Je me suis endormi tôt cette fois, j'avais besoin de prendre congé de mes pensées.
Quand je me suis réveillé, le rideau était tiré. Je suis dos au rideau, dos à Mia, mais la porte des toilettes est désormais éclairée par la lumière du jour. Ce qui veut dire que le rideau est ouvert. Je n'ose pas me retourner.Je sais qu'elle ne dort pas. Je le déduis au son de sa respiration.
J'ai attendu un moment. J'attendais un signe, un mouvement, n'importe quoi mais quelque chose. Quelque chose qui ne venait pas. Alors je me suis retourné, les yeux fermés.J'ai vraiment envie de la voir mais j'ai cette retenue par rapport à elle.
Elle retiens son souffle.
J'ouvre les yeux.
Mia me regarde, essayant de capter le moindre ressenti, la moindre réaction de ma part.Elle est belle.
Elle est vraiment belle. Je n'arrive pas à quitter son regard. Mia à les yeux gris.
Elle est allongée sur son lit, appuyée sur son côté gauche. Elle me regarde aussi, et je vois une larme qui descend le long de sa joue.
Mia pleure.
Mia est triste.
Mia à peur.
Mia à un cancer.Elle n'a pas touché à un miroir depuis deux ans. Elle a peur que je sois déçu.
Elle a les cheveux roses. Enfin, elle a une perruque rose. Elle la tiens fermement dans sa main droite.-Je, je préfère la lune, m'a-t-elle dit en sanglottant. Je préfère la lune parce qu'elle se laisse regarder, et pas le soleil.
-Tu est magnifique Mia.
-Arrête de mentir. C'est plus la peine. J'ai plus besoin d'entendre ça, tu peut être honnête pour le temps qu'il reste. Et puis..
-Chut. Mia tu es extraordinaire. Et ce n'est pas une question de temps. Tu es magnifique, à l'intérieur comme à l'extérieur.Je la regarde sans cesse. Je ne sais pas comment je me sens. Triste, sûrement, quoi que je ne sais pas vraiment.
Elle est branchée de partout. Et elle a des gros pansements sur les deux tiers de son corps.
On a beaucoup parlé ce matin là. On avait quelques explications, quelques précisions l'un pour l'autre. Je lui ai expliqué pourquoi, ce que personne d'autre ne sait. Pourquoi ça ne vas pas, pourquoi j'ai voulu.. pourquoi j'ai voulu mourir.
Puis son tour est venu de me raconter une petite partie d'elle. Elle m'a parlé de son cancer. Il a été découvert il y a deux ans et demi. Et on lui avait dit qu'il ne lui restait pas grand chose. Alors elle a résisté. Puis au bout d'un moment, elle a craqué. Elle s'est laissée tomber entre les flammes. Il y avait ce feu sur la plage, l'été. Elle savait que ce serait atroce, mais elle était prête. En fait, elle ne voulait plus attendre.
Elle s'est retrouvée à l'hôpital, ayant pu être secourue rapidement. Maintenant elle est dans son lit à attendre d'être heureuse.Elle n'a plus trop d'espoir, et son cancer est toujours là.
-Ça ne change rien, ai-je repris. Tu es Mia, et ça n'a pas changé. Et ça ne vas pas changer. Maintenant je suis là pour toi, et crois moi, je n'ai pas l'intention de te laisser.
Je me suis levé, comme j'ai pu. J'ai encore mal au ventre. Mais ça m'importe peu, à ce moment même. J'ai décalé ma perfusion, puis je suis allé m'asseoir sur l'un des fauteuils verts, à côté de Mia. Je lui ai pris la main, elle a regardé le plafond, puis elle a arrêté de pleurer.
On est resté comme ça, sans parler, jusqu'à ce que Victor apporte le déjeuner.
Il avait ce regard, plein de pitié, de fausse compassion, ce regard fuyant que j'ai appris à détester.
En début d'après-midi, ma mère est passée. J'étais content de la voir, puis mon père est arrivé peu de temps après. C'était assez gênant. Ils ne se parlent pas depuis cinq ans, et mon père passe les trois quarts de son temps à l'étranger. C'est un peu lui l'étranger pour moi. Je l'aime, il m'aime, seulement on ne se connait pas plus que ça... Mais j'étais content quand même de les voir, tout les deux
Mia avait insisté pour fermer le rideau à ce moment. Mes parents n'ont pas cherché à savoir. Tant mieux.Lorsqu'ils sont repartis, Victor à réouvert le rideau. Il n'a pas dit un mot, comme à son habitude. Il a fermé la porte derrière lui. J'ai tourné la tête vers Mia, et à ce moment elle se retenait de sourire.
-Qu'est ce qu'il y a ? Ai-je demandé d'un air étonné.
-Rien ?
-Pourquoi tu souris comme ça ?Elle n'a pas répondu. À la place, elle m'a lancé un avion en papier. Puis elle a rigolé. C'était naïf, drôle, ça m'a fait rire aussi.
Elle n'a plus peur, et je n'ai plus cette retenue. Notre amitié commence à vivre, vraiment, et pleinement.
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A Jamais Le Bonheur
Random[Terminé] Je m'appelle Paul. J'ai 16 ans. C'est pas la peine d'essayer de trouver un idéal dans ma vie , y'en a pas. J'ai peine à croire qu'il est possible d'être heureux, à moins d'être insouciant. On a chacun notre philosophie, notre façon de pen...