Before You

Chapter 18

Plus les jours passaient, plus je me sentais faible, et inutile. J'étais de plus en plus pâle et j'arrivais plus à manger. L'inquiétude de Camille me touchait énormément mais je pouvais rien faire de plus que lui sourire pour lui montrer. Au bout de 2 semaines, j'ai du dire au revoir à la télé, tellement mon état me permettait pas les folies de l'émission de Camille. Donc ma disparition a beaucoup fait réagir les téléspectateurs mais Camille n'en parlait jamais à l'écran, je lui avais demandé moi-même donc il avait fait ce que je lui avait demandé donc c'était bien.

Une semaine que j'espère chaque jour que les vitamines que je prends vont me faire redevenir comme avant, et que je vais enfin pouvoir retourner dans l'émission, mais rien. À croire que je suis en train de mourir doucement, de me consumer à petit feu. Chaque soir, j'essaye quand même un minimum de pas montrer mon immense tristesse à Camille, quitte à me faire mal en bougeant trop rapidement pour mon corps de merde.
Souvent, on regarde un film le soir tout les deux, et je m'endors contre lui. Dans la chaleur de ses bras, avec un fin sourire aux lèvres, avec mon sourire d'amoureux aux lèvres. Alors il s'occupe de moi, et me porte jusqu'à notre lit ou je me réveille le matin, sans lui.

Je trouve ces moments trop courts pour une si longue journée ou je les attends, pourtant, aujourd'hui, jeudi 17 septembre, j'ai enfin pu redevenir moi même. Je pouvais courir de partout, je pouvais sauter de partout, j'avais ma liberté de geste d'un coup. Je cherchais pourquoi dans ma tête, dans l'espoir qu'une réponse arrive, mais je me suis écroulé au sol.

J'ai commencé à avoir des hallucinations bizarres, j'avais l'impression de ne plus rien voir, mes yeux me passaient toute ma vie en un éclair. De mon enfance jusqu'à aujourd'hui, s'arrêtant à des points importants, je convulsais allongé au sol. Mais je regardais ces images, me focalisant sur les fois où le visage de Camille apparaissait, j'entendais sa douce voix raisonner à mes oreilles, je sentais ses mains effleurer ma peau, je sentais ses lèvres rencontrer les miennes.
Je meurs ? Est-ce à ça que ça ressemble ? C'est doux. Je m'attendais à un vide, a du noir, mais non, je revoyais la personne qui tenait le plus à mon cœur. J'ai fermé les yeux, prêt à partir.
Mais les flashs se sont arrêtés, ils ont disparus. J'ai juste eu une légère décharge dans le crâne, en mode "Hé bah non t'es pas encore mort en fait." Donc je me suis redressé, j'avais toujours cette liberté de mouvement. Et je me suis assis dans un fauteuil en serrant mon lapin contre moi, le regard trouble et vague. Je cherchais une signification à tout ça.

Je suis resté une heure à réfléchir à ça. Puis j'ai eu peur de comprendre. J'ai eu peur de comprendre que je venais de recevoir un avertissement de mon cerveau pour me dire que oui, j'allais sûrement mourrir à la fin de la journée, où même de l'heure. Je ne songeais pas au fait que ça puisse arriver demain. Et j'ai laissé mes larmes couler sur mon visage. J'ai laissé mes joues me brûler.
Demain, c'est l'anniversaire de Camille... Je serais sûrement pas là pour ça...

J'ai attrapé mon téléphone, je savais très bien que très peu de malades pouvaient savoir quand ils mourront, alors j'ai saisi cette chance pour appeler mes parents, ma famille, et leur dire au revoir. Je peux pas les faire venir ici, ni même aller chez eux, alors j'étais obligé de leur faire mes adieux par appel.

Je suis resté deux heures avec ma mère et mon père, et trois avec ma sœur, à essayer de la consoler un peu, mais comment consoler une personne alors qu'elle pleure pour toi ? J'ai pas trouvé, et finalement, ma mère a pris le relais en arrivant chez elle et en la consolant à ma place. Alors j'ai raccroché. Et j'ai regardé mon téléphone en pleurant. Il est tombé au sol lorsque j'ai commencé à trembler tant mes sanglots étaient puissants.

J'ai réussi à m'arrêter de pleurer lorsque j'ai pensé à Camille. Ça allait être notre dernière soirée, je pouvais pas me contenter de juste m'endormir dans ses bras comme tous les autres soirs. J'ai donc réfléchi. J'ai essuyé mes larmes et j'ai pensé à la dernière chose que j'allais pouvoir vivre avec mon brun.
Et je me suis dit que j'allais rien lui dire à lui, j'allais pas lui dire que j'allais partir. Parce que je voulais pas que cette soirée soit mélancolique. Je voulais d'un truc amoureux et passionné. Et j'ai finalement trouvé ce que j'allais lui demander...