« Saleté de bouchons... »
Il est onze heures du soir. Même si ça n'est pas foncièrement tard, cela fait près de cinq heures que j'ai le cul posé devant mon volant. Cinq heures à lutter contre le sommeil. Nous sommes partis juste après les cours de l'après-midi, soit vers six heures, et nous sommes arrêtés une fois pour faire le plein. Roshe a fortement insisté pour prendre ma place, mais étant donné son hospitalisation encore fraîche, j'ai préféré prendre des précautions.
Maintenant il dort. La tête appuyée contre la vitre, il a remonté le col de son sweat jusqu'à son nez. À intervalles réguliers les faisceaux des lampadaires glissent sur ses traits, faisant s'évanouir des tâches oranges dans l'obscurité de son visage. Une odeur de crème hydratante émane de lui.
« Vous êtes bientôt arrivés ? lâche Ash à travers le haut-parleur de mon téléphone.
— Dans 30 minutes si j'en crois les panneaux.
— Cool, cool... Vous n'avez pas mangé je suppose ?
— Négatif. Et je commence à voir de petites étoiles jaunes danser sur la route..., je plaisante d'un ton cynique.
— Dis pas ce genre de choses, grommelle-t-elle. Allez, je vole vous préparer un truc le temps que vous arriviez. »
Elle raccroche.
Le grésillement de l'auto-radio me bourdonne dans les oreilles. Mais étant donné que cela a l'air de maintenir Roshe endormi, je n'ai pas la foi de l'éteindre.
« Qui c'était ?
Je sursaute. L'atmosphère est pesante, si bien qu'une goutte de sueur glacée descend le long de ma nuque et se fraye un chemin entre mes vertèbres.
— Rendors-toi, poussin, je lui adresse en prenant soin de prendre l'air mielleux.
— Brrr, arrête ça : on dirait ma mère, frissonne Roshe en s'ébrouant sur son siège. C'est glauque.
Puis, réfléchissant à ce qu'il vient de dire, il ajoute :
— Oublie ce que j'ai dit à propos de ma mère. Elle serait sûrement incapable de me montrer ne serait-ce qu'une once d'affection en m'appelant "poussin".
Inutile de rétorquer un "mais nooon, ne dis pas ça..." à Roshe : il est bien trop buté. Au lieu de ça, je lui lance un coup d'œil.
— Peut-être pas ta mère, mais moi oui, je réplique avec une voix de grand-mère.
La voiture prend un virage. Roshe se tasse un petit peu plus contre son siège.
— J'aimerais bien pouvoir en dire autant avec toi..., il soupire en fixant le vague, soucieux.
Interloqué et à la fois perdu par sa réponse, je fronce les sourcils.
— Comment ça ?
— Bah t'as déjà vu un poussin rose ?
Je lâche un soupir :
— T'as vraiment un humour de merde.
Passant outre mon agaçement, le brun reprend sa place contre la fenêtre et me jette un regard neutre.
— Il n'existe pas d'animal rose avec lequel je pourrais te surnommer...
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stratosphère.
Ficção AdolescenteEt puis celui qu'on appelait Roshe est revenu, bourré de fautes et de mensonges. Kyrel ne l'avait jamais vu : il ne s'intéressait pas à ce genre de gamins. Alors pourquoi lui avoir répondu ?