Chapitre 31

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Deux mois plus tard

Certaines épreuves de la vie sont plus dévastatrices que d'autres. On souhaiterait presque la mort, plutôt que d'avoir à les subir. Et j'en étais arrivée à la, j'en étais arrivée à me souhaiter la mort à moi, plutôt qu'à ma progéniture.

Trente-trois heures.
C'est le temps qu'on a pu passer avec notre fille et encore je n'ai pas déduis les moments passées en néonat. Les trente-trois heures les plus belles, les plus intenses, les plus rapides, mais aussi les plus destructrices qu'il m'ait été donné de vivre.

J'ai appris il y a moins d'un mois que je ne pourrais plus jamais enfanter. Je sais qu'il faut placer sa confiance en Dieu et ne pas se lamenter, mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

Les gens ne comprennent pas ce que je vis, il ne savent pas ce que je traverse, ils ne peuvent donc pas me dire comment gérer mes émotions.

Quand je repense à ce jour, c'était le dernier coup de marteau pour m'achever encore plus...

Gynécologue: D'après quelques tests et la prise de sang effectuée, vous êtes stérile. C'est un miracle que vous ayez pu avoir votre enfant d'ailleurs.

Je médite sur ses paroles, j'essaye de comprendre, de lire entre les lignes, mais tout était clair, très clair...

Je fond en larmes, jusqu'à ne plus pouvoir respirer, ma gorge me brûle, mon cœur se serre, mes membres me font mal, ma tête me fait mal. Je veux peut-être même mourir à cet instant, à vrai dire je ne sais même plus ce que je veux, enfin si je veux une chose, j'aimerai me réveiller en sursaut et remercier Allah car tout ça n'était qu'un cauchemar.

Je n'ose pas regarder Salim, j'ai honte et aussi peur. Je me sent inutile, laide et sale. J'arrive à trouver tous les défauts du monde en moi.

Salim ne perd pas de temps pour me reconforter et m'enlacer.

Salim: Chut...chut....Respire doucement, calme-toi un peu...

Salim m'aide à me redresser, puis nous quittons le cabinet, avec cette énorme boule, ce nœud dans le ventre, pour ma part.

Voilà c'est tout ce qu'il y a à savoir au sujet de ce jour. Après la perte de mon enfant, j'ai perdu tous mes repères, tous mes objectifs de vie. Tout est devenu plus compliqué, avec tout le monde à vrai dire. Je n'étais plus cette fille joyeuse et toujours souriante, j'étais devenue un cadavre.

Ce jour là, Salim qui restait très fort depuis la perte de notre enfant, avait lui aussi perdu le contrôle de ses émotions. Lui qui me rassurait, qui me promettait que tout irait mieux, qui me demandait de garder confiance en Dieu, qu'on aurait d'autres enfants et que le temps penserait nos blessures.

Il saura vous expliquer mieux que moi, cette période difficile.

[SALIM]

Arrivés à la maison, je l'ai accompagné jusqu'à notre chambre et je me suis posé à côté d'elle.

La perte de notre fille n'a pas été facile, j'ai tout essayé pour l'aider à remonter la pente, en lui cachant ma peur. Si je cède aussi à la tristesse, elle ne se relèvera jamais. Je suis son seul pilier à présent, si je ne parait pas fort, elle va se laisser aller et jamais se relever.

Maman, je n'aime que toi [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant