Chapitre XVIII - Flagellation

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DES GROSSES GOUTTES de sueur coulèrent dans ses yeux.

- Diable, marmonna Maximilien en s'essuyant le visage avec le revers de sa main.

Il se redressa lentement en se crispant et planta sa machette dans le sol. Ses yeux le brûlaient et il avait atrocement mal au dos à force d'être resté courbé pendant de longues heures. Il s'étira en espoir de faire taire la douleur et regarda l'étendue du champ qu'il lui restait encore à travailler avec désespoir. Il n'en pouvait plus ! C'était avec beaucoup de peine qu'il gardait ses yeux ouverts. Chaque fois qu'il abaissait sa machette, il lui semblait qu'il allait tomber avec, emporté par son poids. Harassé par la rencontre avec son ancien maître et son terrible manque de sommeil, il avait été trop fatigué pour s'endormir et avait passé une énième nuit blanche. Ce fut avec un effroyable effort qu'il s'était levé le matin pour se rendre dans les champs et usait toute l'énergie qu'il lui restait pour se tenir debout.

Il s'appuya contre la manche de sa machette et ferma ses yeux en s'imaginant être chez lui à l'abri du soleil et des mouches qui n'arrêtaient pas de se poser sur son cou et visage. Sa couchette devint rapidement un énorme lit couvert d'oreillers moelleux et d'épaisses couvertures, sa cabane sombre et humide se transforma en une grande chambre aérée et les chants incessants des esclaves furent remplacées par le silence. Un sourire se peignit sur ses lèvres et il chancela, sombrant vite dans le sommeil.

- Travaille, sale Nègre !

Maximilien ouvrit ses yeux et agrippa sa machette pour ne pas tomber.

- Tu n'as même pas fini la moitié de ce qu'on t'a demandé de faire ! tonna le gardien.

Maximilien posa ses yeux sur le petit homme trapu qui se tenait devant lui en essayant de concentrer son regard. Il lui semblait qu'il le voyait pour la première fois mais il ne pouvait pas en être sûr. C'était fort possible qu'il le rencontrait tous les jours mais qu'à cause de la fatigue il ne le reconnaissait pas.

- Cela fait déjà cinq jours que tu traînes et je n'aime pas les esclaves paresseux de ton type ! Qu'attends-tu pour prendre ta machette et commencer à couper les cannes à sucre qui t'entourent ?

Maximilien le fixa sans comprendre ce qu'il lui disait. Il entendait bien ses paroles mais n'arrivait pas à les mettre ensemble afin de former une phrase cohérente.

- Non, mais tu te fous de moi ou quoi ? Tu as vraiment besoin d'une correction ! Ôte ta chemise et tourne-toi de dos, sale chien ! Je t'apprendrai à travailler fort !

Cette fois il comprit parfaitement le sens des mots.

- Non.

- Quoi ? hurla le gardien. Répète-ce que tu viens de dire !

- Non, j'refuse que vous m'fouettiez.

- Est-ce que je t'ai demandé si tu en as envie ou pas ? Non, alors fais ce que je t'ai dit ! vociféra le gardien en le giflant violemment.

Maximilien porta sa main à sa joue brûlante et serra ses poings ; toute somnolence l'avait à présent quitté. Il savait qu'en tenant tête au gardien il risquait le double, voire le triple, du nombre de coups de fouet qu'il prévoyait lui donner mais il refusait de se soumettre.

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Maximilien serra ses poings et tira machinalement sur ses liens. Il était attaché à une branche d'un arbre par les mains, ses bras étirés au-dessus de sa tête de manière à le forcer à se tenir sur la pointe de ses pieds.

- Estime-toi heureux que je te donne que vingt-cinq coups de fouet et non quarante ! retentit la voix désagréable du gardien derrière lui.

Qu'il brûle en Enfer ! Maximilien tenta de bouger son corps afin de se trouver une position moins pénible et fixa un point devant lui en attente du premier coup. Un sifflement suivi d'un claquement sec retentit derrière lui et une douleur cuisante déchira ses omoplates en le faisant tressaillir. Il se mordit furieusement les lèvres et retint son souffle en vue du prochain coup.

Charlotte et MaximilienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant