Chapitre 10

5K 416 56
                                    

Cela doit maintenant faire vingt minutes que Théodore est réveillé. Je le sais parce que je ne dors plus depuis une bonne heure, mais aussi parce que nous avons passé la nuit dans les bras l'un de l'autre, et que depuis un petit moment je suis seule dans ce lit et ça me paraît bien vide. Je ne voulais pas me réveiller avant lui, de un parce que je ne suis pas chez moi, et de deux j'ai bien trop mal à la tête pour bouger. Alors je fais semblant de dormir, lui faisant croire que je suis encore dans un sommeil profond.

La porte de la chambre grince, mais ce n'est pas pour autant que j'ouvre les yeux. Des petits pas se font entendre, même si je parie qu'il essaye d'être discret, puis soudainement ses pas s'arrêtent.
J'ouvre un petit peu mes yeux, pour voir ce qu'il envisage de faire. Mais lorsqu'ils rencontrent un dos nu, et des jambes couvertes par une serviette, ma respiration devient de plus en plus lente. Pourquoi ai-je fait ma curieuse ?
Heureusement qu'il est de dos, je ne sais pas comment j'aurais fais sinon. C'est déjà assez difficile de me retenir, je pourrais très bien me lever discrètement, passer derrière lui et faire tomber cette serviette. Mais je ne ferais rien de tout ça.
Je ne ferme pas directement mes yeux, et profite un peu du spectacle. Sa serviette tombe au sol, ses fesses bien ferment sont là en face de moi, et c'est dur de lui résister. Il passe un caleçon, cachant maintenant l'arrière parfait qui m'était exposé. Je les referme quand il commence à se retourner.

-Maddie ? Tu es réveillée ?

Mince. Il m'a démasqué, mais j'étais discrète pourtant. Je me tourne de l'autre côté du lit pour dissimuler mon petit sourire, mais il ne passe pas inaperçu.

-Je sais que tu ne dors plus, j'ai vu tes yeux ouverts dans le miroir.

Quoi ? Il m'a remarqué grâce au reflet de quel miroir ?
Je ne suis pas aussi observatrice que je pensais.
Il faut que j'apprenne à faire attention aux petits détails, bien que j'y fasse déjà assez attention pour moi.

-Aller c'est bon arrête de faire semblant, n'ai pas honte d'avoir admiré mon corps. Je sais que mes fesses sont plutôt généreuses, et j'ai bien vu ton regard insistant sur celle-ci.

Il a vraiment tout remarqué alors ? Pourquoi ? Expliquez-moi comment se fait-il qu'il est si sur de lui ?
Bien qu'il n'ai pas tort, il a raison sur toute la ligne, mais quand même, je suis gênée.
Le lit s'affaisse sous son poids, mon sourire s'estompe directement quand je sens son bras passer autour de mon corps.

-Je te croyais plus mature que ça.

Instantanément je me retourne vers lui pour le repousser. Mais pour qui se prend-il ?
D'un mouvement fluide et rapide je repousse son corps du mieux que je peux, mais ses mains capturent les miennes.

-Je savais que tu allais réagir comme ça.

-Ne m'adresse plus la parole, rétorqué-je froidement en tournant la tête dans le sens opposé de la sienne.

-Je voulais juste voir ton joli visage, je ne le pensais pas vraiment.

-Tes compliments me flattent mais tu l'as quand même dit !

-Mais ce n'est pas vrai, je n'étais pas sérieux dans mes paroles !

-Ce qui est dit est dit !

J'ôte mes mains des siennes, et sors rageusement de son lit.

-Joli boxer, lance-t-il avant que je ne sorte de la chambre pour me diriger vers la salle de bain.

Même si j'ai encore mal à la tête, il faut vraiment que je me douche. Je prendrais un médicament plus tard.
Ce matin contrairement à hier j'ai un peu plus de force, je tiens sur mes jambes c'est déjà pas mal.
Quand j'arrive dans la salle de bain, j'enlève tous ses habits, et fonce sous la douche.
L'eau qui coule sur mon corps détend tous mes muscles encore endormis.
Souvent quand je suis sous la douche, je réfléchis et je me pose beaucoup de questions. Aujourd'hui, ici dans l'appartement de Théodore, les questions ne sont pas du même ressort que d'habitude.
Comment allons-nous réagir maintenant ?
Pourquoi je me suis laissée faire ?
Est-ce qu'il en a toujours envie ?
Et comment allons-nous gérer nos trajets quotidiens ?
Pour le moment, une seule réponse me vient en tête, je n'enfreindrai pas ma règle.

Quand je sors de la douche, je me sèche rapidement avant d'enfiler à nouveau les fringues de Théodore. Je quitte la salle d'eau, lorsqu'une petite odeur de nourriture atteint mes narines. Mais cette odeur qui aurait pu m'ouvrir l'appétit ne fait qu'empirer mes remontées due à l'alcool. Grâce à un petit pas de course rapide, j'arrive dans les toilettes juste à temps pour faire sortir ce que j'ai sur l'estomac.
La tête au-dessus de la cuvette, je continue de me vider jusqu'à ce que Théodore arrive vers moi.
Il me demande comment je me sens, avant de relever mes cheveux. Vaguement je lui réponds que ça va, même si ce n'est pas réellement le cas, je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi. Ce n'est rien, juste un contrecoup des verres bu hier soir.

Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que j'arrête de vomir. Je pense que je n'ai plus rien dans mon estomac. Théodore est toujours à mes côtés, il me soutient alors que je suis dans un état pitoyable.
Il m'aide à me relever, et m'emmène, une nouvelle fois dans sa chambre, il m'allonge sur le lit, avant de sortir de celle-ci.
Il revient accompagné d'un verre d'eau avec un médicament. Il me tend le tout, puis s'assoit à mes côtés.

-Tu vas mieux ?

-Ça va, c'est juste un contrecoup..

-Tu veux manger quelque chose ?

-Ne me parle pas de nourriture je t'en prie.

Il ricane avant de récupérer le verre, à présent vide, et le pose sur la table de chevet.

-Tu peux rester là, je vais aller faire quelques courses. Je reviens vite, m'explique-t-il en déposant un baiser sur mon front.

Je hoche lentement la tête, avant de fermer lentement les yeux. La porte de la chambre claque doucement, et un soupire s'échappe de ma bouche.
Un second claquement se fait entendre, et je me rends compte que je suis seule dans cet appartement qui ne m'appartient pas.
Je pense qu'il est temps pour moi de rentrer chez moi, certes mon état n'est pas le meilleur, mais je ne veux pas qu'il me retrouve ici. J'ai assez profité de lui. Une fois de plus je plie bagage.
Je récupère mes affaires, éparpillés au sol, récupère mon sac.
Une nouvelle fois je ne pars pas sans -réellement- prévenir, puisque je lui laisse le message suivant sur une petite feuille blanche.

Théodore.

Je suis désolée pour hier soir, je n'aurais pas dû boire autant. Je sais que tu t'attends à me retrouver ici, chez toi, mais je pense qu'il est grand temps pour moi de rentrer.
Non pas que ta compagnie me dérange, au contraire, j'ai beaucoup apprécié notre petit moment rien qu'à nous, mais toute bonne chose à une fin n'est-ce pas ?
Alors je pense que notre bulle a éclaté. Je te remercie quand même pour cette petite soirée, c'était sympa, même si j'ai loupé une demi-journée de cours à cause de l'alcool.
Je ne t'oublie pas demain matin, sept heures trente devant chez toi.

                              À demain.
                               Maddie.

Après avoir signé mon petit message, je m'éclipse. Je quitte son appartement, me dirigeant ainsi vers ma voiture.
Malheureusement, j'avais oublié qu'il m'avait pris mes clés. Ce qui signifie qu'il a utilisé ma voiture pour aller faire ses courses, puisque la sienne est toujours en réparation.
Me voilà donc, seule, devant son immeuble, mais je ne dois pas rester ici. C'est beaucoup trop risqué pour moi, je ne veux pas d'autres ambiguïtés de ce genre avec lui. Je n'ai, alors, pas d'autre choix que d'utiliser mes jambes pour rentrer chez moi, même si la force et le courage ne sont pas spécialement au rendez-vous.

Rien qu'un égarement [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant