Chapitre 13 : Discussion jusqu'au lendemain

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Cela fait plus d'une heure que je patiente sur le fauteuil du petit salon. Je tripote mes doigts, je m'attache puis me détache les cheveux, j'allume ma musique pour pas plus de deux minutes. J'ai peur de ce qu'il peux bien vouloir me dire. Sa phrase se répète sans cesse, sans relâche dans ma tête.

« Je passerai ce soir... »

Pourquoi m'a-t-il dit ça ? Que veux-t-il me dire ? Je n'en peux plus d'attendre. Je guette par la grande baie vitrée son arrivé. Hailee ne sera pas là comme à peu près tous les soirs. Ce qui fait qu'il peut prendre le temps qu'il voudra. Pour passer le temps, je pars prendre une bonne douche puis me mets en pyjama – simple débardeur et short. J'attends encore quelques minutes les yeux rivés sur mon écran, puis des coups retentissent de la porte ; c'est lui.

— Il était pas trop tôt ! M'exclame-je.

— Désolé, j'ai été retenu. On peut parler. Hailee ne vient pas j'espère ?

— Non elle ne sera pas là, pourquoi ?

— Comme ça on peut discuter tranquillement.

Je vois ses yeux rivés sur mon short de pyjama. Cela me rends mal à l'aise, d'où peut-il se permettre... De toute manière je n'ai pas de petit copain qui pourrait lui casser la figure tout ça parce qu'il a regardé mes jambes... Et puis même il faut que j'arrête cette psychose. Je pars prendre une petite veste que je mets ensuite sur mes jambes une fois assise sur le canapé en tailleur. Cela m'évitera de me sentir mal.

— On peut parler, dis-je une fois à l'aise.

Il soulève un sourcil comme s'il comprenait mon mal à l'aise d'il y a deux minutes environ. Je ne le regarde pas et continue d'attendre dans ce silence qui devient pesant. Pourquoi ne parle-t-il pas, après tout c'est bien lui qui est venu jusqu'à mon studio ? Je lève mes yeux – tant bien que mal – vers lui.

— Tu ne parles pas ? Lui demande-je.

— Si. J'attendais que tu me regardes.

Je n'en reviens pas, ce qu'il peut être lourd parfois. C'est temps-ci c'est assez tendu. Avec ce que j'avais vu... Cela m'avait refroidie. Je ne dis pas que c'est le bad boy, ou celui qui frapperait une fille. Loin de là, mais cela m'avait surprise. Mais je pouvais dans un sens, comprendre. Pourquoi ? Car cela lui pesait. Il avait besoin de l'extérioriser comme il le pouvait. Or, ce n'est pas se lâchant sur quelqu'un que ça allait arranger les choses. Et puis comment ne pas croire que c'est lui qui aurait frappé Phil. A peine Phil avait-il prononcé qu'il avait reconnu l'ombre, qu'il était partit à vive allure, comme un fou. Le voir ensuite, frapper quelqu'un jusqu'au sang, alors que la veille, Phil avait été dans le même pitoyable état. Je ne savais pas...

— Parle vite Stev. J'ai sommeil, j'ai passé une rude journée...

Il me regarde comme l'air triste et désolé. J'ai assez entendu de pardon venant de sa bouche.

— Je vais faire vite alors, commence-t-il. Je voulais encore m'excu...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que je le coupe immédiatement.

— J'ai assez entendu de pardon venant de toi Stevie. Cesse ça et parle.

— Ok. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, j'étais comme sous emprise. Comme si ce n'était pas moi qui me contrôlais.

Il s'arrête un petit peu avant de lâcher ;

— J'étais en colère après toi.

J'écarquille les yeux. C'est pas vrai mais pour quelle raison ? Je n'ai rien fait de mal.

— Je ne comprends pas, dis-je, qu'ai-je fait ?

Il souffle un bon coup avant de poursuivre ;

— Parce que... Je croyais que tu te confiais à Phil.

— Écoute Stev, je ne sais pas ce qu'il se passe depuis un petit moment, mais il faut que ça cesse. J'ai d'autres choses à faire que de me préoccuper de la situation entre toi et Phil c'est compris ? Je veux que des choses changent et je vais m'en tenir, aller jusqu'au bout !

Il ne dit rien pendant un petit moment, peut-être un peu surpris par ma réponse assez sèche. J'ai été un peu crue, mais j'en avais assez de ce qu'il se passer, déjà que ce que l'on subit et gros il n'allait pas en rajouter une couche. Phil n'avait rien chercher encore. Il ne voyait pas la concurrence lui au moins. Pourquoi Stevie la voit-elle ? Peut-être parce qu'il... Non. Il faut que j'arrête cette idée. Il ne m'aime pas je le sais.

— Bon, je vais y aller. Finit-il par dire. Il est déjà une heure du mat' et demain il y a cours. Je ne voudrais pas le rater, ça fait quelques jours que j'ai raté beaucoup de cours.

Je ne dis rien. Je passe simplement devant lui et le dirige vers la porte. Il sort et s'arrête un instant.

— En passant jolie short.

Très drôle. Je ne le remercie pas et m'empresse de fermer la porte à clef. Cette discussion n'avait aboutit à rien au final. Je ne savais rien. Juste qu'il était « jaloux », mais pour quelle raison ? Sûrement l'amour. Il faut que j'arrive à découvrir ce qu'il cache, qui a réellement tabassé Phil il y a deux nuits, et à empêcher le harcèlement même si cela va être très très compliqué...

*

J'essaie de m'endormir avec quelques difficultés. Je n'arrête pas de penser à tout et n'importe quoi. Stevie doit bien dormir au moins... Je ne comprends plus ce qu'il se passe, je ne cherche même plus à comprendre. Cela ne sert à rien de vouloir savoir le pourquoi du comment. Il était jaloux tout ça parce qu'il croyait que je me confiais à Phil, alors il a voulu le remettre en place. Pourquoi ne pas parler... Et si... Il ne faisait pas partit de cette bande auparavant ? Et peut-être c'était-il fait virer parce qu'il essayer de draguer la petite copine de l'un d'eux, dans ces cas ils cherchent à lui faire payer. Et si c'était ça la vraie histoire ? Qu'il est comme eux mais qu'il ne veut pas qu'on le sache tout ça parce que c'est la même bande qui nous harcèle... Comment savoir ? Comment parler face à un mur de brique ? Une personne froide, fermé... Qui cache certainement des choses ? Un passé sûrement effrayant qu'il essaie juste d'oublier ? De faire croire qu'il n'a jamais été ? Comment en être sûre ?

Je ferme les yeux en vain avec toutes ces questions qui brouillent ma tête. Demain sera un autre jour, je mènerai ma petite enquête et verrai bien ou cela me mène. Si cela me mène – déjà – quelque part bien entendu.

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