J'ai toujours eu cette passion face au tombé de la pluie.
Quand j'étais petite je me rappelle que je me plaisait souvent à m'isoler sur la galerie pour regarder cette infinité d'eau venant du ciel s'éclabousser sur les feuilles des arbres de la cour et me fouetter le visage à travers les balustres.
Il m'arrivait aussi de sortir dehors pour sentir couler sur ma peau cette eau bénite.
Je me disais que la pluie était bonne, que Dieu l'avait créer pour permettre aux fleurs d'éclore, pour apporter aux hommes l'eau nécessaire pour la culture et ces besoins.
Aujourd'hui je me rends compte des dégâts que peut apporter pour certains, une chose si nécessaire. Tandis que moi, je lui portais admiration, d'autres perdaient biens et vie par sa faute.
Était ce donc la pluie qui était mauvaise, ou n'avons nous pas su tout simplement préserver l'environnement pour qu'elle nous soit utile sans nous porter préjudice.
Nous sommes le dix août, aujourd'hui la pluie a beaucoup tombée. Sortie après l'averse, le paysage campagnarde m'a semblé le contraste parfait de ce qu'elle avait été quelques minutes plus tôt.
Les plantations d'arachides et de cafés dans les mornes avaient disparus pour laisser place à des pentes raides marqués de sillons. De l'herbe verte qui bordait la route, il ne restait qu'une eau stagnante s'étendant sur tout le chemin, ce qui empêchait le passage des piétons et des automobiles.
Sur tout l'horizon on ne voyait s'étendre boue et destruction. Les maisonnettes sur la butte s'étaient écroulés avec l'érosion, les quelques uns ayant résistés étaient ensevelis au pieds du morne sous un amoncellement de terre.
Pourtant, on n'avait annoncé ni tempête, ni cyclone. La raison du mal n'était autre que le déboisement.
La moindre pluie nous devenait fatal, l'écosystème était cruellement atteint, car même dans les villes, il en était ainsi.
À la capitale, il y a un moins, la pluie est tombée pendant trois jours. Trois jours a suffit pour boucher tout passage. Dans les caniveaux coulaient les détritus poussés par l'eau boueuse. À certains endroits ces saletés nauséeux s'entassaient à la vue de tout le monde.
Et l'on regardait, l'on acceptait sans rien dire. Qu'y pouvait on de toute façon. "Je ne suis pas venu pour changer le monde" se dit on.
Mes souvenirs d'enfance ont disparus.
Et avec, toutes mes rêves et mes passions.Mais personne ne vient changer les choses.
Personne ne changera les choses.Et le malheur nous poursuit dans tout ce qui aurait dû être beau.
L'eau du ciel vient avec des épines.
Elle court et transporte le mal de notre indifférence.La pluie aujourd'hui c'est la mort.
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Chronique De Textes Perdus
PuisiDes mots. Rien que des mots. Des mots qu'un coeur a versé. Déversé dans le tas. Ils sont perdus...