10.Consultation

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-Je suis prêt, annonçai-je.
-Alors allons-y, répondit Victor.

J'avais entendu le son de sa voix, pour la première fois. Nous sommes samedi 21 Mai, et il est treize heures cinquante. C'est dingue d'être aussi froid! Même les patients ont l'air plus enthousiastes. On est sortis de ma chambre, et je lui ai demandé de faire un petit détour par le deuxième étage.
Nathalie était bien là. Quand elle m'a vu, elle s'est approchée et m'a salué:

-Salut toi, comment ça va? Je te manque pas trop?
Elle souriait, elle rigolait même.
-Ça peut aller.
-Tu as l'air mieux! Où vas-tu comme ça ?
-Voir le docteur Morel.
-Ah, d'accord. Bon courage mon grand, merci d'être venu!
-Ça m'a fait plaisir, on aurait bien besoin de toi, au troisième, ai-je dis en plaisantant, bien que je le pensais quand même.

On s'est échangé un dernier sourire, puis Victor à repris les poignées de mon fauteuil, et il a commencé à faire demi-tour en direction de l'ascenseur.

J'étais prêt.

-Bonjour Paul, enchanté, moi c'est..
-Le docteur Morel, je sais, j'ai été mis en garde. Je plaisantais, bien-sûr.

Ça l'a fait sourire de la même façon que moi. Victor m'a laissé dans la salle, seul avec le docteur. Ce dernier à au moins la quarantaine. Le visage carré, une barbe courte et des cheveux poivre et sel. Et puis il remonte souvent ses lunettes rondes avec son index droit. Ça se remarque déjà. Je vais regarder ailleurs, sinon je ne vais faire attention qu'à ça.
Il a commencé par me proposer de m'allonger, j'ai dis que je préférais rester assis.

-Comme ça, si vous vous endormez, je le verrais.

Faut que j'arrête mes blagues.

Il m'a posé plusieurs questions, sur ma vision des choses. Et puis il a en rajouté certaines choses qui m'ont plu, qui m'ont interpellé.

Il a compris que tout ne tournais pas rond, que je me posais trop de question, qu'il y avait des raisons au pourquoi, et que parfois tout ne s'expliquait pas.
Il m'a parlé de l'inconscient. Il dit que l'âme est pleine de secrets que seul coeur peut révéler. C'est beau, c'est fort. Sauf que faire parler son cœur, c'est un travail personnel énorme. Mais pas impossible, dit-il.

-Il y a cette phrase que j'aime bien: personne ne peut créer un nouveau départ, mais tout le monde peut commencer à se créer une nouvelle fin, dit-il. Une merveilleuse citation de Maria Robinson.
-Alors oui, tu ne peut pas oublier ce qui est derrière toi, reprit-il, mais tu peut apprendre de tes erreurs et de celles des autres, surmonter tout ça pour te construire à partie de maintenant.

Il est limite convainquant, quand même. C'est tout de même plus facile à dire qu'à faire.

-Paul, la vie est trop courte pour se réveiller avec des regrets, tu sais. Libère-toi de toute frustration.

Ça y est, on était lancés. On a discuté comme ça une bonne heure. Ensuite Victor est revenu pour me chercher. Docteur Morel m'a dit au revoir. Il a proposé que je revienne si j'en ressens le besoin. C'est vraiment pour m'aider, pour moi. Alors je le remercie, et me voilà reparti. Je sais qu'il est sincère. Il aime son métier. Il cherche à comprendre avec nous. Il cherche à comprendre avec moi.

A Jamais Le BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant