37

702 81 3
                                    

Treize heure trente. Atteindre cet horaire semble avoir été la chose la plus longue que j'ai vus depuis un long, très long moment. Le temps que tout se mette enfin en place m'a parut passer au ralenti le plus complet. Maintenant que Taylor est prêt, c'est à Peter de se mettre au travail. Nous l'avons déjà prévenu. Alors, au bords de la forêt, nous attendons son signal. Plus exactement, nous attendons de voir nos sosie bouger dans le village, pour n'éveiller les soupçons de personne. Et lorsque nous les voyons, sortir de chez Anna, bras dessus bras dessous, nous nous jetons un regard emplit de sous entendus. Vus d'ici, notre comportement semble légèrement étrange et différent mais ça fera l'affaire. Ça doit faire l'affaire. De toute façon, nous ne pouvons plus reculer, nous devons partir, et tout de suite avant de se faire repérer. Si quelqu'un nous voyaient nous, et apercevait les illusions de Peter, il aurait de quoi se poser des questions.

Mes soudains se dirigent alors vers Peter, et ceux malgré moi. Si nous avions été au début de cet aventure, il aurait accepté de m'aider sans la moindre objection, sans me demander de contrepartie. Mais maintenant... me voilà obliger d'utiliser la force, de la menacer, pour qu'il accepte de m'aider. Comment avons nous pu en arriver là ? Comment notre relation a-t-elle pu se dégrader à ce point ? Passer de meilleurs amis a meilleur ennemie du jour au lendemain, sans trop d'explication. Comment est-ce possible ?

« -Il faut y aller Éléna. dit Anna en posant sa main sur mon épaule, me faisant sursauter. »

Je hoche la tête en guise de réponse. Elle a raison, je ne dois pas me détourner de mon objectif. Ressasser de vieilles choses, de vieilles questions sans réponses, ne me mènera nul part. Il faut que j'avance. Comme je l'ai toujours fais jusque là. Je suis forte et je vais le prouver aujourd'hui.

Alors, après un dernier regard sur le village, nous nous retournons et nous nous enfonçons dans la forêt, la couleur de nos vêtements nous dissimulants un peu mieux au travers de la palette de couleurs verte et marrons qui s'offrent à nous. Pourtant, la seule chose qui me préoccupe vraiment, c'est cette désagréable impression d'être observée. Mais, une fois le village un peu éloigné, assez pour que plus personne ne puisse nous voir, à l'inverse de nous qui pouvons encore les observer, cette sensation disparaît et un pois s'enlève de mes épaules. Je dois être trop stressé par tout ça. C'est la seule explication qui me vient d'ailleurs. Mon plan est infaillible, personne, mis à part les personne au courant, ne sait que nous ne sommes pas dans le village. Tout est parfait et je suis persuadée de n'avoir rien laissée échapper à ma vigilance. Je dois juste me détendre un peu, voilà tout.

Une fois une distance raisonnable mis entre le village et nous, ma coéquipière et moi nous mettons à courir sans même se consulter, comme ci la marche à suivre était évidente pour l'une, comme pour l'autre. Sur la même longueur d'ondes, nous grognons lorsque les branches des buissons, les ronces et les orties nous écorches les poignets, les chevilles, les cuisses et les mollets. Nous grognons mais nous ne nous arrêtons pas. Nous n'avions pas de temps à perdre. Leurs dons ne sont pas sans limites, utilise nos dons nous fatigue tous. Et je ne veux pas les fatiguer plus que nécessaire.

Anna et moi courons toujours tout droit, essayant le plus possible de ne pas dévier sur la gauche ou sur la droite. Si nous nous trompons de chemin, je peux dire adieu à ce rendez vous tant attendu, pire encore, nous risquerions de mettre énormément de temps pour retrouver le chemin, enfin... si nous parvenons à le retrouver avant que Taylor et Peter ne tombe d'épuisement.

Après dix bonne minutes de course, de nombreuses égratignures et de nombreuses gouttes de sang tombées sur le sol, j'aperçois enfin une tache noir au loin, une tache si noir qu'elle ressemble à un bout de néant vus d'ici. Comme une ouverture vers le monde de l'au delà, vers l'enfers que représente la mort. A condition de penser que la mort est pire que la vie que nous vivons ici. Anna accélère le pas, pressée d'enfin rejoindre ce fameux arbres. Et malgré ma bonne forme physique, je peine à garder l'allure et à courir aussi vite qu'elle.

Survivre : le jeu (réécriture+correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant