Chapitre 20 : Sunset

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Je me demandais vraiment ce qu'il avait contre Pan.

- Qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête, Félix ?

-L'amour est une chose bien étrange.

-T'as eu un traumatisme avec ça ou un truc dans le genre ou quoi ?

-Une traumatisme ? Jamais. Je n'ai plus de sentiments.

Il ne me laissa pas placer une parole qu'il continua :

-Je me pose cette question. Et ces mystères irrésolus. J'ai aimé, mais mon âme est noire. Je ne sais pas quoi y faire, Alice. Je me sens comme emprisonné par mes songes. Je ne sais même pas pourquoi je t'en parle, à toi. Quand je te regarde, j'ai cette impression que tout ira bien.

Est ce que ces mots venaient de sortir de la bouche de Félix ? Il avait les yeux terriblement humides, si bien qu'on aurait pu y piquer une tête.

-Félix ?

-Je... Je suis désolé. Je ne voulais pas dire ça.

-Ne le sois pas. Ne le sois jamais.

Je lui sauta dans les bras et lui me serrait de plus en plus fort. Je lui dit
dit :

-Arrête de pleurer, c'est con de gaspiller du temps pour ça. Et puis, on est pas beau quand on pleure.

-C'est vrai, répondit-il en riant.

Il sourit en me regardant de ses yeux gris. Je lui deposa un baiser sur sa joue sciée par sa cicatrice. Nous nous regardâmes de longues secondes que je ne voulais pas voir se finir. Quel Coeur d'artichaut...

-Suis moi. Tu dois avoir faim.

Il acquiesça avant de me suivre en arborant un sourire qui laissait apparaître une once de sympathie sur son visage meurtri. 

Nous arrivâmes au banquet où Gin consultait ce qui semblait être une carte.

-Alice ! Cria-t-elle en me voyant. Un nouvel arrivant ?

-Oui, c'est Félix. Voici Gin.

-Une... Souris qui parle ?

-Oh que oui, répondit Gin en agitant son épée miniature au-dessus de sa tête, et je dis pas que des trucs gentils, crois-moi !

-Eh Gin, répondis-je, prends pas la confiance, lui aussi ne dit pas que des trucs gentils.

-D'où tu viens l'plumeau ? Tiens, je vais t'appeler comme ça, le plumeau.

-Pays imaginaire.

-Mhh. Connais pas.

Punaise, ils vont pas bien s'entendre ces deux-là.

-Eh ! Félix, il faut que tu manges au lieu de friter avec Gin. Viens par ici.

J'avais l'impression d'être la mère de ce gosse, ça me plaisait bien. Je me dirigea vers un plat de Shago.

-Prends des forces, tu dois avoir sacrément faim.

- C'est quoi ce truc ? Demande-t-il en humant le parfum des insectes du plat.

-C'est du Shago : des insectes frits à l'huile de fougère, rien de très mauvais.

Il haussa les épaules et commença à dévorer le plat qu'il semblait apprécier. Quel gros sac, sérieusement.

Il avait fini en moins de deux. Il se leva vers moi et m'invita à le suivre, pensant qu'il ne se perdrait pas dans cette forêt immense. Je courais plus vite que lui de toute façon. La nuit commençait à tomber et la lune rouge apparut dans le sombre ciel. Je m'arrêta et changeai de direction :

-Suis-moi.

Il acquiesça avant de recommencer sa course sur mes pas. Je courus un bon moment jusqu'à une échelle qui se trouvait au pied d'un arbre immense. Je montais sur celle-ci, suivie par Félix. Il y avait des couvertures sur la plateforme qui s'y trouvait. Je m'assis en tailleur.

-Il n'y a rien de plus beau qu'un coucher de soleil au Pays des Merveilles.

-C'est clair que ceux du pays Imaginaire c'est du pipi de chat à côté.

Les couleurs se mélangeaient dans le ciel et le rouge soleil laissa sa place à la lune écarlate qui était désormais maître dans le ciel noir. La nuit est tellement plus belle que le jour. Les gens sont différents, quand il fait nuit, ils révèlent leur réelle nature au monde.

-Je suis une abomination à côté de ce ciel.

-Tu es bien loin d'être une abomination, imbécile. T'en a pas marre de toujours tout voir en noir ?

-Rien n'est complètement blanc et pur, même toi.

-Fais de ta vie quelque chose de clair, de blanc. La vie est trop courte pour être petite.

-Tu sais quoi t'as raison. Ça fait bien trop longtemps que je suis dans l'ombre, que je pense noir et que je vois tout en gris. J'en ai assez d'être malheureux.

Il se leva et s'appuya sur la rambarde en bois qui servait de sécurité. Il enleva sa capuche cria des jurons comme pour se libérer de toute cette timidité qu'il avait accumulée depuis des années. Je me levai à côté de lui en riant. Le vent du Pays des Merveilles passait entre nos cheveux et nous étions si libres que nous aurions pu nous envoler.

-Est-ce que je dois réellement me libérer de tout ce que j'ai toujours voulu faire ? me demanda Félix, les mèches qui dansaient dans les airs

-Tu es maître de ton destin, fais tout ce que tu as toujours voulu faire, insulte Peter, je sais que tu meurs d'envie de faire ça, répondis-je en riant aux éclats.

-Je ne veux pas l'insulter, c'est lui qui m'a toujours réconforté quand j'avais besoin d'aide et que je me sentais seul. Malgré qu'il m'ait défiguré, je lui suis tout de même reconnaissant.

-Qu'est-ce que tu as toujours voulu faire, dans ce cas ?

-Tu demandes encore ?

Il rit avant de m'embrasser soudainement. Je ne le repoussai pas, ce garçon est un vrai soulagement après la trahison de Peter.
Je commençais à bien l'apprecier, ce Félix.
Il aimait le jour, elle aimait la nuit. Ils étaient comme le jour et la nuit, insouciants et immortels aux yeux de toutes les têtes qui se tournaient quand ils foulaient le sol.
                                                                                             

Alice & PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant