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« Mais quel connard. » dis-je en claquant la porte de notre appartement, faisant sursauter mes soeurs, apparemment en grande après-midi télé/pyjama.

« Houla, Le Gangster a merdé » déclare Anna.

« Non mais vous ne croirez jamais quel genre de tocard est ce pauvre type, putain je le crois pas j'ai failli me faire avoir par cette sous merde de fils de pute » je vocifère en enlevant ma veste dans un geste de rage.

« "Putain", "merde" et "pute" dans la même phrase de la part de Victoria c'est situation de crise. » annonce Elena sur un ton grave en coupant le son de la télévision pour, je suppose, entendre les explications de ma journée.

« Allez assis toi et raconte nous. »

Je raconte le début de journée géniale, le tournage de clip qui s'est très bien passé, le petit moment complice et amusant de la photo et les regards qu'il me lançait. Puis l'arrivé de la pouf.

Alors que je finis de raconter le dénouement malheureux de cette journée, Elena sort son téléphone et pianote frénétiquement dessus :

« Si je t'emmerde dis le tout de suite ! »

« Calmos ma biche, je veux voir la photo ! »

Je roule des yeux, agacés, je suis encore trop agacés, furieuse, et triste que je n'ai pas envie de la voir.

« Oh oui moi aussi ! » s'exclame Anna, en même temps, Elena nous tend son portable, connecté à Instagram.

« Waouh ! »

C'est une des photos prises entre deux grimaces. On ri en se regardant, cette photo fait ressortir la complicité et la bonne humeur du moment. J'ai mon coude sur son épaule et, on ne le voit pas mais je le sais, sa main est au creux de mes reins à ce moment là. J'ai envie de sourire en me rappelant l'état d'esprit dans lequel j'étais à ce moment là, je passais une belle journée, je pensais qu'il était possible qu'une chose puisse se passer entre nous, que j'allais apprendre à le connaître, à déchiffrer son mystère. Et en même temps, j'ai envie de pleurer, car j'ai cru à une illusion, j'ai l'étrange impression d'avoir subie une sorte de trahison. 

Comment un gars qui commence à avoir une certaine célébrité, même si moi je ne le connaissais pas, aurait pu s'intéresser à quelqu'un comme moi, aussi différente de lui qu'il est possible de l'être. Ce mec a probablement des dizaines de filles prêtent à rappliquer s'il ne fait que siffler et assouvir le moindre de ses désirs. Et je suis en colère, en me remémorant le genre de spécimen qu'il côtoie : Nora est une jolie fille, c'est indéniable, malgré la tonne de maquillage qu'elle porte sur son visage on peut le voir, des traits fins, harmonieux, un corps on ne peut plus parfait, mais sa vulgarité, sa stupidité et sa naïveté me dépasse. Même si je le connais peu, je me doute qu'il est loin d'être stupide, je ne comprends pas comment une fille comme ça peut l'intéresser. Hormis sa beauté et son corps de rêve. C'est bien ça le problème. Il ne veut pas d'une relation, il veut seulement assouvir ses pulsions. Il ne veut pas de quelqu'un, il veut juste se faire du bien. Et je me sens tellement idiote, je suis blessée dans mon ego.

« C'est une très belle photo » déclare simplement Elena.

« Victoria, c'est pas parce qu'il s'est tapé Miss Pouf avant de te rencontrer que c'est forcément un connard. » souligne mon aîné.

« Mais tu ne comprends pas ? Si il n'y en avait qu'une ! Mais je suis sûre qu'il y en a des dizaines, qu'il n'y a que ça qui l'intéresse. J'allais seulement allonger sa longue liste de conquêtes. »

Face à mon ton agressif, mes soeurs préfèrent se taire pour me laisser exorciser ma colère.


Danse pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant