Plaisir coupable?- La Famille

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Dédicacé à wanderlust99

La camionette s'arrêtta, une femme accompagnée de deux enfants, le premier dans ses bras et le second accroché à sa robe, en descendit. Tout au long de la route, la voiture s'arrêtait aux carrefours pour se vider de passagers pressés de rentrer, après la matinée dominicale.
Une masse poussiéreuse s'élevait à chaque fois comme pour effacer du paysages, les gens annimés au bord des trottoirs. Les marchands reculaient, sans pour autant cesser leur chants cacophoniques.

Dlo! Mande dlo glas! Savon lave...fab...klowòks...mistolin..digo...bikabonat. Zaboka mi...zaboka mi...

Dix heures, et Port-au-Prince brûlait de la vie de ceux qui souffrait sous le soleil.

À l'arrière du transport en commun il ne restait que mon père ma mère, ma petite soeur et moi. Leur conversation chuchotante que j'écoutais à peine continuait quand soudainemaint ils se levèrent tous. Nous étions arrivés à destination. Ou presque, car il nous fallait encore faire un bonne route à pied, jusqu'à la maison.

Moi et ma perite soeur en avant, papa et maman nous emboitait le pas. À chaque enjambée dans les roches et la poussière, je me sentais affaibli un peu plus de fatigue. Je m'efforçais tant bien que mal de retenir la petite, qui ne râtait pas une occasion de sauter et de courir. Même après s'être réveillé à quatre heures du matin, patienté des minutes pour trouver un tap-tap, suporté les bousculades des piétons un peu bourik ( malpoli), s'être brisé les os du postérieur deux heures entières sur les bancs de l'église, elle ne perdait de son énergie.

O... Oué ... yo bay kouran ( l'électricité est rétabli)

S'écria t elle en pointant du doigt l'ampoule allumé sur le mûr de la maison. Immédiatement, la porte ouverte, ma petite soeur se rua à l'intérieur pour allumer la télé.

Elle sautait encore de joie voyant qu'une série de Totally spies venait à peine de commencer. Mon père vint s'asseoir quelques minutes plus tard, après s'être débarassé de sa chemise qu'il allongea sur ses jambes.

Vire bagay sa non. (Change de chaîne)

Je m'enpressais de me saisir de la télécommande pour faire défiler les images, pour ne pas le fâcher. Mon père faisait despotiquement régner son autorité sur nous. Car sa parole, c'était la "Loi" unique et irréfutable. Une loi, que personne, pas même ma mère n'osait contester. Je m'arrêtai quand apparu sur l'écran le casting d'un film en musique. Sous les titres qui s'affichaient au coin, des images de guerres se succédaient. Je savais déjà que ça lui plairait car d'habitude il adorait l'action.

Je vint me placer à même le sol, au pied de la chaise où ma soeur était assise. Le film débutait sur la vie dans un pays asiatique occupé par Rome. Puis se fut la guerre. Au fur et à mesure se tissa une histoire d'amour entre un guerrier romain et une captive de l'autre partie.

Je regardais défiler les images, comme hypnotisé. Derrière moi, ma mère aussi s'était jointe à la partie, s'étant trouvée une place aux côtés de mon père. Tout autant captivé par l'histoire que moi.

C'était de ces moments que j'apréciais. Je ne savais pourquoi mais le fait de partager ces instant avec eux m'apportait une joie secrète mêlée d'espoir. Nous qui d'habitude n'entretenions pas de vie de famille que l'on pourrait qualifier de "normal". Cela changeait un peu de la routine " Granmounn pale, timoun pe." (Les adultes ordonnent, les enfants obéissent) L'ambiance de crainte avait disparu pour quelques minutes.

La captive se retrouva dans la chambre du guerrier Romain le soir d'une fête. Et le temps de le dire les deux se retrouvèrent nus. Toutes les poils de mon corps se dressèrent, comme un félin à la vue du danger. Je n'avais pas besoin de tourner la tête pour sentir le regard en coin de mes parents. Pas besoin d'être devin pour savoir qu'au fond de leur crâne, c'était la panique de voir leurs deux enfants assister à une scène de jambes en l'air. J'avais la télécommande en main. Je pouvais décider de changer de chaîne en feignant le dégouté, afin de mettre fin à cette situation peu confortable ou encore ne pas réagir et laisser aller. Dans les deux cas, je savais que tôt ou tard, j'aurais droit à une scèance maladroite d'éducation sexuelle. Car ce sont des choses que les parents haïtiennes oublient fort souvent. En s'imaginant peut-être que leurs enfants ne grandissent pas. Et ce sont les amis, les médias, l'internet qui s'en occupent à leur place. Lorsqu' ils le font, contentons nous, au pire, d'un: Tifi ak tigason se tankou alimèt ak gaz! (les jeunes filles et les jeunes garçons sont comme le gaz et le feu).

Quand enfin, la supplice prit fin, je pu enfin respirer de tous mes poumons.
Encore mal à l'aise, je me dirigeai vers ma chambre car le film ne m'intéressait vraiment plus. Je me débarassai de ma chemise et de mes souliers et me laissai aller sur le lit. Une vague de frissons m'envahit au même moment et les images que je venais de voir me revinrent clairement à l'esprit. Cette frisson se transforma en chaleur fraîche et s'intallalla plus bas, prêt à me faire succomber au plaisir coupable de mes sens...

(À suivre...)

Chronique De Textes PerdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant