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L'adrénaline est le remède face à tous les problèmes, face à n'importe quelle douleur. En fait, j'ai du mal à croire qu'il y a quelque seconde à peine, Anna devait user de ses dons pour m'aider. L'adrénaline vibre dans mes veines et met tout mes sens en alerte. J'ai l'impression d'avoir une alarme qui résonne dans ma tête. Elle crie et chante à tu tête « il faut partir, il faut fuir. Il faut partir, il faut fuir. »

Je suis comme redevenue maître de moi même, la situation actuelle m'oblige à faire abstraction de toute la douleur. J'ai beau chercher qui peut bien nous avoir vendus, je ne connais pas tout le monde ici, bizarrement. Alors je pose la seule question qui me hante, la voix assurée et plus du tout saccadée.

« -Anna tu as bien fais en sorte que personne ne parle ?

-Oui ! »

Quelque chose ne tourne pas rond. Tout aurait dû marcher comme sur des roulettes, à la place de ça, tout part dans de mauvaises directions et nous nous retrouvons au pied du mur. Nous sommes au pied du mur et la maintenant, j'ai peur, plus que jamais. Je ne peux pas perdre si près du but, on ne peux pas être arrêté, être tué, alors que nous pouvons enfin nous libérer des chaînes de ce jeu. Est-ce que je suis vouée à ne jamais être tranquille, à vivre chaque jour avec la peur au ventre, à avoir constamment peur de mourir, de ne pas voir encore une fois le jour se lever ? Nous n'aurons jamais une seconde de répit.

L'espace d'un instant, je suis tentée de leur dire de me laisser la, de leur avouer que je n'en peux plus de me battre constamment contre tout le monde. Mais je refuse d'abandonner maintenant. Je ne peux pas. Pas ici, pas comme ça. Je ne veux pas faire ce plaisir au créateur. Je serais forte.

Jöakim panique. Anna fait le cents pas. Jayke est blême. Taylor se tire les cheveux. Éthan attend. Il est calme, trop calme et ça me fait peur. Et il y a Moi, je suis en totale ébullition. La douleur et mes blessures ne sont plus qu'un lointain souvenir. L'adrénaline qui me cisaille les veines est si puissante qu'il m'est impossible de l'ignorer, impossible d'y faire abstraction, elle est trop puissante pour moi. Elle me contrôle et me rend forte, j'ai l'impression d'être intouchable, je ne suis plus fatiguée comme si je venais tout juste de me réveiller. Ce sentiment est tout aussi incroyable que la peur qui bout au même moment dans mes veines.

Ce deux sentiments contradictoires roulent autour de mon corps, ils m'entourent d'une parois chaude et angoissante. El s'insinue entre mes port et jouent avec ma chair pour s'infiltrer dans mon sang. La peur remonte le long de mon échine et passe entre chaque vertèbre. L'adrénaline s'enroule autour de mes os et se baladent le long de mes bras, elle s'insinue entre les plus petite connections de mon cerveau et fraternise avec son amie la peur pour le faire réagir.

Oui. Il faut que je réagisse.

En fait, j'ai l'impression d'être la seule encore capable de réfléchir, au moins un peu. J'ai l'impression que je suis la seule à pouvoir faire bouger les choses maintenant avant que l'on ne se fasse attraper nous aussi. Je jette un nouveau coup d'œil autour de moi, personne semble prêt à agir. Pourquoi se repose-t-il autant sur moi ? Ce n'est pas parce que j'ai vécu des choses dure, que j'ai tuée énormément de fois, que je suis la seule fille à même de réagir. Nous avons tous un passé compliqué et des morts sur nos épaules. Presque tous. Alors pourquoi personne ne réagit bon sang ?

Sans trop savoir comment, je parviens à croiser le regard de Jöakim. Je n'ai pas bougée depuis tout à l'heure, par peur de sentir à nouveau ma blessure me faire mal, par peur de sentir mon sang s'écouler encore. Même s'il ne s'est pas arrêté, je le sens à cette fatigue que mes fort sentiment font rétrécir.

Jöakim me regarde droit dans les yeux et il me comprend. Enfin. Il hoche la tête calmement et une l'heure fière naît dans son regard. Et lorsqu'il prend enfin la parole, un pied s'enlève enfin de mes épaules et j'ai l'impression que je suis tellement soulagée que j'en perd mon coup de sang. Ma douleur se fait ressentir et je suis tentée de fermer les yeux. Mais je tiens bon, nous ne sommes pas encore sortie d'affaire.

Survivre : le jeu (réécriture+correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant