CHARLOTTE REGARDA AUTOUR d'elle à la recherche de son amie. Florence devait bien être ici quelque part. Elle traversa rapidement le vestibule où discutaient Alfonse de Montpellier, ancien officier de trente-deux ans au caractère doux et généreux qui à la fin de son mandat s'acheta une terre, une cinquantaine d'esclaves, maria Marie de Montmartre et devint un riche planteur, avec les belles sœurs de Lamanche et entra dans le salon. La pièce était grande et spacieuse avec une accueillante atmosphère chaleureuse à l'intérieur. Une table était dressée au centre sur laquelle on pouvait voir des apéritifs et une importante quantité d'amuse-gueules à l'air appétissant. Des invités étaient rassemblés tout autour et discutaient tranquillement entre eux mais aucun signe de Florence. Peut-être elle n'était pas encore arrivée ? Mais non, sa mère était là. Et si elle était au deuxième étage ?
Charlotte sortit du salon et se dirigea vers les escaliers.
- Charlotte, je suis là ! Attends, je descends ! elle entendit son amie l'appeler.
Comme elle l'avait supposé, Florence se trouvait à l'étage supérieur.
- Tu ne peux pas t'imaginer à quel point je suis heureuse de te voir ! s'exclama-t-elle en serrant Charlotte dans ses bras lorsqu'elle l'eut rejointe.
La jeune maîtresse de Blois était une séduisante adolescente de seize ans. Grande, bien formée, aux cheveux noirs de jais et aux yeux de la couleur de la mer, elle portait une robe blanche aux manches et à la jupe bouffante qui, grâce à une ceinture rouge qui resserrait sa fine taille, soulignait ses formes. Un agréable parfum de fleur se dégageait de ses longs cheveux relevés par des épingles en forme de diamants.
- Comme tu es belle, Charlotte ! Ta robe bleue et tout simplement à couper le souffle et j'adore tes boucles d'oreilles ! Est-ce qu'elles sont de vrais saphirs ?
- Oui, mon père me les a spécialement achetées pour mon premier bal, répondit-elle joyeusement.
- C'est vrai que c'est ta première sortie officielle ce soir. Qu'en penses-tu pour l'instant ? Le bal ne va commencer que dans quelques heures mais cela nous laisse amplement de temps pour étudier les autres invités et peut-être même nous trouver des cavaliers.
Charlotte éclata de rire et prit son amie par le bras. S'il y avait une chose que Florence aimait le plus au monde, c'était bel et bien les garçons.
- Je viens tout juste d'arriver alors je ne peux pas te raconter grande chose mais pour l'instant tout me plait.
- J'en suis contente ! Tu verras le bal te plaira surtout quand viendra le temps de danser. Comment te portes-tu sinon ? Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vues.
Les deux jeunes filles retournèrent dans le salon et s'installèrent sur un petit divan proche de la fenêtre à l'écart des autres. Elles se connaissaient depuis l'enfance grâce à leur père qui étaient amis et s'invitaient souvent. Calme de nature, Charlotte appréciait le caractère exalté de Florence si opposé au sien.
- Cela fait en effet plus de trois mois que nous ne nous sommes pas parlées. J'ai eu le temps de lire le livre que tu m'as conseillé et d'en terminer deux autres. Je ne l'ai pas vraiment trouvé à mon goût malheureusement.
- Ah non ? De quel livre est-il question en fait car je me rappelle de t'en avoir conseillé un mais le titre m'échappe.
- Emma de Jane Austin, dit Charlotte en riant, tu ne changeras jamais.
- Bah quoi ? Cela arrive à tout le monde d'oublier parfois.
- Parfois ? Veux-tu dire toujours ? s'esclaffa-t-elle.
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Charlotte et Maximilien
RomanceMaximilien est un métis, né bâtard d'une mère noire et d'un père planteur, esclave illettré et d'un caractère farouche et rancunier. La veille de son dix-huitième anniversaire, il décide de s'enfuir mais est rattrapé et condamné à cent coups de foue...