Je n'ai jamais aimé les hôpitaux, ils ont cette espèce d'atmosphère pesante et cette ambiance morbide que je ne peux supporter, mais par-dessus tout, ils renferment des souvenirs trop sombres pour être cléments à mon égard. Me tenir ici aujourd'hui devant ces dizaines de chambres toutes vêtues de blanc constitue un effort incommensurable pour moi, car la dernière fois que je me suis tenue à cet endroit n'est autre que lorsque j'ai appris que je ne serais plus jamais la même, que je ne serais jamais mère.
- Mia ?
- Emily ! je m'exclame en m'approchant d'elle, terrorisée à l'idée de ce qu'elle va bien pouvoir m'annoncer. Est-ce qu'il va bien ?
- Je suis au courant de rien, je ne l'ai pas encore vu, elle murmure, les larmes aux yeux. Il y a encore du monde dans sa chambre mais il a insisté pour te voir, toi.
Le poids qui me comprime la poitrine est intenable. J'essaie de prendre une respiration plus régulière et posée, seulement je suis si angoissée que j'en tremble des pieds à la tête. Être dans le doute est une chose absolument atroce.
Notre attention est attirée par plusieurs personnes sortant de sa chambre. Des collègues militaires, des proches... je ne vois aucun visage familier mais je comprends que mon tour est venu lorsqu'une femme vêtue d'habits militaires me fait signe de la rejoindre.
- Vous êtes Mia ?
J'acquiesce d'un hochement de tête et la scrute avec attention tandis qu'elle m'offre un petit sourire triste qui ne fait que me pétrifier davantage.
- Il vous attend.
Ma respiration se bloque lorsqu'elle ouvre la porte pour me laisser pénétrer dans la chambre. Je ne suis pas prête, pas maintenant, pas comme ça. J'ai bien trop peur de voir son visage, et pire encore si celui-ci est abimé par son accident.
- Mia...
- Oh Matt ! je souffle de choc en voyant son visage si contusionné qu'il en est méconnaissable.
Je m'approche précautionneusement de son lit en tentant de retenir mes larmes de couler face à cet ami que je porte dans mon coeur comme un frère... mais perds contrôle et fonds en larmes dans ses bras ouverts. Matt n'est pas juste son ami, c'est également le mien, et je crois que le fait qu'il soit rattaché à ce passé que j'ai tout fait pour oublier me le rend plus précieux encore. Comme s'il était une relique de ce qui reste de mon moi d'avant, en quelque sorte.
- Ça me fait trop plaisir de te voir petite Mia, il parvient à prononcer avec difficulté tandis que je m'écarte légèrement de lui.
- Moi aussi Matt... Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il tapote un petit espace près de sa cuisse pour m'inviter à m'assoir près de lui et me regarde avec une certaine tendresse tandis que je prends place à ses côtés. Il est partiellement recouvert d'un drap mais le haut de son corps est bandé, si bien que je me demande ce qu'il a bien pu lui arriver. Et c'est avec une difficulté sans nom que je me retiens de lui poser un milliard de questions à propos de lui.
- J'ai eu un accident de pilotage, rien de très original, il amorce avec un sourire sarcastique, pour ne pas changer.
- Pourquoi est-ce que t'es bandé de partout ?
- J'ai dû me faire opérer plusieurs fois parce que l'un de mes foutus reins est bousillé... mais t'inquiète pas pour moi, Mia, il ajoute en voyant mes yeux se remplir de larmes, je suis en pleine forme.
Comme pour ponctuer ses propos, il m'offre un clin d'oeil digne de lui qui a le mérite de me faire rire légèrement. Et c'est étrange, mais il a beau être semblable à celui que je connais, quelque chose en lui me perturbe. C'est comme s'il hésitait à me dire quelque chose ou bien qu'il désirait évoquer un sujet bien trop difficile... et la minuscule étincelle de tristesse dans ses yeux me broie soudain le coeur. Je suis bien trop effrayée de connaitre ce qu'il a à me dire.
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IDEM Until the end of eternity
RomantizmColin. Le simple fait d'écrire ton nom sur cette feuille vierge de tout, d'encre, de nous, de notre amour et de vie, me donne le sentiment de mourir encore un peu plus. Parfois je me prends à prier pour que tu m'aies oubliée, afin qu'au moins l'un...