La semaine a été dur, surtout quand tout se fait si vite et si brutalement. Je pense qu'avec tout ce j'endure et ce que j'ai enduré, j'avais le droit à du répit comme celui de choisir de quitter la vie. Mais à quoi bon ? J'ai un avenir a tracé et surtout un caractère à forger. Depuis le temps, je pense qu'il est aussi dur que du béton, mais au fond de moi je sais qu'à tout instant je pourrai lâcher prise. Mais ce n'est pas ce que je veux. Je continue à rester la tête haute. Et j'avance. D'autres auraient peut-être déjà reculés, mais dans la vie, il faut surmonter les obstacles. Quoiqu'il arrive, il faut se battre et avancer, toujours. Je l'ai apprit en vivant ce que d'autres n'ont pas connu. Je suis ce bourreau que l'on humilie sans cesse. Fut un temps où j'essayais de m'enlever ça de la tête, où je me disais que c'était faux, c'était par pur jalousie. Et en fin de compte, une part était vraie. Des jaloux vous attaques sans que vous ne puissiez vous défendre, et d'autres par pure envie de faire du mal, ce que l'on peut qualifier de sadomasochiste. Ils aiment – voir les gens souffrir.
Aujourd'hui, est encore un jour maudit. Parfois je me demande ce que me veut la vie – du moins ce qu'elle veut me faire payer ?
Je me suis levée tôt, comme maintenant tous les jours. Je n'arrive plus à dormir et ce n'est plus une surprise. J'observe l'heure sans cesse et je me questionne, croyant que c'est un mauvais rêve. Que ce qui s'apprête à arriver n'est qu'une illusion. Mais c'est malheureusement la triste vérité. Je prends mon fin manteau et l'enfile tout en fermant mon studio. A un moment, je n'osais pas me projeter vers le futur. Il me faisait peur pour ainsi dire. Mais maintenant je me dis que je peux peut-être penser à ce que je veux qu'il ressemble... si c'en est encore possible surtout.
Je descends assez rapidement et me rends devant l'entrée de l'Université. Phil arrive quelques minutes plus tard, des sacs pleins les bras.
Je m'approche de lui.
— Viens je t'en prends un. Je lui tends le bras pour en prendre un.
— Non, c'est bon, dit-il en riant, ma voiture n'est pas très loin.
— Je te suis.
Il passe devant et marche quelques mètres vers sa voiture. Il range tout dans son coffre pendant que je monte à l'avant.
— J'espère que ce ne sera pas douloureux, m'interpelle-t-il en me rejoignant.
— Si, quand même mais c'est pour ton bien.
— On a quand même passé de bons moments.
— Ça c'est sûr, dis-je en souriant.
— Comme des mauvais, finit-il par ajouter.
Je hoche la tête.
— On a fait de bonnes comme de mauvaises rencontres.
— Heureusement que tu étais là pour m'accueillir lorsque je suis arrivé. Les moqueurs resteront des moqueurs.
— J'espère qu'ils se rendront compte de leurs actes.
— Je le souhaite. Finit-il par ajouter.
Il prend l'autoroute. Je sens alors une sensation de stress s'emparer de mon ventre. Dans quelques heures j'en connaîtrais les conséquences...
*
Il se gare et soupire un grand coup. Je fais de même mais intérieurement.
— Normalement ma mère ne devrait pas tarder.
— D'accord.
J'ouvre la porte et sors de la voiture. Je l'aide à sortir quelques valises que je transporte jusqu'à l'aéroport.
— Ta mère est là ? Je lui demande lorsque nous arrivons dans l'immense hall.
— Oui, répondit-il en partant vers une femme assez grande, mince, vêtu d'un pantalon ample de couleur beige et d'un chemisier. On dirait une femme d'affaire. Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules. Ils sont d'une magnifique couleur or. Phil est lui, l'opposé de sa mère. Il devait sûrement ressembler à son père.
Je m'approche d'eux et salue sa mère.
— Voici Summer, elle m'a accompagné. Dit Phil à sa mère.
— Bonjour Summer, me répond sa mère avec un petit sourire.
— Le prochain vol numéro 46 va partir dans une trentaine de minutes, veuillez vous rendre le plus rapidement vers vos avion. Dit alors la voix dans l'interphone.
— Bon, et bien il est temps de se dire au revoir. Dis-je à Phil.
Il me prend dans ses bras.
— Merci d'avoir été là pour moi. De m'avoir aidé. Tu es quelqu'un que je n'oublierai jamais.
— On se reverra ? L'interroge-je en me décollant de lui.
— Bien sûr ! S'exclame-t-il les yeux brillants.
— Ne pleure pas s'il te plaît...
— Je les garde pour dans l'avion. Il me lance un clin d'oeil.
— Allez Phil, crie sa mère un peu plus loin, sinon on n'aura plus de places.
Je le prends une dernière fois dans mes bras puis il s'éloigne vers sa mère. Il se retourne une dernière fois me faisant un signe de la main. Je lui fais un signe de la main à mon tour puis il disparaît vers un couloir.
Voilà. Il a lui aussi prit son envol. Il part pour une autre vie. Je sens alors quelque chose dans l'arrière de ma poche : des clefs. Sur le trousseau, il y a écrit : « pour rentrer à l'Université tu ne vas pas y aller à pied ? » Et un petit bonhomme qui sourit. Je lève la tête comme s'il se trouvait en face de moi et souris. Les larmes me montent. C'est pour son avenir. Sa vie. Son bien-être, et il a eu raison de quitter cet endroit devenu nocif pour moi aussi.
**
Je m'assieds quelques instants sur mon fauteuil. Comment tout cela avait pu nous séparer ? Au point d'une mort. Je croyais que je pouvais changer les choses, finalement ça c'est fini comme toujours ; on subit encore. Je suis peut-être grande vu mon âge, mais quand on subit le harcèlement il nous suit toujours d'une manière ou d'une autre. Dans le monde écolier il est d'une forme différente de celui professionnel par exemple. Sous d'autres degrés je dirais. Malheureusement, on a vécu plus de malheur de que de bonheur. Aujourd'hui ces personnes n'ont eu que ce qu'elles voulaient ; la mort de Stevie et le départ de deux autres. Le harcèlement par d'où, de quoi ? D'une jalousie, d'un groupe ou d'une personne mal en elle. Et toutes ces formes se rejettent sur des personnes qui sont dans leur coin, plus ou moins tranquille. D'après ma mère, venir ici était un bon plan, hélas ça n'a fait qu'empirer de plus bel !
Je m'allonge alors et expire un bon coup. Si seulement toutes ces horreurs n'existaient pas. On nous dirait que ce ne serait pas un « monde ». Mais si nous avions été habitué à un monde de paix, ce serait un monde. On nous transmet des valeurs, des normes. On nous apprend à être des gens bons, d'aller à l'école et finir par avoir une vie. Peut-être que ça ne plaît pas, mais c'est comme ça. Et ces personnes la ne savent pas ce que les victimes ressentent en elles lorsqu'elles doivent se lever le matin et se dire qu'elles vont faire face au même scénario et ça pendant neuf mois ou plus. Elles ne savent rien. Juste par plaisir de faire souffrir ? Ou d'embêter le monde.
En arrivant ici, j'étais parti dans l'optique d'essayer d'aider les gens comme moi. Je voulais changer les gens et leur mentalité. Mais malheureusement tout c'est retourné contre moi d'une façon. Alors il faut se laisser piétiné et ne rien faire ? Non ! D'un côté ils auront payés leurs dettes! Être en prison aussi jeune ne doit pas être très gai ?
Je fixe un long moment le plafond. Plus personne ne peut rompre le silence vu que je suis seule... le seul qui puisse le combler c'est le bruit. Et au moindre petit bruit je sursaute. Il faut que je m'habitue à finir le mois d'Août comme ça. Seule.
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Summer
Teen FictionSummer change d'Université pour intégrer un nouvel établissement où elle pense pouvoir reprendre une vie d'étudiante sans complications. Mais l'enfer la suit bien plus que ce qu'elle ne l'imaginait. Stevie lui, est le seul ami dont Summer a réussit...