Summer

Chapitre 16 : Elle...?

Il est huit heures quand Phil et moi arrivons à l'université. Je n'avais aucune envie de rejoindre les cours ni même la plage. Je voulais rester seule.

J'entre dans la cage d'escalier et m'empare de mes clefs. Phil entre derrière moi et s'installe dans le canapé à moitié avachi. J'ouvre les volets et les croises, cela devait faire bien trois jours que Hailee n'était plus passé par-là.

— Tu vas bien Summer ? M'interroge Phil inquiet.

Je ne lui avais toujours pas avoué ce que les médecins m'avaient délivrés ce matin très tôt. Je ne voulais pas le rendre malheureux à son tour, mais je ne devais pas non plus, le garder pour moi. Je ne sais pas si la bonne décision et de lui avouer maintenant ou bien dans quelles heures... Il s'en rendra compte aussi, mais s'il me reprochait de ne pas lui avoir dit ? Je n'ai aucune envie de me disputer. Je m'installe sur le fauteuil placé contre la fenêtre et souffle un coup. Ai-je vraiment envie de lâcher ça comme ça ? Ou du moins là maintenant ?

— Summer ? Reprend-il.

Il lui faut une réponse vu comme il insiste. J'agrippe mes mains sur l'accoudoir du fauteuil et le regarde difficilement dans les yeux.

— Il faut que je t'avoue quelque chose Phil. Dis-je la voix tremblante.

Je me stoppe dans mon récit qui n'a toujours pas commencé et qui je pense ne commencera jamais... Je n'ai pas la force de l'avouer, mais c'est trop tard. Les dés sont jetés.

— Je t'écoute, dit-il impatient.

J'observe l'ensemble du studio et me remémore le passage de Stevie à la maison. Quand nous avions parlés toute la nuit du harcèlement et des solutions que nous essaierions de trouver ensemble... Ce jour où Phil, lui, était sortit vivant de l'hôpital...

— Je... Vais prendre une douche, lance-je perdue.

Il resta stoïque sur le canapé et ne dit aucun mot. J'attrape le pommeau de douche et allume l'eau chaude. Je reste plusieurs minutes contre le mur, l'eau ruisselant sur ma peau. Mais les larmes s'invitent elles aussi. Je ne sais plus quoi faire pour arrêter ce cauchemar, aujourd'hui je n'ai plus aucune fois pour me dire « je vais aider le monde, les futurs et les présents. » Je ne trouve plus cette fois, car au fond je me dois de garder la tête haute et ça pour tout le long de ce qui m'attends.

*

Après avoir passé une bonne heure sous la douche à me purifier de tout ce que j'avais traversé jusque-là, je prends un pyjama long et pars m'installer sur le canapé. Phil est là. Il regarde la télé sans ne trop s'y intéresser. J'attrape le télécommande et change de chaîne. Je tombe sur un film d'action.

— Tu vas laisser ça ? Demande Phil. Sa voix me fait sursauter à cause du silence qui régné il y a encore quelques secondes.

— Non, enfin c'est comme tu le sens toi. Je pense que je vais m'endormir alors.

Il sourit légèrement et passe son bras autour de mes épaules pour prendre la télécommande place sur mon accoudoir.

— Tu es sûr que ça va ?

— Oui, si je te le dis.

Il scrute mon visage, comprenant que je suis absente. Mon visage ne cache rien...

— Si tu veux parler, fais-le.

Je hoche la tête et ferme mes yeux, j'ai besoin d'un peu de repos.

— Change de chaîne si tu veux, je vais un peu dormir.

— D'accord, dit-il en me souriant.

Comment réussir encore à sourire ? A mais c'est vrai... Je ne lui ai rien avoué encore.

*

Je me réveille, plus personne n'est à la maison, hormis bien sûr, moi. Je cherche dans toutes les pièces du studio, bien étant donné qu'il n'y en a que deux. Il a dû partir pour ne pas me déranger qui sait ? Je me fais un petit goûter sur la table basse et regarde un peu la télé.

J'entends un trousseau de clef derrière la porte. La serrure et la poignée tourne. Hailee entre.

— Summer ?

— Oui, c'est moi je crois.

Elle pose ses affaires devant l'entrée et prend place à mes côtés. Revenir comme une fleur, j'ai le droit à des explications, non ?

— T'étais passé où tout ce temps ? On te voyait plus en cours, ni à la maison !

— J'ai mes raisons, dit-elle sèchement.

Elle arrive et me met déjà en colère, c'est vrai j'ai quand même le droit à des explications. Cela fait trop.

— Quelles sont tes raisons ?

— Pourquoi tu veux toujours tout savoir comme ça Summer !

— Je sais pas, je suis un peu ton amie non ? Et puis je me suis inquiétée.

— Tu t'es tellement inquiétée que tu ne m'as même pas appelé.

— C'est pas parce que je ne t'appelle pas que je ne m'inquiète pas pour toi, peut-être que tu avais trouvé autre chose à faire. Et puis dans ces cas là, pourquoi ne m'as-tu pas toi aussi appelé ? Tu as disparu comme ça du jour au lendemain, sans aucune explication !

— Putain Summer c'est bon là, toi et tes paroles rabajoies ! Chacun ses merdes non ? Y a pas que toi qui va mal !

Je me tais.

— Tu n'es pas une déesse, personne ne pourra jamais rien faire de mieux pour sauver des gens d'une merde ! Je vais m'en sortir seule !

Mais qu'est-ce qu'elle raconte au juste ?

— Qu'est-ce que tu essaies de me dire au juste ?

Elle baisse la tête.

— Mais parle-moi enfin !

— Pour entendre quoi ? S'énerve-t-elle ! Des paroles pour me faire du bien ?

— Raconte-moi ! Si tu ne me le dis je ne pourrais pas le deviner !

Elle sert les poings.

— Pas besoin de serrer les poings Hailee ! Tu ne vois pas que je suis à bout ? Que je n'ai plus de force ? Que je perds du poids ? Que je ne m'accepte plus ! Que j'en ai marre ! Mais j'y crois oui ! J'ai foi en moi, je sais qu'au fond je vais m'en sortir ! Putain !

— Oui je le vois, lâche-t-elle. Mais je ne veux pas en parler. Point.

— Alors débrouille-toi !

— Arrête d'être agressive Summer.

— Tu ne peux pas comprendre... Dis-je les larmes aux yeux.

— Et comprendre quoi hein ? Le mal que ça fait de recevoir des coups par des fous ? Si je sais ce que c'est bordel ! J'en suis aussi victime !

Elle met ses mains sur son visage et se met à pleurer...

— Quoi ? Comment ça ? Dis-je à bout de souffle.

— C'était moi cette fille à la rentrée qui criait... Je t'ai vu alors me regarder d'en haut du couloir... Puis ils étaient derrière toi... Et après je suis passée les mains devant mon visage pour ne pas que tu me reconnaisses...

C'était elle... ?

— Hailee... Je dois te dire quelque chose.

— Quoi ?

— Stevie est mort...

— Quoi ce n'est pas possible...

Des hurlements se font entendre de la cour. Hailee n'a pas le temps de sécher ses larmes qu'elle court jusqu'à la fenêtre. Une foule est en masse devant l'entrée de l'université...