Chapitre 10 : Ne rien savoir

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Je tente de lui expliquer assez de choses sans pour autant rentrer dans les détails. Je n'aime pas que l'on sache ce que j'ai enduré, pourquoi et surtout comment. Il me fixe admirablement, il ne doit pas y croire. Et pourtant c'est la stricte et triste vérité. Je détourne plusieurs fois le regard mal à l'aise par mes mots. Je ne devrais pas me sentir mal, mais c'est bien la première fois que quelqu'un d'autre que ma famille est au courant de mes problèmes. Je reste stable même si j'ai peur qu'il comprenne que je ne veuille pas tout lui dévoiler.

- C'est horrible, finit-il par placé entre mon gigantesque récit.

- Je sais, mais la pitié ne fais rien.

Il me regarde ne sachant pas quoi dire. Dans ces moments-là le meilleur moyen est de garder le silence même si on se sent parfois lâche en ne faisant rien. On aimerait réconforter comme on peut, mais, rien ne peut cicatriser les blessures du passé. Je garde le silence quelques minutes. J'aimerai connaître ses raisons de ne plus étudier, ou de connaître le harcèlement. Tout le monde le connaît, oui, mais en est-il victime ? Du moins en était-il victime aussi ? Je regarde ma montre une heure du matin. Nous n'avons pas fermé l'œil depuis tout ce temps. Le stress. Je n'en doute même pas. Nous n'avons eu aucune nouvelle de Phil depuis bien trois heures maintenant que nous sommes ici. C'est intenable.

- Quand est-ce qu'un médecin va se décider à venir nous donner des nouvelles ? Bouillonne Stevie le visage enfoui dans ses mains.

- Je n'en sais rien. Je vais voir si tu veux.

Je me lève du siège. Passer plus de trois heures assis épuise passé un certain moment. Je m'éloigne de la salle d'attente et tourne sur la gauche. Un long couloir au mur blanc et au sol à la couleur marbre – carrelé me fait face. Je marche petit pas par petit pas longeant plusieurs chambre aux différents numéros. Des portes sont entre-ouverte. J'entends des parents parlés de leurs enfant partie en bloc opératoires. Qu'ils sont là depuis toutes la journée. Un lit roulant passe en face de moi, je me jette sur le côté, un petit garçon est allongé, encore dans les vapes. Je continue mon chemin, jusqu'à enfin parvenir à l'accueil. Deux femmes discutent, un gobelet rempli de café à la main.

- Excusez-moi.

Elles ne m'entendent pas. Je me racle la gorge pour faire part de ma présence qu'elles n'ont – soit disant – pas vue.

- Bonsoir, excusez-moi. J'ai besoin d'un renseignement.

La femme derrière son bureau me regarde de haut en bas, les lunettes sur le nez, les cheveux serrés en un haut chignon, l'air condescendant.

- Et de quoi avez-vous besoin mademoiselle ? S'enquit la plus jeune femme qui doit être un médecin.

- Cela fait plus de trois heures que nous n'avons reçu aucune nouvelle de notre ami partit en bloc opératoire.

La jeune femme me regarde, étonnée d'un tel commentaire. Elle me prend le bras et m'emmène vers le couloir.

- Trois heures ? Répète-t-elle le regard devant elle.

- Oui, trois heures.

Elle s'arrête au beau milieu du couloir.

- C'est impossible, écoutez, retournez vous asseoir, je monte voir et je redescends le plus vite possible.

Elle prend le premier escaliers sur sa droite et disparaît après la porte qui claque derrière son dos. Je contemple encore quelques seconde les portes battantes avant de reprendre mes esprits. Je m'élance vers la salle d'attente et m'assieds sur mon siège où, Stevie n'a pas bougé d'un poil.

- Alors ? S'empresse-t-il de me demander.

- J'ai vu un médecin qui va voir ce qu'il se passe. D'après elle, c'est anormale.

Il me regarde les yeux ronds. J'avoue que je suis paniquée aussi, mais pour tenter de garder mon calme, je lance une conversation, quelque peu désagréable.

-Maintenant que je t'ai raconté ce que j'ai vécu. A ton tour.

Il me dévisage avant de baisser les yeux vers le sol, les deux mains l'une dans l'autre. Ses cheveux bruns sont en batailles, sa veste bleu foncés et par terre. Il est crevé et paniqué. J'attends quelques secondes avant de reprendre ;

- Stev...

- Bon, ok.

Il inspire avant de tousser un coup et de tourner le regard vers moi. Ses yeux me dévore comme s'il voulait faire quelque chose.

- Tu es la deuxième au courant après mon père.

Je ne dis rien et le laisse prendre le temps qu'il veut. Avec le temps que l'on nous fait attendre, s'il prend deux heures avant de me le dire, je sais qu'on aura pas bougé d'ici, ça c'est certain.

Il se frotte les mains et souffle un coup avant de poursuivre ;

- Je suis victime d'harcèlement.

Toujours alors ?

- C'est pour ça que j'vais plus en cours.

Il expire une seconde fois et continue ;

- J'ai eu une réputation...

Il s'arrête les yeux rouges. De mauvais souvenirs qu'il n'avait jamais dit. Parler fait du bien parfois.

Je le regarde sans prendre la parole, ni même bouger.

- Au moins on est deux, dis-je en lui tapotant l'épaule une minute plus tard.

Il tourne sa tête vers moi et me sourit difficilement. C'était dur de se confier après plusieurs années où personnes n'est au courant de notre enfer ambulant.

- On m'a fait subir les pires horreurs... Poursuit-il.

Je le regarde, les yeux remplis de larmes. Ce n'était pas le moments de pleurer... Quoique si, vu la situation dans laquelle nous étions, tout était permis.

Des pas rapide se dirige vers nous ce qui nous fait nous enlevé toutes sortes de scénario de notre passé désagréable.

- Ah ! Vous êtes là ! Dit le médecin de toute à l'heure. Votre ami.

- Phil ! Comment va-t-il ? S'écrit Stevie hors de lui.

- Il est en salle de réveil.

La jeune femme sourit, Stevie me prend dans ses bras soulagé par la nouvelle. Trois heures de panique nous a suffit. Je lui souris avant de me rasseoir sur le siège.

- Je suis soulagée. Souffle-je.

- Moi aussi tu ne peux pas savoir comment.

Stevie commence à fermer les yeux, soulagé et prit de fatigue. Un médecin arrive et me dit ensuite ;

- Vous pourrez aller voir votre ami demain matin, vous pouvez dormir tranquillement, il est entre de bonne main.

Je le remercie, puis il s'éloigne vers le couloir menant vers les ascenseurs. Je tourne ma tête vers Stevie qui dort comme un bébé. Il s'en était sortit, il ne m'avait pas tout dit. J'espère qu'il n'avait pas découvert que je ne lui avais pas tout dis à mon sujet. Mais est-ce qu'on son harcèlement avait cessé ? Je ne savais rien. Il avait été discret, surtout méfiant. Mais c'est toujours dur de se dévoiler comme ça. « Les pires horreurs ». Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Qu'elle réputation lui avait-on décerné ? Que s'est-il passé pour qu'il en soit victime ? Toute ces questions se brouillaient dans ma tête. J'avais envie de le réveiller pour savoir, mais non. Je ne suis pas aussi curieuse que ça. Il me le dira quand il voudra... Mais peut-être que tout se rejoint... Pour ne plus me poser des tas de question je ferme mes yeux et sens alors les doigts de Stevie effleurait la paume de ma main ce qui me fit sursauter et me propagea une vague de frisson.

- Dors Summer. On en a besoin, chuchote-t-il.

Mes paupières se ferment m'entraînant loin de l'hôpital ; loin de l'enfer qu'il m'avait raconter, mais plus près de lui...

Summer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant