Charlotte et Maximilien

Chapitre XIII - L'invitation

- JE VENAIS TOUT juste de laver votre robe et voilà que vous la salissez déjà !

- Elle n'est pas sale mais juste mouillée, se défendit Charlotte en se glissant sous les chaudes couvertures de son lit.

- Ce qui me force à la sécher.

- Je suis désolée, Sophie, s'excusa-t-elle sincèrement.

Malgré tous leurs efforts pour rentrer le plus rapidement possible, Pierre et elle n'avait pas réussi à raté la pluie. Lorsqu'ils franchirent le perron de la maison, l'eau dégoulinait à grosses gouttes de leur vêtements et cheveux.

Charlotte pensa à Maximilien. Avait-il eu le temps d'arriver chez lui avant que la pluie commence à tomber ? Contrairement à elle, il n'avait pas beaucoup d'habits de rechange. Son geste envers sa mère, planter une croix dans la terre afin de lui offrir un dernier hommage, l'avait touché. Derrière sa façade hostile et farouche, il cachait une enfance difficile et un deuil éprouvant qu'il peinait à supporter.

Elle eut tout d'un coup froid et remonta sa couverture en frissonnant. 

- Sophie, pourriez-vous aller me chercher un chocolat chaud dans la cuisine s'il vous plait ?

- Car maintenant vous avez froid ? Que me dira votre père si vous tombez malade ?

- À vous rien mais à moi il fera la leçon.

- Et il aura raison de le faire même si j'espère que vous resterez en bonne santé. Comment voulez-vous votre tasse de chocolat ? Grande, petite ?

- Grande.

Charlotte tendit sa main vers sa table de chevet et prit son livre. Elle le porta devant ses yeux et observa la couverture. Orgueil et Préjugés disait le titre écrit d'une vive couleur rouge avec le nom de l'auteur indiqué en dessous.

- Bonsoir, Charlotte.

L'interpellée abaissa son livre et vit son père à l'entrée de sa chambre.

- Oh, bonsoir, le salua-t-elle en se redressant.

- Encore une fois arrivée trempée de la tête aux pieds ?

- Pourquoi encore ? Je ne me rappelle pas de m'être déjà faite surprendre par la pluie.

- Oh, tu peux en être rassurée, tu l'as été et il n'y pas longtemps de cela en plus, rit son père en venant s'asseoir à côté d'elle.

Charlotte fit mine d'être outrée et roula ses yeux. Elle vit Sophie sortir chercher son chocolat du coin de l'œil ramena son regard sur son père.

- Comment avez-vous passé votre journée ? s'enquit-elle.

- Bien, je n'ai pas eu trop de travail. J'ai aussi reçu une lettre qui te réjouira certainement.

- Ah oui ? De quoi parle-t-elle ?

- Les de Montpellier organisent un bal et nous envoient une invitation. Tu as quinze ans, bientôt seize, je pense que c'est le moment parfait pour faire ton entrée dans la société.

- Vous allez m'amener à un bal ?

- Oui.

- À un vrai ? Ce n'est pas une blague ?

- Non, je suis sérieux.

- Oh merci, père, merci ! s'écria-t-elle en plantant un baiser sur sa joue.

- Je savais que tu serais contente.

- Quand aura-t-il lieu ?

- Dans dix jours ce qui te laisse amplement de temps pour te préparer. Tu auras besoin d'une nouvelle robe et de nouvelles chaussures pour l'évènement. Un couturier viendra prendre tes mesures demain.

Charlotte opina, heureuse. Cela faisait tellement longtemps qu'elle avait envie d'aller à un bal.

- Est-ce que je pourrai choisir la couleur de ma robe ?

- Bien-sûr mais je te conseille d'opter pour le bleu, il va bien avec tes yeux.

- Hum, j'y penserai. Il y aura qui d'autre au bal ?

- D'après ce que j'ai entendu, viendront les sœurs de Lamanche, les famille Dax, de Langlade, de Blois et de Faÿ et les frères de Clermont-Tonnerre.

- Cela veut dire que Florence sera là ? Oh, j'ai encore plus hâte !

- Heureux que tu sois contente, sourit son père en se levant. J'ai encore deux, trois affaires à régler mais je repasserai dans une heure.

- D'accord et merci beaucoup pour la bonne nouvelle !

Elle le regarda sortir de sa chambre et reposa son livre sur sa table à chevet. Elle était beaucoup trop excitée pour lire. Elle rêvait d'aller à un bal depuis plus d'un an et voilà que son rêve s'exauçait ! D'abord sa rencontre avec Maximilien puis l'invitation, sa journée n'avait pas pu mieux se passer.