On m'a réveillé à 8h environ. C'est tôt. Trop tôt pour devoir affronter tout ça. On ne m'a pas laisser dormir éternellement, on aurait au moins pu me laisser dormir jusque 10h. Ça fait maintenant 37h que je n'ai rien avalé. Je dois laisser mon estomac .. faire le vide. Nettoyer l'intérieur, à défaut de me vider l'esprit.
Il est 8h du matin, dimanche 15 Mai, et tout ce que je veux c'est sortir de ce trou.L'infirmière s'appelle Nathalie. Je suis sûr qu'elle a des enfants. C'est un prénom de maman ça, Nathalie. Elle m'a réveillé puis, après avoir alimenté ma perfusion, elle est repartie, avec un grand sourire.
Elle a croisé le docteur Bernard dans le couloir, et ce dernier venait justement me voir. Il a essayé de me faire parler. Comme tous les autres. Et puis il a essayé de me parler, comme tous les autres. Mais ce que les médecins ne savent pas toujours c'est que tout ne s'explique pas forcément, qu'il n'y a pas de raison à tout, comme il n'y a pas but à tout.
À la fin de notre discussion, il a dit qu'il me garderait encore un peu. Le temps de cicatriser, le temps de quelques examens, et de temps de savoir ce qui ne vas pas.
-Ça prendra le temps qu'il faudra, ne t'en fais pas Paul. Mais aide-nous si tu veux qu'on t'aide.Je l'écoute. Je l'écoute et je pense, mais je ne réponds pas.
Déjà, je pense que ça n'ira pas mieux, peut importe quelles tentatives pourraient lui venir en tête. Et puis je n'ai jamais demandé d'aide. Ni hier, ni jamais, ni à lui ni à personne. Sinon j'aurais pas été égoïste.
Et puis, on a tous des problèmes, on a tous notre vie, nos envies, notre façon de penser. On dit que chaque cause à une conséquence. Mais on ne trouve pas toujours la cause de chaque conséquence. Des fois c'est seulement que ça ne vas pas, on est mal, on veut tout arrêter, sans réellement savoir pourquoi.Mais ça personne ne veut l'entendre. C'est pas assez rationnel, paraît-il. Du cinéma, un manque d'attention, une dramatisation personnelle.
Mais la profession veut cette idéalisation. On ne laisse pas place au "il vaut le voir pour le croire, le vivre pour le comprendre". Et c'est bête.
Mais malgré tout, j'en reste toujours au même point.
Rester là à ne rien comprendre, à attendre je ne sais quoi, bien qu'étant obligé d'être là. C'est dur d'affronter la vie sans désir et sans plaisir. Hier n'existe plus, je ne veut pas d' aujourd'hui et j'ai peur de demain.
Je regrette?
Je sais pas... j'en sais rien. Ça remettrait tout en question.C'est comme ça c'est tout. Faut pas chercher à voir plus loin...
Ah ! Quatorze heure passé, c'est l'heure de mon examen. Je vais sortir de ma chambre, enfin! Il faut "observer mon estomac'' parait-il. L'infirmière frappe à la porte, et me demande:
-Alors, tout vas bien ?J'ai l'air? Oui, j'ai envie de crever, et si vous continuez à ne rien me laisser manger, je pense que cette fois ça va marcher. Sinon, je pète la forme...
Je crois que je devrais plutôt continuer à mentir:
-Oui oui.
-Je vais te préparer, avant de te laisser avec le docteur. Tu viens, on vas t'asseoir dans le fauteuil, pour t'éviter de marcher.
-D'accord.
-Tu veut que j'appelle quelqu'un de ta famille, pour te rassurer ?
-...
-Quelqu'un avec qui tu te sens bien?
-J'y vais seul
-Tu es sûr ?
-Oui.Je vais tout seul aux toilettes, j'aurais pu marcher, mais ça avait l'air de faire plaisir à Nathalie de pouvoir être là. Elle me regardait avec un peu de pitié, mais elle avait un sourire plein de compassion. Le secret d'un sourire est indéfinissable. Vrai, faux, compréhensif, remerciant, narguant, draguant.. Indéfinissable. Mais je voyais en elle une grande gentillesse.
Il y avait deux couloirs à traverser avant l'ascenseur. Pas un bruit, à part celui des chaussons-ventouse de Nathalie sur le sol tout juste serpillé.
Elle m'emmenait dans le bâtiment que je voyais de ma fenêtre de chambre. Celui avec la grande porte verte. C'est là qu'ils font les radios, les scanners ou les échographie.
J'ai regretté d'avoir voulu sortir. Une fois au rez de chaussée, on sort sur l'accueil du pôle 1 de l'hôpital. On revenait dans le monde réel. J'avais déjà oublié. Je préfère ma chambre.J'avais ma blouse bleue sur moi. J'étais toujours dans mon fauteil, poussé par Nathalie. Les gens me fixaient, et je voyais dans leurs regards que chacun d'eux essayait de deviner pourquoi j'étais là. Maladie neurologique? Accident? Maladie chronique? Appendicite? Cancer?
Non. Rien de valable, rien d'excusable, rien de tout ça.
Alors j'ai baissé les yeux, j'ai fixé mon bracelet, et j'ai retenu mon souffle jusqu'au moment où on serait sortis.On s'est arrêté dans une petite salle, blanche évidemment, et j'entendais un bruit sourd venant de nulle part.
Après une rapide préparation, Nathalie m'a laissé rejoindre le Dr. Bernard dans la grande salle. Il y avait deux machines au fond , puis un lit au milieu. Il m'a demandé de m'allonger dessus, puis m'a ensuite expliqué ce qu'il allait faire :
-Alors, on va observer ton estomac. Ne t'inquiète pas, tu vas presque rien sentir. Je vais glisser une petite caméra par ta bouche et ça va me permettre de voir si tout va bien.Rassurant..
-Je reste à côté de toi, si tu veux, me proposait Nathalie.
-Oui, dis-je tout en acquiesçant par un signe de tête, les sourcils froncés.
-Ça ne fais pas mal, j'ai passé un anti-douleur dans ton cathéter, mais ça risque d'être un peu désagréable.Elle passait sa main dans mes cheveux. J'étais content d'être seul sans l'être, puisqu'étant avec elle. Le médecin pourrait commencer, pourvu qu'il finisse.
Le plus dur à été d'avaler la petite sonde. Pour le reste, j'avais la main de Nathalie.
Ça a duré 20min peut être, et pendant que je retournais sur mon fauteuil, le docteur s'est rapproché de moi:-Je passerai demain à la même heure, dans ta chambre, pour te donner les résultats. En attendant repose toi. Ce soir tu pourra manger un repas normal.
L'infirmière débloqua la sécurité du fauteuil, puis nous étions répartis. Je regardai déjà mon bracelet, et je m'apprêtai à retenir mon souffle.
De retour dans ma chambre, j'appris que ma mère était passée pendant ce temps. Je regarde mon portable, un SMS m'attendait. Elle reviendra demain.
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A Jamais Le Bonheur
Rastgele[Terminé] Je m'appelle Paul. J'ai 16 ans. C'est pas la peine d'essayer de trouver un idéal dans ma vie , y'en a pas. J'ai peine à croire qu'il est possible d'être heureux, à moins d'être insouciant. On a chacun notre philosophie, notre façon de pen...