Chapter 15

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Je vois bien que Camille est tout le temps inquiet pour moi. Il cherche absolument à me faire avoir le sourire et ça, c'est la seule chose qui me rend heureux aujourd'hui. J'ai laissé tomber le retour de ma passion pour le dessin, parce que mes mains tremblent tout le temps. Beaucoup trop violemment pour mes dessins. Alors j'ai brûlé, arraché, déchiré, froissé des feuilles mais rien n'y fait, je tremble, donc le dessin est fini lui aussi.

Je passe quand même beaucoup de temps sur le toit, il fait froid cet été, pas au point de se geler comme en hiver mais il y a du vent, léger mais il y en a. Je suis assis au centre de mon dessin à la craie et je regarde le ciel. Je regarde les nuages et tout ça. Je pourrais faire ça des journées entières si Camille ne me rattachait pas un peu à la vie. Quand je redescends pas pour venir manger avec lui, il monte sur le toit pour m'apporter une assiette, et accessoirement mes médicaments. J'essaye de lui sourire tout le temps, malgré le fait que je sois tout le temps triste et à la limite du désespoir. On discute tout les deux, de tout et n'importe quoi, on s'en fout de ça c'est juste pour entendre la voix de l'autre je pense.

De temps à autres, je m'endors sur le toit. Et je me réveille dans mon lit dans les bras de Camille, il est tellement mignon avec moi que ça me fait mal. Il s'est attaché à moi. Et je le sais très bien à la vue des sourires et des regards qu'il m'envoie. Il est très mélancolique lui aussi. Mais me le cache très bien. Même si des fois, je fais semblant de dormir quand il est au téléphone avec quelqu'un, souvent une personne de TPMP, et qu'il lui demande des nouvelles, je pense que je suis devenu ennuyant. Est-ce parce que je sais très bien que tout est fini ? Ou c'est parce que je l'aime tellement que je cherche à faire en sorte qu'il se détache de moi, qu'il aille voir ailleurs ? Chose qui n'a jamais abouti, puisqu'il est sûrement le gars le plus fidèle de la planète entière.

Je vais presque trois fois par semaine voir ma médecin, parce que l'autre est en vacances je crois, et elle est beaucoup mieux que l'autre. En tout cas, elle a l'air plus pro. Elle me demande souvent les symptômes que j'ai pu ressentir avant mes crises, mais je ressens rien de spécial avant en fait. Et elle me demande aussi les symptômes pendant. Pour qu'elle puisse les dire à l'autre patient qui a la même merde que moi.

Ça fait deux semaines que c'est ça ma vie. J'ai l'impression que je suis devenu aussi triste que ma propre maladie. Et que malgré tout les efforts de Camille pour me rendre heureux, j'ai envie qu'il me quitte. Mais je garde ça pour moi. Aujourd'hui, j'ai l'impression de ne plus exister du tout en fait. Alors je me suis relevé du toit et je suis redescendu dans mon appartement. Camille était en train d'écrire des messages à quelqu'un dans notre chambre. Assis sur notre lit. Donc j'ai eu une idée. J'ai eu envie de profiter un peu de ce brun tant que je l'avais avec moi. Je l'ai interpellé et j'ai enlevé mon tee-shirt sous ses yeux tristes et amoureux à la fois. Mais il a pas eu la réaction que j'attendais lorsque j'ai fait ça. Il a pâli. Donc j'ai fait tomber mon vêtement au sol avant de demander :

- Qu'est-ce qui t'arrives ?
- Pourquoi t'as ça ?
- Mais de quoi ?

Il m'a fait signe de m'approcher, ce que j'ai fait, malgré l'intrigue que je portais à sa phrase. Je me suis mis à genoux devant lui, sur le lit, attendant la fin de cette interrogation. Il a passé sa main sur mon torse, ce qui a eu le don de me faire frissonner, avant de dire :

- Qui t'as frappé ?
- Personne, de quoi tu me parles ?
- C'est quoi ces bleus alors ?

Il était en colère et moi j'ai baissé les yeux pour voir de quoi il me parlait. Il a posé son index en dessous de l'un de ses bleus avant de me demander une seconde fois :

- Qui t'as fait ça ?
- Personne, je te le jure Camille.
- Bah qu'est-ce que ça fout là ?
- J'en sais rien du tout. Mais la seule personne qui a posé la main sur moi récemment c'est toi.

Il a eu un léger sourire, mais il fixait toujours ces hématomes miraculeux, qu'est-ce qui c'était donc passé pour que j'ai ça ? Il a passé une seconde fois sa main sur mon torse, j'ai frissonné une nouvelle fois. Alors il a quitté ses bleus des yeux pour me regarder moi. Il m'a sourit avant de dire :

- T'étais pas venu pour me montrer ça ?
- Non.
- Donc j'ai l'impression de savoir pourquoi tu es là. Je peux ?
- Fais-moi ce que tu veux beau brun...

Il s'est emparé de mes lèvres avant de me donner ce que j'étais venu lui soutirer. J'ai eu l'impression de revivre d'un coup. J'ai eu l'impression de perdre toute cette tristesse accumulée au fil des jours. J'ai oublié ces derniers jours, rien n'était arrivé. J'ai retrouvé le vrai moi grâce à Camille.

Je me permettais de mater son corps qu'il appelle "Insolite" pendant que lui reprenait petit à petit son souffle à côté de moi. Il avait posé une main sur ses yeux, me les cachant. Mais pour l'instant je contemplais le reste. Puis il a enfin repris à peu près son souffle et m'a dit :

- On va vraiment avoir des problèmes avec les voisins...
- J'en ai pas eu en deux ans ici, alors ça va pas commencer juste avec toi.
- Et pourquoi pas ?
- Tu vas pas chercher à me faire virer d'ici ?
- Non, mais j'avais envie de te faire quelque chose sur l'instant.
- Bah t'as pas réussi.
- Tu sais que je peux continuer ?
- Ça ira en fait.

Il s'est tourné vers moi et j'ai posé ma main sur sa joue, pour la caresser doucement. Un fin sourire s'étirait sur ses lèvres. Je me suis plongé dans son regard, je m'y suis perdu et j'aurais pu jamais en revenir si il n'avait pas baissé les yeux pour regarder une nouvelle fois mon torse. Il a posé sa main dessus et a appuyé à certains endroits, j'ai pas eu mal. Il a quand même soupiré et m'a dit :

- Si il t'était arrivé quelque chose tu me l'aurais dit ?
- Bien sûr, juste pour te laisser prouver à quel point t'es le petit-copain parfait.
- T'es pas mal non plus dans ce classement.
- Chut, tu parles à un malade chauve amoureux.

Il a explosé de rire et j'ai aussi légèrement rit, c'était la vérité sur ma situation mais dit de cette façon, c'était drôle. J'ai surtout apprécié son rire à lui, il le trouve moche car trop grave, mais moi je le trouve aussi sublime qu'une musique douce. Peut-être que c'est l'amour qui me fait voir les choses de cette façon, mais en tout cas je l'entends comme ça aujourd'hui. Il s'est calmé et m'a dit :

- Comment tu peux dire ce genre de phrases ?
- J'en sais rien. Mais en tout cas, on en reparle du tapis qu'est un bon coup si il est passif ?
- J'avais oublié ça...

Il a rit une seconde fois, et j'ai sourit en écoutant son rire comme il y a deux minutes. Lorsqu'il a eu fini, je me suis emparé de ses lèvres, gravant leur goût dans les miennes à tout jamais. Avant qu'il le rompe et me murmure :

- Je t'aime Aladdin.

Before YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant