MAXIMILIEN OUVRIT LA porte et jeta un rapide regard à l'intérieur. Comme dans n'importe quelle grange, il y avait du foin éparpillé au sol et des vieux outils et échelles empilés dans des coins oubliés. Jamais il n'avait aimé cet endroit fermé, sombre et mal aéré. Les odeurs du bois humide et de la paille pourrie lui rappelèrent les longues journées d'enfermement que son ancien maître s'amusait à lui faire subir et il craqua ses doigts, hésitant face à l'idée d'entrer à l'intérieur. Mais était-il lâche à un tel point ? Il se sentit honteux de son angoisse et passa ses mains sur son visage pour se débarrasser de ses mauvais souvenirs. Qu'en penserait Charlotte si elle le voyait en train de s'inquiéter pour un rien comme il le faisait présentement ? Il serra ses poings et entra rapidement.
Un gardien lui avait ordonné d'aller chercher une grosse caisse qui devait se trouver tout au fond de la grange. Il garda la porte ouverte pour se donner plus de lumière et entreprit à chercher cette caisse qu'on lui avait décrite comme étant large avec une plaque métallique collée dessus. La paille craqua désagréablement sous ses pieds en lui rappelant de nouveau son passé sur la plantation de son maudit père. Dans de telles situations, la meilleure chose à faire était de penser à totalement autre chose.
Maximilien repéra la caisse et se pencha pour la soulever. Il regretta que Charlotte n'était pas là pour le voir la lever car en plus d'être grosse, elle était aussi très lourde. Il n'eut aucun souci à la soulever cependant et se dirigea vers la sortie.
Charlotte. Jamais il ne s'était senti aussi heureux que lorsqu'il l'avait tenue proche de son cœur, embrassé sa bouche délicate et senti le rapide soulèvement de ses seins contre sa poitrine. Sa peau était tellement lisse et douce. Il avait adoré l'embrasser et l'étreindre dans ses bras. Il voulait que dimanche arrive le plus rapidement possible pour pouvoir la revoir. Durant toute la nuit de la veille, il avait rêvé de ses grands yeux azurs et de son rire joyeux. Dans son rêve, il avait ôté ses vêtements, prise dans ses bras et baisé chaque parcelle de son corps nu et fragile. Un sourire se peignit sur ses lèvres à ce souvenir.
Pour une énième fois de la journée, Maximilien tourna sa tête vers la grande demeure du Maître et regretta de ne pas être un domestique afin de pouvoir se trouver dans la même maison, voire la même chambre que Charlotte, sa Charlotte. La voir, ne serait-ce que pour un instant, était son seul et unique désir. Il ressentait le besoin d'entendre sa fine voix gaie, d'effleurer ses longs cheveux blonds, d'admirer son joli visage souriant. Les conséquences de leur amour n'avaient plus aucune importance pour lui ; pour Charlotte, il était prêt à endurer tout.
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- La société de Moyen-Âge était divisée en trois parties. Il y avait ceux qui travaillaient la terre, ceux qui priaient et ceux qui faisaient la guerre. Chaque groupe dépendait des deux autres. Les seigneurs protégeaient les paysans qui les nourrissaient et le clergé priait pour la salvation de leur âme.
Charlotte opina et regarda distraitement l'illustration que lui montrait son tuteur. Une fois que Max apprendrait à lire, elle pourrait lui enseigner l'histoire ; il paraissait intéressé par le monde qui l'entourait. Il était intelligent et possédait des facilités d'apprentissage. Un sourire se peignit sur ses lèvres et elle appuya son menton sur sa main. Elle avait hâte à leur prochaine leçon qui aurait lieu dimanche. Cela faisait que deux jours qu'elle ne l'avait pas vu mais avait l'impression que cela faisait deux semaines. Le contact de sa main rugueuse sur son bras et son souffle chaud sur sa bouche lui manquaient déjà. Elle rêvait d'enlacer ses mains autour de son cou et l'embrasser jusqu'à en avoir mal aux lèvres. Où avait-il appris à baiser si bien ? Ses baisers étaient doux et passionnés à la fois.
- Charlotte, as-tu entendu ma question ?
- Hum, pardon ?
- Je t'ai demandé comment s'appelle la taxe que devaient payer les paysans à l'Église, répéta Julien Latourelle, son tuteur.
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Charlotte et Maximilien
RomanceMaximilien est un métis, né bâtard d'une mère noire et d'un père planteur, esclave illettré et d'un caractère farouche et rancunier. La veille de son dix-huitième anniversaire, il décide de s'enfuir mais est rattrapé et condamné à cent coups de foue...