-T'es pas moche, commençais-je en lui esquissant une petit sourire, enfin pour un pirate, je veux dire.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je...j'étais en train d'essayer de te trouver.
-Qui es-tu pour chercher le Capitaine Crochet.
Ça y est, cet abruti a enfin dit son nom. Je décide de lui dire ma véritable identité parce que, entre nous, je mens affreusement mal.
-Je suis Alice et je suis une fille bien perdue exactement comme vous les détestez, dis-je sérieusement en le menaçant de mon sabre.
Il prit une chaise et s'assit dessus en soupirant. Il saisit une bouteille de whisky au passage qu'il ouvrit puis avala une gorgée, ce qui le fit froncer les sourcils. Il paraissait habitué mais légèrement dégoûté par cet alcool fort.
-Il m'envoie tous ces nouveaux. Je croyais qu'il avait enfin compris que je faisais semblant de les blesser un peu. C'est un gamin, c'est normal qu'il soit naïf. D'ailleurs c'est étrange que personne de ce foutu pays ne grandisse. Même moi, je suis bloqué à cet âge.
-Tu Veux dire que... ce pays conserve la jeunesse éternelle ?
Il acquiesça en reprenant une gorgée d'alcool.
-Tu mens, l'accusai-je.
Il rit et se plongea dans mes yeux.
-C'est normal que tu ne me croies pas, ils ne croient jamais que toute cette magie que possède Pan puisse être réelle. Vous venez tous d'un pays sans magie dont on ne connait même pas le nom. Un pays sans magie et sans pirates doit être affreusement ennuyeux et sans intérêt.
-Je ne suis pas de ce pays. Je viens d'autre part. Quelque part où il y a de la magie.
-Eh bien, tu es différente : en plus d'être une fille, tu viens d'un autre pays. D'où est-ce que tu nous viens, ma jolie ?
-Je suis Alice du Pays des Merveilles.
Je jetai mon sabre par terre avant de prendre une chaise et de m'asseoir dessus en contemplant cet homme qui paraissait tellement malheureux. Il buvait, ne souriait presque jamais et me parlais sur un ton froid. Je continue :
-Pourquoi es-tu malheureux ?
-Je ne suis pas...
-Tu l'es, ne mens pas. Pourquoi ?
-Le passé, ma chère.
-Le mauvais souvenirs du passé ne doivent jamais refaire surface. Il ne faut pas regarder en arrière lorsque l'on veut aller de l'avant. Dis-moi ce qu'il s'est passé, Capitaine. Ça vous libérera d'un poids, crois-moi.
Et c'est moi qui dit ça ? Moi qui ne cesse d'imaginer celui que j'ai été contrainte de laisser derrière moi revenir et me hanter ? Il faut arrêter de penser aux fantômes du passé, les oublier et les laisser partir, bien que ce soit douloureux. Il me regardait, le regard livide.
-T'as gagné Alice. Je vais te raconter ce qu'il s'est passé pour que j'en arrive là.
Je pose mes mains et ma tête sur le dossier, comme pour mieux écouter son récit.
-C'était la belle époque : j'étais un pirate ma foi normal qui buvait un peu de whisky jusqu'à ce que je tombe éperdument amoureux d'une créature des plus magnifiques : Mila. Elle a quitté son mari et son fils pour moi. Qu'est-ce que je l'aimais. On sillonnait les mers ensemble, ne se souciant ni de notre passé, ni de notre avenir. Mais, je pense que tu le sais, toutes les bonnes choses ont une fin mais je ne pensais pas qu'elle se ferait si tôt : son mari qu'elle avait laissé tomber l'a assassinée devant moi. Il m'a fait ça, le même jour.
Il montra son crochet. Ce pirate avait vécu le pire : celle qu'il aimait était morte sous ses yeux impuissants. C'était tellement touchant de voir quelqu'un comme lui se dévoiler, bien que je ne le connaissais pas, ça se voyait qu'il cachait une âme détruite sous cette carapace.
-Et toi ? Que s'est-il passé de douloureux dans ton passé, Alice ?
Étonnante question. Et moi qui croyait que ce pirate n'était qu'imbus de sa propre personne. A mon tour de dévoiler des choses effroyables à mon sujet.
-Je...j'avais moi aussi une personne qui a fait changer à tout jamais la vision que j'ai de moi-même. Jefferson. Je me suis faite enlever par une ombre qui m'a déposée ici. Je l'aimais plus que tout. J'ai été si bête de ne pas lui dire plus tôt, mais maintenant il est trop tard. Il ne faut au grand jamais cacher ce que l'on ressent pour quelqu'un, sinon, on pourrait le regretter jusqu'à la fin de nos jours. Je...l'aime toujours mais je ne sais pas où je vais ni où j'en suis.
Les larmes me montaient. Je me mis à sangloter comme une dégénérée. Killian se leva et s'accroupit pour être à ma hauteur. Il posa son crochet brillant sur mon épaule et m'avoua :
-Allons, nous avons tous des démons dans notre passé que nous voulons absolument fuir. Ton démon te laissera tranquille avec le temps, je te le promets.
Je levai ma tête et laissa apparaître mon regard rougi par les larmes. Il prit sa main et essuya les gouttes salées qui s'étaient loties au creux de mes joues.
-Lève-toi maintenant et va retrouver Peter le démon et sa troupe. Ils vont penser que tu es morte.
Je ris puis ajouta :
-Mais il vont voir que j'ai pleuré comme une petite fille !
-Est-ce que pleurer est une honte ? Je ne pense pas. Tout l'équipage de ce bateau pleure tous les jours, moi y compris. Et c'est pas la honte.
Je souris et me leva de la chaise sur laquelle je reposais.
-Merci, Kilian.
Je le pris dans mes bras, j'avais tant besoin d'enlacer quelqu'un. Il parut surpris puis répondit :
-Merci à toi, Alice.
Je mis fin à l'étreinte puis sortit de la cabine, essuyant mon nez coulant après avoir pleuré. Je mis Sergey dans ma main et partit du bateau, ignorant encore une fois les paroles sales des matelots. Ils furent vite rappelés à l'ordre par leur capitaine et se remirent au travail. Cela me fit rire. Il fallait bien que je me fasse une blessure pour faire croire que je me suis battue avec ce cher Killian. Je serrai les dents puis me fis une entaille dans l'avant bras. Vu que je suis trop stupide pour faire ça correctement, je me fis une entaille bien trop grande. Mon bras était plein de sang, j'en perdais beaucoup trop pour pouvoir le supporter. Je m'évanouis sur cette magnifique plage. Quel abrutie je faisais.
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Alice & Pan
Fanfic"Le vent courait entre ses cheveux d'or. Tout ce qu'elle touchait se transformait en or. Elle a le pouvoir de faire ressortir ce qu'il y a de meilleur dans les gens. Elle a foi en ce que tout redevienne comme avant. Mais plus rien ne sera jamais par...