HE HO, HE HO, DECOUPONS L'INTRU EN MORCEAUX !

116 13 6
                                    

Le bruit des hennissements et des sabots foulant le sol à toute vitesse, résonnait dans la forêt.
On pouvait apercevoir les bouches écumantes des chevaux noirs décharnés, montés par les horribles rafleurs à la solde d’Alice.
Et on pouvait deviner aussi sans aucun doute qu’ils chassaient.
Mais apparemment, leur proie plus rapide, ou plus maligne qu’eux, sautait et bondissait de branches en branches, agilement, un arc à la main, au travers de la forêt enchantée, donnant l’impression qu’elle y avait habitée et grandis depuis son plus jeune âge…

Soudain, elle déboucha sur une grande clairière, traversée par un fleuve, mais au lieu de ralentir, accéléra et d’un immense bond, sauta sur une embarcation, l’emmenant de l’autre côté de la rive.

Heureusement pour elle , ce ne fut pas le cas de ces affreux poursuivants, et ceux –ci s’arrêtèrent au bord de la rive, incapables de la traverser et regardaient, sous leurs capuches, leur proie s’échapper, impuissants…

L’archer enleva sa capuche, et découvrit son visage d’adolescent, brun aux yeux sombres, une petite cicatrice sur la joue. Il passa son arc au-dessus de son épaule, avec ses flèches, et ramassa son sac rempli d’or et de bijoux, puis sauta de son embarcation sur l’autre rive.

« J’espère que ce foutu magicien ne m’a pas menti, sinon j’aurai fait tout ce détour et failli être raflé pour rien… »

Grommela-t-il, traversant la forêt calme et paisible. Soudain il aperçut cachée entre les arbres, une petite bâtisse, et avec un sourire de victoire, s’avança dans sa direction… et manqua de peu de se faire trancher la gorge par une lame acérée.

«  Encore un pas, et tu comprendras l’expression avoir la tête coupée de son corps… »

 Le menaça le porteur de l’arme. Robin (car c’était lui) se retourna lentement, et se retrouva nez à nez avec comment dire… des personnes deux fois plus petites que lui.
Les nains (ils étaient 7) ayant à priori compris son étonnement et son jugement de leur petite taille, se renfrognèrent de plus en plus :

« Qu’est-ce que t’a à nous regarder comme c…a…a…aaaaaaaaaatchoum ! »

éternua l’un d’eux.

« Euh rien…c’est juste que je m’attendais disons…à plus grand… »

Répondit Robin, ayant de plus en plus de mal à cacher son amusement. A ces mots, les nains, froncèrent tous les sourcils, même le dernier au fond, qui jusque-là regardait la scène d’un air béat.

« Il…Il a dit qu’on était pas grands ? »

dit-il, d’un air enfantin, presque débile.

« On verra bien si il parlera encore de taille, quand je l’aurai rapetissé ! »

Grogna le nain à la hache, décidément le plus de mauvaise humeur.

« Hé attendez ! Vous faites erreur sur la personne, je suis venu pour vous aider ! »

 Déglutit Robin, conscient que malgré leur taille, ses ravisseurs n’hésiteraient pas à le découper en rondelles. Un des nains à la droite du « hacheur » s’exclama alors :

« Mais oui bien sûr, espèce de menteur, va-y découpe le Grin…zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz »

 Mais il n’eut pas le temps de finir, sa phrase, car il s’endormit d’une traite.

« Do…dormeur…réveille-toi, pas devant notre prisonnier ! »

Balbutia alors le nain ayant l’air très timide, à la gauche de Grincheux.

«  Il est beau dans notre bois dormeur ! Vous avez compris ? Beau, bois…LA belle aux bois dormant ! »

Dit le dernier nain, mort de rire de sa blague pourri. Les autres nains soupirèrent tous, sauf le plus bête :

« Mais dormeur n’est pas la belle aux bois dormants… Et Blanche ne sera pas contente si vous parlez comme ça de son surnom… »

Cette dernière phrase attira tout de suite l’attention de Robin :

« Blanche ! Le magicien avait donc raison ? Elle est ici ! »

Et là s’en fut trop pour les nains, commença alors une énorme dispute comme quoi il ne fallait pas parler de Blanche, que Simplet était vraiment bête, mais que c’était Joyeux qui avait commencé ou Grincheux qui n’avait pas tué trop vite le prisonnier, et cette conversation était bien sûr entrecoupée de jeux de mots pourris, d’éternuements, de balbutiements, et d’endormissements brutaux…

Robin, lui regardait les nains se disputer, et n’avait qu’une idée en tête, retrouver Blanche, et s’en foutait totalement si la dernière blague que Joyeux avait faite sur les sourcils de Grincheux était drôle ou pas…

«  Euh…s’il vous plait… S’IL VOUS PLAIT ! »

Haussa-t-il d’un coup la voix, de sorte que tous les nains arrêtèrent net leur conversation pour le regarder d’un air ahuri.

«  Euh… J’aimerais vraiment voir Blanche ! »

« Quoi ! Mais en plus il ose vouloir la voir ! J’en ai marre, cette fois ci il n’évitera pas la hache ! »

S’emporta d’un coup Grincheux, et Robin vit sa vie défiler devant ses yeux, au moment où la hache du nain décrivait un long arc de cercle…

« Stoooooooooop ! »

Cria alors le nain aux lunettes, qui observait la scène jusque-là silencieux.

« Cet homme m’intéresse. Comment t’appelles-tu, qui est ce magicien qui t’a amené jusqu’ici, et pourquoi veux-tu à tout prix voir Blanche Neige ? »

Lui demanda-t-il, remontant ces lunettes sur son nez, d’un air à la fois sérieux et intrigué.

« Je suis Robin des Bois, je ne connais pas ce magicien, mais il avait l’air contre Peter, et voulait m’aider. Quand à Blanche, je veux la voir, car cela fait plus de 20 ans que je ne l’ai pas vue, et ... je suis capable de la réveiller. »

« Comment peux-tu être capable de l’enlever de son sommeil? Ce sort a été lancé par une des plus grandes magiciennes du royaume, il est impossible de le lever ! »

« Si. Je peux le faire, car je suis…son frère jumeau. »

A ces mots, tous les nains ouvrirent grands les yeux et la bouche, sauf Simplet qui était toujours dans cet état.

« Son frère ? Mais…mais elle n’a pas de frère… »

 Balbutia Timide.

« Si. Mais nous avons été séparés à la mort de notre père : La méchante reine et le chasseur voulant récupérer et former ma sœur, étant l’une des 5, j’étais censé être tué pour éviter de vouloir la revoir, ou de reprendre le trône.
Mais J’ai été recueilli par Petit-Jean et Frère Tuck, et j’ai grandis dans la forêt, en devenant petit à petit Robin des Bois. Depuis je l’ai toujours cherchée, jusqu’à aujourd’hui. »

Doc l’observa longuement, et les nains le regardaient, attendant son appui ou non sur l’histoire du jeune homme.

« Et bien, si tu affirmes pouvoir la sauver, je te souhaite de tout cœur que tu réussisses. Blanche a toujours été là pour nous, et on aimerait bien lui rendre la pareille. Suis-moi. »

Et les nains enlevèrent enfin la hache du cou de Robin, et l’amenèrent vers la chaumière dissimulée.

NeverlandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant