue. Il y avait des enfants qui faisaient du basket. Ça m'a fait esquisser un léger sourire. Oui, je profitais de chacun des petits plaisirs de la vie maintenant que je les voyais. Même si c'est que au moment où je vais mourir que je vois la beauté de la vie, je profite quand même.
J'ai passé quinze bonnes minutes à regarder ce joli spectacle quand un homme m'a demandé si il pouvait s'asseoir en face de moi. J'ai d'abord hésité mais j'ai finalement accepté. Je me suis intérieurement décrit son visage. Le visage de ce brun aux traits un peu marqués. J'ai regardé ses iris d'un marron presque noir avec un léger sourire en coin. Puis il a parlé, j'ai pas compris ce qu'il m'a dit tant sa voix m'a envoûté d'un coup. Alors j'ai dit :
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Before You
RomanceÇa fait maintenant trois mois que Bertrand est au courant d'une chose qui a boulversé sa vie, il va mourir. Il va mourir à cause d'une maladie orpheline détectée que chez treize personnes dans le monde entier. Voilà pourquoi il est resté enfermé che...