3 Mètres Au Dessus Du Ciel : Une Vie Avec Toi

there's never much love when we go oti, I pray to make it back in one piece

Debout, bien ancrée dans le sol, les doigts serrés. Elle regarde la devanture de la petite boutique alors que ses orteils lui picotent la peau. Depuis qu'elle est malade, Babi ressent les symptômes de sa maladie comme un soulagement. Elle a tellement eu peur d'avoir quelque chose de très grave qu'en entendant parler de son diabète une chape de souffre s'est échappée de sa poitrine en quelques secondes. Elle vivra avec les inconvénients de cette maladie en remerciant le ciel que ça ne soit pas pire.
Elle tremble presque en attendant sur le trottoir alors qu'elle n'a pas froid du tout. Le soleil irradie dans ses cheveux qu'elle a coupé il y a peu. Retrouver une coupe plus courte lui a fait un bien fou, comme si perdre quelques centimètres de cheveux l'avait allégé de 5kg.

Elle tremble parce qu'elle attend de voir celui qu'elle n'arrive pas à oublier malgré tous ses efforts. Elle a vraiment essayé mais l'ignorer ne sert plus à rien.
Les passants évitent la jeune femme concentrée et étrange qui se tient là, immobile en plein milieu du trottoir, se demandant ce qu'elle peut bien observer ainsi.
Un couple de jeunes se regarde, perplexe, et passe son chemin en se retournant une dernière fois sur cette belle jeune femme.
Car Babi est belle, vraiment belle, une beauté douce et envoûtante servie par un teint diaphane et une bouche pulpeuse. Elle ne ressemble pas aux espagnoles tant elle semble craindre le soleil. La silhouette fine, amaigrie par la maladie, élancée et gracile, Babi a l'air d'une apparition sacrée.
Autour d'elle l'animation de la ville ne se préoccupe pas de sa présence, tout continue d'aller et venir, le temps de passer, toujours.
Et elle, elle attend.
Elle attend d'avoir le courage de franchir cette rue et d'ouvrir cette porte blanche à la peinture écaillée.
Elle passe doucement une main dans ses cheveux, lisse le pli de sa jupe aux motifs colorés et inspire un grand coup.

...

La vieille chaîne grésille avec difficulté alors que le dernier hit de Drake passe pour la quatrième fois de la journée à la radio. Le ventilo fatigué arrive à peine à rafraîchir la pièce où H s'attèle difficilement à réparer une vieille moto à l'embrayage périmé. Une goutte de sueur perle sur son front, roule le long de sa tempe et s'écrase sur le sol.
Il s'est plongé dans la mécanique à corps perdu pour y noyer son esprit. Avoir tenu Babi dans ses bras, si près de lui, lui a totalement perturbé le cerveau et il ne peux plus effacer son visage de sa tête depuis.
Si belle, fragile. Presque irréelle. Il frappe lourdement sur la clé, aussi fort qu'il le peut pour chasser encore et encore cette excitation ancienne dans ses muscles, celle qui lui fait contracter la mâchoire et déglutir comme un gosse apeuré.
On fond H est énervé et frustré, en colère contre le monde entier et il n'était plus habitué à ça. Il se demande si de la revoir était vraiment une bonne idée, il est inquiet aussi même s'il sait que Katina est allée la chercher à l'hôpital.

Il entend la porte de son garage s'ouvrir et se refermer. Il souffle de soulagement car il avait besoin d'un petit break avant d'achever cette foutue bécane.
H se relève et s'essuie le front du revers de la main, il laisse ensuite tomber ses outils sur le sol.

-j'arrive, lance t-il au hasard, avant d'avaler une gorgée d'eau tiède.

En nettoyant ses mains avec un chiffon relativement propre, il avance vers l'entrée de son garage et s'arrête net en voyant sa nouvelle cliente.

-Babi!

H est figé dans le temps, sur ses pieds, dans sa tête, comme un arrêt sur image.
Plus rien n'a de consistance autour de lui, rien sur quoi accrocher son regard, à part elle.
Elle est là, timide et pâle, un léger sourire au coin de la bouche, triturant nerveusement ses doigts, estomaquée par le regard perçant du jeune homme.

Babi se dit alors qu'il est devenu encore plus séduisant qu'avant avec cette barbe naissante. Il a probablement beaucoup mûri pour tenir un établissement comme celui ci, pour le gérer seul.
Babi et H s'observent sans oser trancher le silence qui s'est installé dans la pièce, immobilisé par le choc de ces deux regards aimantés.
Finalement Babi décide de rompre le charme en premier avant que ça ne devienne encore plus gênant.