5.Le monstre

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Onze heure du matin. Un record ! On m'a laissé dormir pour une fois. Le rideau à ma droite est fermé. J'en déduis que je ne suis pas seul. Ça y est je vais devoir faire face au monstre.

J'écoute. Je n'ose pas ouvrir la bouche. Et puis on est trop loin du rideau pour que l'un de nous réussisse à le tirer.
Je suis clairement en désavantage par rapport au monstre. Il m'a déjà vu en arrivant, pas moi.

J'ai envie de savoir.

-Hé ? Lançais-je
C'était spontané.C'etait direct. J'ai rien trouvé de mieux à dire.
-Tu ronfle.

Là j'avoue je suis bluffé. Je sais pas quoi répondre. On peut rien répondre à ça.
C'était une voix de fille. Plutôt douce. Le monstre m'intrigue.

-Bah t'es mort? A-t-elle demandé, d'un air tout à fait inocent.
-Non non.
-Moi c'est Mia.
-Paul.

Elle m'intrigue vraiment. Elle à l'air différente. Je dois en savoir plus, mais pas le temps de se demander quoi dire, elle renchérit:

-Pourquoi t'es là ?
-Toi d'abord.
-J'ai voulu en finir, puis je suis pas douée, enfin pas assez visiblement. Et toi ?
-Pareil.
-Ah...

Il faut que je pose une question. Je peut pas laisser la discussion s'arrêter là.

-T'as quel âge ?
-Dix-sept ans et toi ?
-Seize.

Elle parle plus. Je l'entend respirer. J'essaye de l'imaginer. Et puis j'essaye de deviner pourquoi elle est là. Enfin...pourquoi elle a voulu en finir. Je devrais arrêter ça, je vais devenir comme les autres. Si elle veut en parler elle en parlera.
Si ce n'est qu'une question de curiosité c'est sans intérêt. C'est vicieux.

Le repas du midi va être apporté. Plus par Nathalie, mais par Victor. On lui donne 30ans, mais avec des cheveux gris. J'ai pas osé demander à ce qu'il ouvre le rideau, parce que le fait qu'il soit fermé venait sûrement de à volonté de Mia.

J'ai eu tout l'après midi pour en apprendre plus sur elle. Je pense qu'elle me ressemble pas mal. Elle me fais sourire, ce qui comble le vide laissé par Nathalie. Elle dit qu'elle a essayé d'accorder les couleurs de sa vie. Seulement la palette qu'on lui a donné n'était faite que de couleurs qui ne s'accordaient pas.
Ensuite, on a essayé de trouver un moment où on aurait pu se sentir heureux dans notre vie. On cherche encore.
Plus je la découvre et plus elle m'intrigue, à ne même plus penser au reste.
Je voudrais la voir. J'aurais envie de l'aider.

Je ne pense même plus à moi. Je pense à elle.

-C'est toi qui a voulu tirer ce rideau? Demandai-je alors.
-Non, c'est les infirmiers qui on décidé ça. Mais, c'est mieux comme ça.
-Comment ça?
-C'est pas très beau à voir.
-Je suis sur que tu es magnifique.
-Tais toi.

Ça me fais réfléchir d'avantage. Ça m'intrigue d'avantage.
Depuis ces dernières paroles nous ne nous sommes rien dit. J'ai pas arrêté d'y penser.J'ai eu du mal à m'endormir. Pas elle.

A Jamais Le BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant