À ma mort

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Le médecin me regardait droit dans les yeux après avoir maintes fois bessé le regard.

Je m'attendais au pire. Il avait trop hésité. Son visage s'était décomposé. Il déposa sur son bureau devant lui le résultat des analyses.

« Mes craintes se sont malheureusement confirmés monsieur Ross!»

- Je vais mourir...

- Non! Mais vous êtes arriver au stade où il faut vous opérer d'urgence pour éviter le pire.

Non, je savais que tout cela n'était que beau palabres. Ma fin était proche, je le préssentait. Chaque soir, je la voyais venir vers moi. Elle m'embrasait petit à petit. Mais je n'osais pas en parler à ma Natacha, ou encore moins à ma fille. Que serait elles sans moi? Et dans la nuit je me tournais vers ma femme. Elle était toujours profondément endormie quand cela m'arrivait, sans se douter de ce qui se tramait. Elle se réveillerait un matin et me trouverait mort. Je ne voulais pour cela plus dormir. Je cherchais un moyen de les protéger après mon départ.

Je repenssais à ma rencontre avec Natacha il y a quinze ans, je venais à peine de terminer l'école secondaire et ne trouvant aucun travail, dans un pays qui n'offrait pas grande opportunité, je vivais encore aux dépens des parents. Puis je l'ai croisé et elle m'a donné envie de me battre et je me suis battue jusqu'à ouvrir un petit dépôt en dehors de la ville. Nous avons surmontés ensemble beaucoup d'épreuves, causes de la jalousie et de la méchanceté de nos voisins. Souvent des matins devant le dépôt je retrouvais des calbasses remplis de charognes, ils lançaient pour nous détruire toutes sortes d'expédition. Mais nous en venions toujours à bout de leur magie noire. Je faisait mes prières aux Saints et à Dieu, je chantais des psaumes, peaufinais le rituel d'eau bénite et le problème se résolvait momentanément.

Ma fille est né quelques années plus tard. Les affaires marchaient assez bien au moment et j'ai dû faire des prêts à la banque pour ouvrir d'autres succursales. Nous avons déménagés pour éloigner notre enfant des mauvaises oeil du voisinage. Ce qui ne voulait pas dire que nous en avions fini des mauvais coups.  Nous vivions un pays où les suppôts du diable se trouvaient partout, même derrière les sourires des bons samaritains; prêts à semer le mal dans les familles. Et le malheur nous touchait encore, ma force et ma foi me permettaient de résister mais je m'affaiblissais. Nous n'arrivions plus à payer nos dettes, j'avais toujours un peu plus mal dans mon esprit et dans mon corps.

J'ai tant sacrifier mais il me restait encore tant à accomplir. Le Bon Dieu devait être méchant pour permettre que cela m'arrive à moi. Il ne permettra pas que mes persécuteurs voient ma gloire, je ne triompherai pas, comme Job en son temps et les méchants viendront rire sur ma tombe. À ma mort on ne se souviendra de moi que comme un homme qui s'est donné corps et âme pour échouer après la bataille.

Chronique De Textes PerdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant