Chapter 11

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Il était 18h45 quand Camille et moi on est arrivés devant l'appartement de Martial, qui ressemble plus à un loft qu'autre chose, on était les cinquièmes. Donc j'ai gagné cinq euros, pari avec le Combal, et on est rentrés à l'intérieur. J'avais envie de faire chier Camille, donc je lui ai chuchoté à l'oreille :

- Si tu me cherches, je drague Valérie.
- Vas-y.
- Ok.

J'ai laissé Camille dans l'entrée et je suis allé voir Valérie qui parlait avec une femme blonde, petite, dont je ne connaissais pas le nom. J'ai fait la bise à mon amie et elle m'a présenté son amie, elle s'appelle Énora et elle fait de la radio. Donc je lui ai aussi fait la bise et j'ai attrapé un verre du serveur, on sait pas ce qu'il s'est passé dans la tête de Martial, avant de m'intégrer un peu à la conversation.

Les gens sont arrivés au fur et à mesure et j'ai fait la connaissance de Matthieu Delormeau et de Benoît Dubois. J'avais pas de visage sur ses noms avant. C'est les archétypes des candidats de télé-réalité. Y'en a qui ont commencé à danser au milieu de la pièce et on était trois à pas le faire, Camille, Valérie et moi, et comme on était couverts par le bruit de la musique, Valérie a commencé à nous poser des questions sur notre couple, j'avais presque oublié qu'elle nous avait vus ensemble, auxquels on essayait de répondre. Parce que c'est pas facile.
Mais la musique a changé à un moment, c'est devenu un slow. Alors j'ai regardé autour de moi mais Camille m'a tendu sa main. Que j'ai finalement attrapé quand il m'a dit qu'il en avait rien à faire des autres qui nous verrons. Donc malgré les regards médusés des personnes autour, c'était trop bien ce slow avec mon Camille.
La tête posée dans le creux de son cou, je respirais son parfum enivrant, les yeux fermés j'écoutais juste la musique en serrant Camille contre moi. Lui me susurrait à l'oreille des mots doux, juste audibles par moi et lui. Mais la musique s'est finie et tout le monde a dit en même temps :

- Vous êtes gays ?!

Je me suis écarté de Camille pendant que lui riait des mines désemparées de la plupart de ses chroniqueurs. J'ai attrapé mon verre que Valérie m'avait gardé et elle m'a dit :

- Très beau slow, et très couillu.
- Je sais, c'est ce qui le rend sympa.

J'ai bu un coup avant que Camille dise à toute l'assemblée, qui était vraiment totalement étonnée :

- Donc oui, je suis gay. Et ça fait un mois que je sors avec Bertrand.
- Mais pourquoi tu nous l'as jamais dit ?

Camille a eu un petit rire gêné avant de répondre à Martial :

- Parce que j'en avais pas besoin. Franchement, ça sert à quoi ? Que j'aime les hommes ou non ça change rien.
- Si, ça me fait avoir une toute autre conception des tapes dans le cul...

Tout le monde a éclaté de rire pendant que Camille revenait à côté de moi, pour approcher sa bouche de mon oreille et dire :

- J'ai bien géré non ?
- C'était parfait.
- Bah voilà. Au moins, j'arrêterai de me faire draguer par Énora.
- T'es à moi.

Je me suis agrippé à son bras pour dire ça, Valérie a eu un léger rire avant que Camille m'embrasse et me susurre ensuite :

- Bien sur que je suis à toi. Autant que tu es à moi jeune scout.
- Je crois que j'aime vraiment ce surnom en fait.

Camille a rit avant que je finisse mon verre et que je l'attire sur l'espèce de piste de danse pour danser, logique, avec tout le monde. On a fait ça pendant cinq bonnes minutes, dansant sur du P!nk, je crois que j'ai ma nouvelle chanson favorite. Mais j'ai dû abandonner un peu Camille, parce que ma tête commençait à tourner un peu. Et ça présage rien de bon si je peux me permettre.

Après avoir enfin repéré les toilettes, très loin de la salle, j'ai eu la nausée, pourquoi cette maladie de merde doit me ruiner la vie putain ? Alors je me suis enfermé et j'ai vomi. Ça faisait beaucoup plus mal que les autres fois. J'ai rapidement tiré la chasse d'eau avant de sortir. Camille était déjà dans le couloir, il était venu voir ce que je faisais. J'ai eu un bref soupir avant qu'il s'approche de moi et qu'il me demande :

- Ça va ?
- Ouais, je suis juste un peu fatigué, donc je rentre.
- Je t'accompagne.
- Non c'est bon. Profite un peu. Je vais pas te condamner à rester tout le temps avec moi non plus.
- Mais j'ai envie de rester avec toi, donc c'est pas une condamnation du tout.
- T'es mignon, mais reste encore un peu.
- J'ai pas envie si t'es pas là...

Il m'a fait sa bouille de chaton, c'est tellement choupi cette tête que j'ai finalement renoncé à pas trop lui gâcher la vie à lui aussi. Alors il a eu un énorme sourire avant d'aller dire au revoir au autres, alors que ça faisait à peine deux heures qu'on était là. Je suis tellement un boulet pour lui... Après deux trois réaction du type "Protégez-vous les gars." On a enfin pu sortir de cet appartement/loft. Camille avait toujours son petit sourire en coin alors que moi je commençais à vraiment me sentir très mal, j'ai eu le droit aux bouffées de chaleur en premier. Mon brun m'a dit lorsqu'on est arrivés en bas :

- T'es sûr que ça va ? T'es tout rouge.
- Je crois que je suis pas franchement ce qu'on peut appeler "en bonne santé"
- Pardon...
- Hey, c'est rien. C'était juste un message.

Il a tourné sa tête vers moi, l'air un peu inquiet, avant d'enfin comprendre et me dire :

- T'es maudit franchement, à chaque fois qu'on passe un bon moment, tu fais une crise.
- Le pire c'est que je te tue tes soirées à toi.
- Absolument pas. Tu sais que quand tu fais une crise tu parles comme un enfant ?
- Vraiment ?
- Vraiment. Et c'est le truc le plus mignon que tu puisses faire, après ta bouille de chaton.
- Tu t'es bien rattrapé aux branches toi.
- Je suis un singe Monsieur Chameroy.
- Je savais déjà ça.
- Hey !

Il m'a un peu bousculé et j'ai rit. C'est vraiment l'amour vache de temps en temps nous deux, mais ça reste de l'amour. Parce que sinon, il serait déjà plus dans ma vie nulle. Et il aurait sûrement trouvé quelqu'un d'autre...

- Ça va ? T'es devenu sérieux d'un coup, ça arrive jamais ça d'habitude.
- Un partout. Je peux te poser une question ?

On est monté dans notre voiture avant qu'il me réponde par :

- Vas-y, je suis tout ouïe.
- Qu'est-ce qui t'as poussé à venir me voir ?
- J'en sais rien... Mais c'est sûrement le fait que tu avais l'air triste. Et que j'aime pas voir des gens tristes.
- Ah...
- Pourquoi cette question si subitement ?
- Pour rien. Mais même pas une seconde tu t'es dit que j'allais mal réagir et que j'étais pas gay ?
- Non. Simplement parce que j'ai soit du nez, soit une incroyable chance, mais j'arrive à différencier les gays et ceux qui le sont pas.
- T'arrives avec les animateurs télé ?
- Bien sûr.

Voilà comment on a commencé un grand jeu. J'ai appris que selon lui, Christophe Beaugrand serait gay, genre ? Puis à un moment, on a arrêté ce jeu parce qu'il voulait se concentrer sur la route. Alors je le regardais, je photographiais son magnifique visage éclairé de ce sourire et de cette lumière orangée comme la première fois, comme si c'était la dernière fois. Maintenant, je prends le temps d'admirer chacune des merveilles de ce monde, et mon Camille en fait bien évidemment partie.
Je crois qu'il m'a soigné en me faisant rire. Parce que de tout le voyage, j'ai eu aucun symptôme de ma maladie passive en plus. Tout est venu d'un coup quand on est rentrés, mais vous connaissez déjà le topo.

Before YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant