Chapitre IV - ... Ou pas

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CHARLOTTE APPUYA SON menton sur sa main et soupira. Maximilien dormait paisiblement sa tête tournée vers elle en serrant son oreiller dans ses bras. Endormi, son visage était serein et ses traits détendus ce qui lui donnait un air plus jeune ou était-ce plutôt qu'il paraissait plus vieux lorsqu'il était éveillé ? Charlotte le dévisagea avec attention en contemplant ses longs cils épais qui protégeaient ses beaux yeux olive tirant au vert, sa bouche aux grandes lèvres pleines et souples, la petite fleur de lys sur sa joue qui ressortait fortement sur sa peau mate, sa mâchoire si bien définie. La coupure sur son visage de même que les contusions sur ses bras commençaient à guérir et sa température s'était plus ou moins stabilisée. Charlotte glissa son regard de ses lèvres à son torse nu. Elle savait qu'une jeune fille de bonne éducation ne devait pas observer un homme à moitié dénudé mais elle ne put s'empêcher d'admirer les muscles de sa poitrine et de son ventre plat et dur. Il était vraiment beau.

Ses cils battirent légèrement et il ouvrit ses yeux en posant son regard sur elle.

- Bon matin, sourit-elle, comment vous sentez-vous ?

- Mieux, répondit-il en se redressant.

Maximilien s'étira et regarda autour de lui comme en cherchant quelque chose.

- Voulez-vous manger ? Vous devez sûrement avoir faim, dit Charlotte en se levant.

- Euh oui, j'mangerais bien quelque chose, dit Maximilien en hochant la tête.

Charlotte sourit et alla voir Sophie qui était assise dans un coin de sa chambre. Elle lui demanda d'apporter deux petits déjeuners, un pour Maximilien et un pour elle, avant de revenir s'asseoir à côté du jeune métis qui continuait d'étudier sa chambre du regard.

- Vous avez dormi où pendant les dernières nuits où j'ai été dans votre lit ? demanda-t-il.

- Sophie m'a accordé son lit pour le temps que vous guérissiez. Nous avons pris des tours, répondit-elle.

- Oh, merci et désolé pour tous les soucis que j'ai pu apporter.

- Ne vous en excusez pas, vous étiez souffrant et quelqu'un a bien dû vous soigner.

Maximilien s'assit sur le lit en face d'elle. Ils se regardèrent pendant un moment avant qu'il ne prenne la parole.

- Est-ce que vous pensez réellement ce que vous avez dit hier à propos d'l'esclavage ?

- Que c'est un acte immonde et inacceptable ? Oui, je le pense réellement. Je trouve que soumettre des personnes à un quelconque travail forcé est injuste, répondit Charlotte. Un être humain doit être libre de faire ce qu'il veut faire de sa vie.

- C'est la première fois que j'entends ces paroles d'un blanc, avoua Maximilien. Habituellement ils nous considèrent inférieurs ou tout simplement comme des objets mais vous semblez être différente d'eux. Vous m'vouvoyez et m'parlez comme à un égal. Êtes-vous ouverte ainsi pour une raison précise ?

- J'ai depuis toujours été très proche de Sophie que je considère comme ma meilleure amie, ma confidente et ma sœur. Nous avons grandi ensemble voyez-vous. Malgré notre couleur de peau différente, l'idée qu'elle soit inférieure à moi ne m'a jamais traversée l'esprit. C'est à six ans que j'ai été confrontée pour la première fois avec l'horreur de l'esclavage, j'ai vu un esclave se faire fouetter. Le claquement du fouet, les cris qu'il poussaient, la vue du sang m'ont fait peur et je suis partie chercher mon père pour lui demander de relâcher le pauvre homme. Comme vous pouvez vous l'imaginer, ma demande ne lui a pas plu et il m'a interdit de prendre la défense des esclaves. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu que les Nègres ne sont pas des hommes et ne doivent pas alors être traités différemment des autres bêtes. C'est à partir de ce jour que j'ai compris que je ne suis pas d'accord avec la mentalité de mon père car je sais que les esclaves sont tous aussi humains que n'importe quel blanc.

Charlotte et MaximilienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant