A Jamais Le Bonheur

6.Docteur Morel

-Tu ronfles, ai-je dit.
-Tu mens.
-Je t'ai enregistrée.
-Va te faire voir.

Je lance l'enregistrement. J'étais gagnant cette fois, je prenais le dessus. Je relance à nouveau l'enregistrement. Puis une troisième fois.

-Je continue, ou tu avoue?
-...
-Allez je veut t'entendre le dire.
-C'est bon t'as gagné.

J'en déduis, au son de sa voix, à la façon dont elle l'a dit, que ça l'avait finalement fait sourire. Je suis content de l'avoir avec moi. Elle est dans le même cas. Nous n'avons pas la même cause, mais nous sommes tous les deux les mêmes conséquences.

-Mia ?
-Oui ?
-Je veux te voir.
-Paul, je t'assure...
-C'est pas le docteur qui a décidé ça, c'est toi ? n'est ce pas ?
-Oui...
-De quoi as tu peur ? Mia tu peux me faire confiance, on est tout les deux dans la même merde.

Elle ne répondit pas. Victor entra.
Il venait apporter les petit déjeuners. Il était toujours froid avec nous, il apportait les plateaux sans rien dire. Je lui ai demandé d'ouvrir le rideau, mais Mia a refusé.

Deux heures plus tard, le docteur Bernard frappait à la porte. Il venait me dire ce que je devais savoir. J'ai songé un instant à ce que pouvais faire Nathalie à ce moment, puis j'ai regardé le docteur prendre place sur l'un des fauteuils, à gauche de mon lit.

-Alors Paul, comment te sens tu aujourd'hui?
-Comme tous les jours, ni mieux ni moins bien.

Je savais que Mia écoutait le moindre mot de ce qui serait dit.

-J'ai regardé les analyses de tes examens, et ...
-Pourquoi vous paraissez gêné ? Allez-y, dites ce qu'il y a, ça ne changera rien.
-Rien de très grave, seulement les cachets que tu a avalé on fait quelques dégâts, et tes bras doivent finir de cicatriser. On va devoir te garder encore 2semaines. Mais tu n'aura absolument pas besoin d'être opéré. Tu auras des médicaments à prendre à la place, les infirmiers vont t'apporter ça.
-D'accord, merci.

Je m'attendais à pire. Je comprends pourquoi je suis pas passé de l'autre côté. S'il suffit d'un lavage d'estomac aux antibiotiques et de quelques passages aux toilettes pour s'en occuper...

Sortie, J-15.
Ça va être long. Mais bon, c'est mérité.

-Tu vois. C'est pas pareil, grognait Mia. J'en ai pas pour deux semaines moi.

Je n'ai pas osé répondre. J'ai regardé le mur devant moi. J'ai pensé à tout. À tout.
J'ai reçu un SMS de ma mère pendant que le docteur me parlait. Je vais l'ouvrir:

"Coucou mon chéri, j'ai parlé avec le docteur ce matin, et on à convenu qu'il serait bon que tu vois un psy. C'est pour toi, tu sais. Repose toi bien. J'ai pris RDV dans deux jours, avec le docteur Morel, il exerce dans les mêmes bâtiments que l'hôpital. Je ne pourrais pas venir aujourd'hui finalement. Gros bisou mon cœur à plus tard. Je t'aime"

Eh bien, je crois que j'ai pas trop le choix.
Après demain alors. Au final, c'est peut être une bonne chose. J'ai toujours voulu voir comment c'était, de '' voir un psy''.

-Mia ?
-C'est moi.
-Pardonne moi.
-C'est bon t'inquiète...
-Dis ?
-Oui ?
-Tu préfère la lune ou le soleil ?
-Pourquoi ?
-Comme ça... ?

Il y eut un long silence. J'ai pensé qu'elle réfléchissait. En fait, elle pleurait.