3 Mètres Au Dessus Du Ciel : Une Vie Avec Toi

Just gonna stand there and hear me cry

Il y a souvent des moments dans la vie où le chemin qu'il reste à parcourir semble interminable, où tout semble bien plus compliqué que ce qu'on a déjà accompli. Il y a plein de moments comme celui là mais certains vous marquent plus que d'autres. Quand H écarte les cheveux du visage essoufflé de Gin il sait que celui la en fait parti. Quand il cherche l'accalmie derrière la fureur de son regard il sait, tout au fond de lui, qu'il est encore au pied d'un mur. Gin le sait elle aussi, peut être plus certainement que lui. Et encore une fois il va devoir trouver les mots pour ne pas dire ce qu'il pense vraiment.

-pourquoi tu fais ça?
-parce que je suis fatiguée de te courir après Hugo. Je ne veux plus courir.
-je n'ai rien fait ou dis qui justifie cette crise, si?
-regarde nous, elle s'assoit lourdement sur le canapé en cuir souple abîmé, on passe notre temps à se chercher des poux.
-tu passes ton temps à le faire Gin, pas moi!
-ah oui? C'est moi le dragon? c'est ce que tu dis? H où es-tu bon sang? Où es-tu dans tout ça? Parce que moi je ne te vois plus nulle part. Tu évites le conflit mais tu ne fais rien pour éviter qu'il n'arrive. Tu disparais des soirées ENTIÈRES, tu ne parles presque pas avec moi mais tu racontes tout de notre vie à Katina. Où étais tu hier soir?

Gin rejette la tête sur le dossier grisâtre du sofa, la veine de son cou bat la chamade alors qu'elle attend qu'H lui donne toutes les réponses aux doutes qui lui torturent l'esprit depuis tout ce temps.
Au début de leur rencontre, tout était facile. Il suffisait de se séduire, d'être soi même et d'attendre que le charme opère. Bien sûr ils ont dû lutter contre le fantôme de celle qui avait réduit le coeur de H en cendres, lutter aussi contre ce monde animal, acharné à détruire le peu d'humanité qui existe encore en chacun des hommes sur cette terre. Mais une fois la guerre gagnée ils ont vécu des moments incroyables, tout était simple comme le Bonjour du matin au réveil. Et rien ne semblait pouvoir démonter la forteresse de carte qu'ils avaient construite autour d'eux. Aujourd'hui rien n'est plus pareil et ni l'un ni l'autre ne savent exactement quoi faire pour que ça cesse et que tout redevienne aussi simple qu'avant.

-je suis là, Gin. Je suis toujours là ok? Même quand tu cries, même quand tu pars en vrille je suis là.

H s'assoit à côté d'elle et repousse une mèche de cheveux entravant ses yeux lorsqu'elle tourne la tête vers lui.

-je suis allé boire un verre avec Alvez, rien de plus.

Gin soupire, vaincue.

-tu as toujours une bonne excuse pour t'échapper d'ici de toute façon.
-mais qu'est ce que tu veux? Putain! crie-t-il, arrête de chercher la merde partout Gin. J'en peux plus de tes crises, je ne suis pas comme toi Gin, je ne parle pas à tord et à travers du moindre caillou mal taillé.

Gin se lève brusquement, attrape un journal d'art et le lance à travers la pièce.

-mais c'est ta faute tout ça bordel! Tu ne comprends rien à rien, c'est pas possible d'être aussi con.

Soudain c'en est trop, H se lève à son tour.

-tu sais quoi je me casse. J'ai pas envie de m'engueuler éternellement avec toi. Je reviendrai quand tu seras calmée.
-vas te faire foutre Hugo! Dégage, hurle Gin alors que les larmes de rage perlent au coin de ses yeux.

H prend une profonde inspiration pour faire taire la tempête qui gronde dans sa poitrine, il prend son blouson et le jette sur son épaule, nonchalamment, sans se retourner et se dirige vers la porte de l'appartement. Un verre explose littéralement contre la porte écaillée alors qu'il tourne la poignée. Toute cette folie lui donne mal à la tête et pourtant il ne sait pas, il ne sait plus s'il existe encore un ailleurs paisible ou si sa vie se résume à une succession de tempêtes dévastatrices. Il a beau fouiller dans sa mémoire embrumée, il ne trouve plus la paix. Avec Gin tout est sujet à la crise et cela lui donne le tournis.