Chapitre 21 : Comme Jour et Nuit

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Je me libérai de ce baiser en contemplant les yeux gris de Félix. Le jour et la nuit. Il m'embrassa à nouveau puis un bruit le fit stopper net.

-Ca venait d'où, ça ? fis-je.

Un gros boum et du vent nous avaient interpellés.

-J'en sais rien.

Je me penchai sur la rambarde, essayant de voir ce qui se passait en bas et Peter Pan apparut en volant au-delà de la barrière.

-Alors, je vous dérangeais pas ? commença-t-il en croisant les bras et en fronçant les sourcils. Et puis toi, Félix, qu'est-ce que tu fais ici ?

-Je te retourne la question.

Pan rit machiavéliquement.

-Je suis ici pour reprendre ce qui m'appartient.

-Peter, je t'ai déjà dit que les gens ne sont pas des jouets ! hurla Félix. Alice n'appartient ni à toi, ni à personne d'autre !

Félix avait donc raison. Peter m'avait tournée en bourrique pendant que j'étais au pays Imaginaire. J'avais envie d'intervenir mais il ne fallait pas que je le fasse. J'étais en colère contre Peter, ce démon manipulateur.

-Je fais ce que je veux ! répondit Peter. Ce n'est pas à un garçon comme toi qui me dictera ce que je dois faire.

On dirait un enfant à qui on aurait demandé de se laver les mains avant de passer à table. Il avait un réel problème niveau maturité.

-Peter, dit Félix, tu ne fais pas ce que tu veux. Respecte les autres au lieu de te préoccuper de ton petit ego !

-C'en est fini ! cria Peter, fou de rage.

Il usa de sa magie pour diriger comme une onde de choc dans la direction de Félix. Je m'interposai avant qu'il ne le touche et l'onde me frappa en plein dessus. Je m'effondrai à terre avant même que Félix ne puisse réagir.

-Alice !

Il s'agenouilla par terre et vérifia si je respirait toujours : coup de bol, j'étais encore consciente et je n'avais mal nulle part. Mais comment c'est possible, merde !

-Je...je vais bien.

Je me relevai, toujours aussi énervée qu'avant. Je me sentais trahie par Peter Pan qui aurait fait du mal à son ami. Du moins c'est ce que je pensais. 

-Peter Pan ! Pourquoi ça m'a rien fait ? Explique-moi !

-Tu...

Il paraissait étonné et stupéfait que je me sois relevée après le coup qu'il m'a porté. Je contemplai mes mains ; elles me brûlaient et me faisaient souffrir. Ma tête brûlait, en fait tout mon corps était sur le point d'exploser, je le sentais.

-Regarde-moi dans les yeux, Alice, me souffla Felix.

Je me retourne et il posa ses mains sur mes joues, en contemplant mes yeux.

-Je savais que tu étais différente, me dit-il lentement. La nuit t'emplit, tu ne peux plus faire machine arrière, elle fait partie de toi, maintenant.

-Je ne comprends pas, répondis-je en laissant une larme s'échapper de mes yeux.

-Tu as des pouvoirs toi aussi. La nuit en est l'essence même.

Peter regardait, inquiet et effrayé par ce qu'il venait de se passer.

-Je suis un monstre.

-Non, tu en es loin, crois-moi.

Je me retournai vers Peter et le menaça :

-Toi, affreuse créature, écoute-moi bien. Si tu essaies encore ne serait-ce qu'une fois de faire du mal à qui que ce soit de mon peuple, je te tuerai, parce que cette fois, j'en ai les moyens.

Je regardai à nouveau mes mains et sentais l'énergie qui les traversait, ainsi que tout mon corps. Je parvins à former une boule d'énergie noire dans ma main que j'envoyai sur Peter. Toute ma haine et mon mépris se retournèrent contre lui. Il se fit heurter par celle-ci de plein fouet mais voilà, ce n'était pas puissant du tout.

-Tu crois pouvoir être aussi puissante que moi ? C'est plutôt mignon.

-Je le serai, un jour et tu verras pas ça venir, ma poule. Tu regretteras tout ce que tu m'a fait croire.

-C'est ce qu'on verra. J'ai quant à moi quelqu'un à mes côtés que tu ne pourras jamais tuer ou même blesser. Absolem.

Sur ce, il partit en volant, aussi vite qu'il était venu ici, comme si les ténèbres s'en allaient enfin. Je le regardai dans les yeux, la bouche grande ouverte.

-Ferme ta bouche, des mouches pourraient rentrer.

-La ferme, dis-je en riant et lui mettant un coup sur son épaule.

-Tu as des pouvoirs, Alice.

-Pourquoi moi ?

-Ça ma jolie, personne ne le sait et ne le saura jamais.

-Ce pouvoir, cette mission, tout ça me fait peur. Je n'ai jamais eu peur dans ma vie mais maintenant, j'ai toutes mes raisons de m'en faire pour ce qu'il va nous arriver.

-Tu n'as pas avoir peur tant que je suis là, avec toi. Je serai toujours là pour toi, à jamais.

Il m'enlaça et déposa un baiser protecteur sur ma tête. 

-Ce que j'aime t'entendre parler.

Il rit.

-Tant mieux parce que je suis pas du genre à garder la bouche fermée longtemps.

-J'ai l'impression de brûler à l'intérieur. Je me sens mal.

-Tu dois être fatiguée, il faut que tu dormes. Rentre chez toi.

-Viens, alors. Je n'en peux plus de me sentir seule.

Il acquiesça avant que nous descendîmes de la haute échelle. En remettant son manteau, Felix fit tomber un calepin de sa poche. Je le saisis et l'ouvris : il était parsemé de dessins et de textes.

"Depuis que j'ai des souvenirs, je me suis toujours senti plus mature que mon âge. J'ai toujours eu plus de réflexion à propos des choses auxquelles les autres ne font pas attention. Je vois toujours les beaux détails dans tout. C'est peut-être pourquoi je préfère la solitude avec mon propre esprit. J'ai l'impression d'être la seule personne à me comprendre. Si ce n'est pas la solitude, je ne sais pas ce que c'est."

Ce texte était accompagné d'un dessin gris qui représentait un lever de Soleil. Il m'arracha le carnet des mains.

-Ne lis pas ça.

-Et pourquoi pas ?

-Parce que la poésie est quelque chose que l'on ne partage pas, ce calepin est mon échappatoire. 

-Je suis désolée. 

-Ce n'est pas grave, me sourit-il.

Un sourire se dessina enfin sur mon visage et je déposai un baiser passionné sur ses lèvres si douces. J'avais enfin de l'espoir. J'avais enfin un moyen de tuer Absolem. J'avais enfin un moyen de m'en sortir. J'avais un enfin un moyen de faire stopper les voix dans ma tête. J'avais enfin un moyen d'être heureuse, pour une fois depuis ces derniers temps.


Alice & PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant