Chapitre 1

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Dans une vie, on connait beaucoup de changement. Certaines personnes y réagissent bien, d'autres moins bien, certaines encore nient que ce changement s'opère. Le jeune garçon qui, en ce moment, chargeait des cartons dans la voiture familial se remémorait cette phrase qu'il avait lu dans il ne sait plus trop quel livre. Il se demandait dans quelle partie il se trouvait. Quelqu'un l'observant de l'extérieur pourrait penser qu'il appartenait à la première catégorie alors qu'une personne proche verrait qu'il se plaçait plutôt dans la seconde. Ce garçon se nomme Peter. Et en ce moment, il charge cette voiture en vue de son déménagement prochain. Il a appris cette super nouvelle -noté bien l'ironie- il y a un peu moins de deux semaines, après la fin de l'année scolaire. Il rentrait après avoir passé une après-midi jeu vidéo avec son meilleur ami. Peter avait trouvé ses deux parents dans le salon. Déjà ses parents n'étaient jamais ensemble dans la même pièce. Il se souvenait mot pour mot de cette discussion. Il était rentré dans le salon et s'était assis sur un fauteuil, en face de ses parents. Son père s'approcha et lui posa une main sur l'épaule.

-Peter, ta mère et moi avons une nouvelle à t'annoncer.

Le garçon avait tenté une blague pour détendre l'atmosphère.

-Je vais avoir une petite sœur ?

En y repensant, il aurait tout donné pour que l'idiotie qu'il avait sorti soit vrai. Cela lui aurait causé moins de problème. Au regard que lui lança son père, le garçon se tût.

-Nous allons déménager. Ta mère a été mutée en Amérique.

-En...Amérique !?

La mère de Peter était avocate, mais son cabinet, racheté par un milliardaire américain, envoyait tous ses employés en Amérique. Et par extension, leurs familles. C'est à partir de ce moment que Peter se situa dans la catégorie « je n'accepte pas le changement ». Et il l'avait bien fait comprendre à ses parents. Il avait ensuite filé chez Kévin, son meilleur ami, et lui avait tout expliqué. Il n'avait plus adressé la parole à ses parents depuis. Comment auriez-vous réagis si vous appreniez que vous quittiez le seul endroit où vous avez toujours vécu ? Mais malgré ses efforts, il se retrouvait à charger ses cartons dans la voiture. Et ce soir il serait dans l'avion, en direction d'un pays inconnu. Londres allait lui manquer. Le garçon soupira. Il se releva à temps pour assister à la scène qui se déroulait devant lui. Son père sortait de la maison avec un énorme carton. Son pieds se pris dans une marche et Peter vit son père tomber et le carton s'envoler, le tout comme dans un film au ralenti. Son père était maintenant par terre, entouré de diverses affaires, sous les rires des déménageurs et de son fils, qui en bonne âme charitable, l'aida à se relever. En fin d'après-midi, ils avaient fini de charger les cartons. Kévin l'accompagna à l'aéroport où il devait prendre l'avion avec son père et une partie de leurs affaires. Sa mère les rejoindrait le lendemain. Il dit au revoir une dernière fois à son ami et partit après avoir promis de l'appeler une fois en Amérique. Peter attrapa sa valise et se dirigea vers la porte. Dire qu'il y avait du monde serait un euphémisme. L'aéroport était noir de monde. Plus d'une fois, le jeune homme perdit son père de vue. Il finit devant la porte d'embarquement sans encombre. L'hôtesse lui indiqua sa place. Son père, lui, était deux rangées devant lui. Peter se retrouva entre une dame scotchée sur son ordinateur portable et un homme qui semblait avoir la soixantaine. Il avait des yeux bleus qui pétillaient tellement qu'on aurait cru qu'il en avait vingt de moins. Son père se retourna et lui fit un petit sourire auquel il répondit par une grimace en désignant ses voisins. Le garçon enfonça ses écouteurs et lança la musique. En sortant de l'avion, Peter s'étira dans tous les sens. Passer huit heures assis sans parler avec personne et à s'ennuyer ferme ne lui réussissait pas et son humeur était encore plus mauvaise que lors du décollage. En plus ses voisins étaient pour le moins ennuyeux. La femme n'avait pas arrêté de râler des conditions de voyages et l'homme n'avait fait que somnoler. Il ne lui avait parlé qu'une fois pour lui demander l'heure. Génial. Il monta dans la voiture de son père. Le nouveau cabinet de sa mère se situait dans une petite ville de six mille habitants. Le nom n'était pas resté gravé dans l'esprit de Peter. Il savait qu'elle se situait dans l'Illinois. Il était parti pour deux heures de route, alors il prit son mal en patience. Il finit par s'endormir. Son père le réveilla. Ils étaient devant une maison énorme. Peter n'était même pas sûr que le mot « maison » convienne. « Manoir » serait plus approprié. Il aperçut des arbres derrière. On dirait qu'une mini forêt longeait la rue. Mais il n'aperçut pas grand-chose d'autre car il faisait nuit. Son père lui mit la main sur l'épaule et ils entrèrent. Son père installa des lits de camps. Peter s'affala dessus, le bras sur les yeux.

-Tu verras tu te plairas ici. En plus, tu reprends l'école bientôt. Tu te feras de nouveaux amis très vite, lui dit son père.

-Je n'aurais pas eu besoin de m'en faire de nouveau si on n'avait pas déménagé, grommela Peter.

Dans la pénombre, le père ne vit pas la moue de son fils mais sentit l'amertume dans sa voix. Il soupira et se coucha. Peter chercha longtemps le sommeil et finit par s'endormir, plongé dans les souvenirs de ses amis.

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