Chapitre X

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"Le plus grand conquérant est celui qui sait vaincre sans bataille." Lao-Tseu

La pluie s'abattait en trombe et je pédalais comme si ma vie en dépendait. Thomas Bartolli en valait-il vraiment la peine ? Et qu'allait m'apporter cette bagarre hormis des bleus et une réprimande de mes parents ?

Les pensées filaient dans ma tête à grande vitesse alors que les gouttes gelées me flagellaient le visage.

Ce n'est pas pour Thomas que je le fais ! C'est pour mon honneur ! Je vais lui montrer que je ne suis pas un lâche, que je n'ai pas peur de lui !

Je savais très bien que je n'avais aucune chance face à ce monstre.

Mais peu importait, car ce n'était pas pour gagner que j'avais relevé le défi ; c'était pour ne pas plier, ne pas abdiquer.

Alors, malgré la nuit tombante, l'averse et la fatigue, j'allais régler le cas Bartolli ce soir, d'une manière ou d'une autre.

Je suis arrivé à l'école avec des habits gorgés d'eau de pluie. Le K-way avait fait de son mieux pour faire rempart contre le déluge, mais il était tombé au combat.

J'étais en avance et l'école n'était pas encore désertée. Quelques fenêtres laissaient filtrer la lumière à travers les stores vénitiens ; sûrement des professeurs qui corrigeaient des copies, ou des administratifs qui bouclaient leurs dossiers.

J'ai pris mon vélo sous mon bras et j'ai continué à pied vers le gymnase, j'ai avancé dans les endroits ombragés. La présence des élèves, surtout de mon âge, n'était pas autorisée à cette heure.

Une fois arrivé au point de rendez-vous, j'ai déposé mon vélo à terre et j'ai attendu devant la porte arrière du gymnase. J'ai rincé mon sweat en le tordant au niveau des manches, mais rien n'y fit, j'étais transi de froid. J'ai dû attendre de longues minutes, à sauter sur place pour me réchauffer, avant que je n'aperçoive la silhouette de trois vélos sortis des ombres.

Il n'est pas seul ! Le lâche !

À ce moment, j'ai songé à m'échapper. Il avait rompu le pacte, j'étais dans mon droit. Mais à quoi bon, je voulais lui montrer qui j'étais et la fuite n'était pas une option.

Sans surprise, les deux invités de dernière minute étaient Raymond et Paolo.

Ils ont posé leur vélo à une dizaine de mètres de moi.

Bartolii a fait signe à ses amis et s'est avancé vers moi.

Il m'a lancé :

— Je suis surpris, le nouveau. Je ne pensais pas que tu viendrais. Tu es courageux... ou stupide.

— Oui, et contrairement à toi, je ne suis pas un lâche. Je suis seul.

Thomas a secoué la tête.

— Rectification : Tu es venu seul, car tu n'as pas d'amis. Sauf si tu considères la petite rouquine coincée et le jeune greffé à son cellulaire comme des amis, bien sûr.

Ray et Paolo, on rit. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle, mais j'ai souri en réponse à leur bêtise.

— Franchement Thomas, tu crois que ces deux-là sont des amis ? Ils ne sont avec toi que pour ton argent, et parce que, pour une raison que j'ignore, tu es populaire. Allez viens finissons-en. Je t'attends. Montre-moi ce que tu as dans le ventre.

(Oui... montre-lui qui tu es)

Le visage de thomas s'est barré d'un sourire de biais.

— Tu as raison. On va régler ça. Et ce soir, je vais t'apprendre une petite leçon, le nouveau. Et crois-moi, tu vas l'apprendre à la dure !

AU-DELÀ DU CERCLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant