Chapitre 12 : De retour

94 21 19
                                    

 

Je marche quelques mètres jusqu'à trouver un petit village. Pourquoi est-ce que j'ai fuit ? J'aurai pu rester et affronter, mais c'était bien trop dur. Cette scène passe en boucle dans ma tête, voir la haine prendre possession de son visage m'a donné un grand coup dans le ventre. J'avais l'impression qu'il m'avait planté un couteau dans le dos, comme s'il m'avait fait subir le sort qu'il avait jeté sur le garçon. J'étais déstabilisée, touchée. J'entre dans une supérette et prends de quoi manger et boire pour tenir jusqu'à ce soir. De toute manière à quoi bon rentrer à l'université ? Personne ne me m'accepte ? Phil est encore à l'hôpital, Hailee n'est plus du tout la même, ce groupe rode constamment dans mes pattes sans que je m'en aperçoive et puis il y a Stevie qui m'a surprise même si je comprends ce qu'il ressentait. Comment tenir face à cette horreur ? Seulement la force de caractère. D'autre aurait craqué et ce serait tué... Mais je veux faire comprendre que cela ne doit plus durer. Que cela doit cesser. Immédiatement. Mais j'ai fait preuve de lâcheté, je me suis enfuie...

Je m'assieds sur un banc au planté au milieu du trottoir. J'avale une bouchée du sandwich que je me suis achetée et sors mon téléphone de ma poche arrière.

« Summer ? C'est Phil, Stev m'a dit que t'étais partis mais il sait pas où, rappelle-moi. »

Je ne sais pas qu'elle option est la bonne. Le rappeler, ou bien le laisser. Mais dans l'histoire il... N'avait rien fait. Stevie non plus... C'était sous le coup de la peur que j'avais fuis. Que faire ?

« Salut, Phil. » Commence-je à écrire. Je m'arrête un instant. Je devrais continuer ?

« Salut Phil, Je suis partis quelque part où même moi je ne sais pas où je suis... »

J'envoie, et quelques secondes plus tard, mon téléphone sonne. Je décroche.

–- Summer ? Je suis rassuré que tu ailles bien.

Je souris. Son inquiète me faisait chaud au cœur.

— Je vais bien. Et toi de ton côté ?

— Je rentre ce soir.

Un blanc s'installe. Puis il reprend ;

— Pourquoi es-tu partis ? Stev ne m'a rien dit.

Tout s'embrouille dans ma tête, s'il ne lui en avait pas parlé, c'est qu'il ne voulait peut-être rien lui dire. Personne ne l'avait – ainsi dire – vu sous une autre facette. J'ouvre la bouche mais aucun sort ne sort. Il fallait que j'invente quelque chose. Que je mente... Chose que je déteste.

— J'avais envie de m'éloigner des cours un petit peu, trop de choses en si peu de temps.

Je l'entends souffler, comme s'il était soulagé. Mais s'il savait la vraie version de l'histoire, je me demande comment il aurait réagis.

— Tu vas revenir ?

Je pensais m'enfuir et ne jamais revenir.

— Bien sûr que oui. Mais je ne sais pas quand.

— D'accord, tiens moi au courant. Je dois y aller, les infirmières sont là ainsi que le médecin, à plus tard.

Je le laisse raccrocher et remets mon téléphone dans ma poche arrière. Je pars vers l'arrêt de bus le plus proche direction l'université, à quoi bon errer encore ? Je ne sais même pas où aller, et puis, ce sera une bonne surprise pour Phil... Disons ça.

**

Il est près de dix-spet heures quand le bus s'arrête près de l'établissement. J'entre par derrière pour n'être vu par personne et m'aventure près des immeubles pour rejoindre la porte quand mon bras se fait retenir. Je me retourne et découvre Stevie.

— Tu reviens ?

Je le dévisage, quelle question.

— Je ne suis partis que pour une demi-journée. Mais j'aurai mieux fait de ne jamais revenir.

— Je me suis inquiété.

Je le regarde droit dans les yeux.

— Tu... Je ne m'attendais pas à cet acte hier, je te l'avoue.

— Je n'en pouvais plus, c'est tout.

— La rage dans ton visage, le sang sur tes mains... Il était au bord de la mort. Il faut être plus intelligent qu'eux Stev.

— Je sais, mais j'ai craqué.

Il descends sa main de mon bras et la fait glisser jusqu'à ma main.

— Je suis désolé Summer. Reprend-il.

J'avais le cœur qui battait à mille à l'heure. Le toucher de ses mains qui la veille était couverte de sang. J'en avais des frissons de dégoût.

— Tu frissonnes ? Dit-il en souriant.

— Tes mains me dégoûte.

Son sourire s'effaça.

— Elles n'ont plus de sang, c'est finit. Je ne suis pas un dangé. Summer.

— Je sais ça... Mais ça me trotte dans la tête. Ça m'a choqué.

Il s'approcha de moi, les yeux rivés dans les miens, sa main toujours dans la mienne.

— Je... Ne sais pas quoi te dire.

Je sens son souffle contre ma peau. Ses lèvres sont presque sur les miennes.

— Stevie... Non.

Je le pousse.

— Jamais de la vie.

A cet instant la voix de Phil résonne.

— Summer ?

— Phil ?

Il s'approche de nous.

— Je suis content que tu sois là.

Il me prend dans ses bras. Au bord des larmes j'avais envie d'exploser, de lui avouer ce qu'il s'était passé, pourquoi j'étais partis...

— Je dois y aller.

Je m'élance vers l'immeuble quand Stevie me chuchote à l'oreille ;

— Je passerai ce soir...

Summer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant